Chapitre 8 ~ …Attendre la tempête…
Attaquer tout seul le siège du gouvernement ou l'une de ses dépendances était inenvisageable même avec l'aide de l'esprit. Arriver sur place en tuant une palanquée de garde ferait au mieux passer Zemsta pour un dingue et son message serait perdu. Recruter des hommes pour mener une telle attaque était de l'ordre du rêve, personne ne serait assez fou pour se sacrifier ainsi. Ne pouvant compter que sur lui-même Zemsta se devait de trouver une arme qui lui permettrait de causer des ravages en solitaire. La réponse s'imposa d'elle-même, seule la magie pouvait remplir ce rôle.
Zemsta n'était pas magicien mais il pouvait se servir d'une arme utilisant un esprit grâce à sa volonté. Il avait aussi lu que ceux dépourvus de don pour pratiquer la magie pouvaient tout de même se servir d'artefacts destructeurs sur le même principe que l'utilisation de l'épée. L'effet était peut être réduit en comparaison avec un véritable sort mais cela pouvait parfaitement suffire à de nombreux usages. Dans le cas de Zemsta il lui faudrait se procurer quelque chose de réellement puissant et donc à son avis de plutôt rare.
Les connaissances de Zemsta dans les sciences surnaturelles étaient limitées car il ne les avaient pas étudiées de près mais il avait tout de même lors de ses passages en bibliothèque fait des recherches sur ce qui concernait les armes hantés par une créature magique et ce faisant il avait découvert tout un tas d'autres choses qui semblaient inutiles à l'époque mais qui pouvaient se révéler utiles désormais. Zemsta ne se souvenait pas de tout mais il se rappelait des quelques endroits où il en avait le plus lu sur le sujet. Il était pour lui temps d'y retourner pour retrouver ces précieuses informations afin d'élaborer un plan infaillible.
L'endroit le plus indiqué pour se renseigner sur la magie se trouvait au cœur du Royaume près d'un centre de formation pour les apprentis magiciens. Les lieux étaient contrôlés par des agents du gouvernement mais il était possible pour un simple citoyen d'entrer en payant son ticket d'entrée. De nombreux ouvrages racontaient aussi l'histoire du pays ce qui justifiait un accès possible pour le plus grand nombre bien que les plus pauvres étaient de fait exclus.
Pour ne pas éveiller l'attention Zemsta prenait soin de ne pas emporter avec lui à une table de lecture que des ouvrages portant sur des objets dangereux, il empruntait aussi des livres sur l'histoire, la géographie ou autre pour dissimuler son véritable intérêt du moment. Au bout de quelques jours il en savait suffisamment pour reprendre la route.
La plupart des sources sur les artefacts de puissance s'accordaient sur une chose : seul un pratiquant des plus doués pour la magie pouvait en créer un s'il disposait des composants nécessaires. Le problème était donc maintenant de trouver la bonne personne qui combinerait la puissance nécessaire et la volonté de le faire. Au pire la menace et le chantage pouvait tout à fait se substituer à l'envie….
Le fait d'avoir traversé de part et d'autre le Royaume donnait une bonne idée à Zemsta des lieux où il pourrait trouver des magiciens qui n'étaient pas au service du pouvoir. Une des régions du Royaume avait pour réputation d'abriter des individus dangereux qui se cachaient dans ces terres à la géographie complexe. C'était le lieu idéal pour trouver de quoi formenter une attaque contre le Royaume en toute discrétion. Afin de trouver la bonne personne Zemsta était prêt à payer cher une information sur sa localisation et il avait décidé qu'il pouvait sacrifier la plupart de ses économies dans la réalisation de son plan.
Pour s'aider dans sa recherche Zemsta rendit visite à des contacts utilisés par les mercenaires pour trouver du travail ou savoir comment évoluaient la situation dans un territoire donné. Ces informateurs étaient souvent au courant de tout ce qui se passait d'étrange et ils pouvaient donner des renseignements sur des tas de personnes. Celui que rencontra le mercenaire retraité n'hésita pas à mettre en garde son interlocuteur. Les rares magiciens planqués dans le coin n'aimaient qu'on leur rende visite et ils n'avaient confiance en personne et par conséquent personne ne savaient où ils se cachaient réellement.
Ceux qui acceptaient les visites s'entouraient de précautions et obtenir un rendez vous n'avait rien d'évidant. Zemsta estimait qu'il n'avait pas le temps de passer par cette voie là, il demanda donc à l'informateur de lui donner les vagues indications sur la position du magicien le plus puissant du secteur. D'après la rumeur il s'agissait en fait d'une sorcière qui avait l'immense honneur d'être la personne la plus crainte de la région. Sa planque se situerait dans une grotte sur les contreforts de montagnes éloignées des villes.
Les sains d'esprits évitaient de se promener par là, la nature était des plus sauvages et il pleuvait aussi souvent ce qui n'arrangeait rien. Des conditions de voyage délicates ne terrifiait en rien Zemsta qui partit donc à la recherche de la diabolique bonne femme avec d'aussi maigres informations, il avait sa petite idée sur comment la trouver par la suite.
Quand l'informateur avait décrit les endroits à traverser pour s'approcher de l'antre de la sorcière il n'avait pas menti sur le caractère sauvage. La végétation nourrit par des trombes d'eau était des plus touffues et de redoutables bestioles rôdaient de nuit comme de jour. Faisant abstraction du fait qu'il était trempé et commençait à trembler de froid Zemsta continuait à s'enfoncer dans ces terres hostiles loin de toute civilisation. Il devait admettre que pour échapper au contrôle du pouvoir les lieux étaient particulièrement indiqués.
Enfin Zemsta se retrouva au pied des montagnes où devaient se trouver la grotte recherchée. Il était maintenant temps de réaliser l'idée qui lui était venue en tête pour la trouver à coup sûr. Le voyageur sortit sa lame de son fourreau et se concentra pour appeler à lui la force de l'esprit. Puisqu'il s'agissait d'une créature aux pouvoirs incommensurable elle devait être capable de détecter les autres adeptes de la magie en étant suffisamment près d'eux… Ou dans une zone dépeuplée où la simple présence d'un être humain se remarquait.
L'intuition de Zemsta sur cette possibilité de recourir à l'épée se révéla bonne, et maintenant son instinct lui disait dans quelle direction se diriger. Après quelques nouvelles heures de marche l'épée à la main pour garder le lien avec sa destination le guerrier épuisé se retrouva devant l'entrée d'une grotte dont provenait une faible lumière. Zemsta rengaina son épée maintenant qu'il était sûr d'être bien arrivé la où il le fallait. Il s'aventura alors dans la cavité naturelle pour aller à la rencontre de celle qu'il recherchait.
La lumière était en fait celle d'un vaste feu dont la fumée était évacuée par une excavation dans la paroi de la grotte. La sorcière se trouvait près des flammes et elle observait d'un œil critique son visiteur. Zemsta n'aurait su lui donner un âge exact à cause de l'aura qui entourait la femme et voilait l'impression qu'on pouvait se faire d'elle. Contrairement aux contes racontés pendant l'enfance aux enfants elle était loin d'être repoussante et avait même un certain charme. Ses yeux comme ses cheveux étaient d'un noir profond.
- Qui est tu donc pour oser déranger ma retraite jeune impudent ? déclara la sorcière d'une voix calme laissant deviner une grande assurance.
- Peu importe qui je suis. Seul mes objectifs comptent, répondit Zemsta sur le même ton. Je vais faire récolter au gouvernement les fruits du chaos qu'il a lui-même semés. Et pour cela je compte bien que tu m'aides afin d'en avoir le pouvoir.
La sorcière ne pu s'empêcher de montrer sa surprise. Elle qui s'était recluse dans cette grotte pour fuir les humains et l'obligation de servir le pouvoir central se retrouvait face à une personne bien déterminé à tenter de détruire ce qu'elle avait fui. Mais malgré tout prendre le risque d'aider cet homme pouvait la mener à sa propre perte.
- Et qui te dit que je vais accepter d'aider un type qui a trouvé ma planque au hasard ? Tu n'es pas différent des autres hommes que je ne veux plus voir.
Sur ces paroles de la femme Zemsta dégaine sa lame et donna une occasion à l'esprit de relâcher son pouvoir. Le but n'était pas de tuer la magicienne même si de son côté elle pensa sa dernière heure arrivée. Au lieu de cela Zemsta invoqua d'abord le vent pour éteindre le feu et plonger la grotte dans le noir. Une fois cela fait il attendit quelques instants avant d'entourer son épée de flammes. La lumière obtenue n'était pas suffisante pour éclairer l'ensemble de la grotte mais grâce à elle le visage de Zemsta était illuminé de façon à rendre son regard bleu et la volonté implacable qu'il traduisait plus impressionnant que jamais. Afin de mettre un terme à sa démonstration Zemsta ralluma les flammes éteintes avec une boule de feu.
- Je n'ai pas trouvé cet endroit par la chance et je ne suis pas non plus quelqu'un d'ordinaire d'après mon ami enfermé dans cette épée. Faut-il que je fasse un autre spectacle pour te convaincre ?
- Je me doutais que la providence n'avait rien à voir avec ta visite mais je voulais en être certaine. A vrai dire j'attendais avec impatience la visite de quelqu'un dans ton genre qui aurait la volonté d'accomplir ce que moi-même je n'ai pas eu le courage de réaliser jusqu'au bout. Je vais donc t'aider à acquérir ce dont tu auras besoin.
A partir de là les deux conclurent une sorte de pacte tacite entre eux afin de répandre la mort au cœur du Royaume dans un futur proche. Lamilla puisque c'était son nom promit à Zemsta qu'elle pourrait lui procurer de quoi provoquer une important explosion qui pourrait détruire facilement un bâtiment et tuer ses occupants. La spécialité de cette sorcière n'était pas les attaques directes qui ressemblaient à ce que pouvait produire Zemsta ou la plupart des magiciens. Elle était un génie dans tout ce qui concernait la fabrication de potions ou d'objets de toute sorte. Cette magie bien spécifique se basait sur une préparation rigoureuse mais aussi sur l'utilisation des bons sentiments aux bons moments. En effet pour préparer une potion curative il fallait avoir envie d'aider les autres ou de soigner quelqu'un en particulier sans quoi cela ratait ou voyait son efficacité diminuer drastiquement.
Pour obtenir un artefact dont le but serait de tuer la haine et la rage seraient des ingrédients essentiels…
Lamilla devait avant de s'atteler à la conception de l'objet désiré partir à la recherche de plusieurs de ses composants. Elle chargea aussi Zemsta de faire quelques achats ce qui obligerait celui-ci à retourner en ville. Les deux complices se donnèrent alors rendez vous à la grotte pour quand ils auraient chacun accomplis leur part du travail.
Retourner en ville allait aussi permettre à Zemsta de s'occuper d'un problème auquel il n'avait pas pensé avant : le fait que l'informateur pourrait témoigner qu'il avait cherché à rencontrer un mage. Et le seul moyen de faire taire ces hommes qui vendaient leurs tuyaux aux plus offrants était de les éliminer physiquement. L'assassinat d'une personne contre laquelle il n'avait aucun grief n'enthousiasmait pas particulièrement Zemsta mais il s'agissait d'une action nécessaire à ce qu'il voyait comme une cause supérieure.
Après s'être vêtu d'une grande cape noire qui dissimulait ses autres habits et son visage Zemsta alla simplement rechercher l'informateur dans les ruelles de la ville au crépuscule. La saison et la météo n'incitaient guère aux promenades nocturnes ce qui faisait que ce soir là l'informateur se trouvait seul à l'extérieur alors qu'il rejoignait un lieu plus abrité. Zemsta s'approcha furtivement de lui et lui trancha simplement la gorge avant de jeter le cadavre sur le côté. Le meurtre n'avait duré que quelques instants et n'avait pas produit un seul bruit suffisamment fort pour attirer l'attention.
Zemsta nettoya rapidement la lame du couteau dont il s'était servi sur la chemise du moribond avant de disparaitre dans l'obscurité naissante. Avec un peu de chance le cadavre ne serait découvert que le lendemain, et l'enquête serait probablement un échec. La liste des personnes voulant tuer un informateur pouvait s'étendre à quasiment tous ses clients qui avaient tous quelque chose à cacher sinon ils seraient passés par des routes plus officielles pour obtenir des renseignements. De plus Zemsta avait veillé à qu'on ne puisse pas le reconnaitre même si on l'avait croisé ou vu par une fenêtre. L'arme du crime était aussi des plus ordinaires pour ne pas fournir d'indices probants sur le meurtrier.
Cette tâche accomplie signifiait que Zemsta pouvait désormais allez retrouver Lamilla vu qu'il s'était aussi procuré tout un tas d'ustensiles et de plantes au passage. D'ailleurs il se demandait bien à quoi pouvait servir des plantes puisqu'il s'agissait de fabriquer un objet et non pas une quelconque décoction. Mais après tout c'était la sorcière l'experte pas lui.
Trouver de nouveau l'emplacement de la grotte fut moins évidant que prévu mais Zemsta réussi tout de même sans se servir de l'esprit. Il s'était surtout soucié pendant le trajet de ne pas avoir été suivi. Lamilla n'était pas là quand il arriva mais cela ne perturba pas le jeune homme qui se décida donc à attendre son retour. La sorcière rentra quelques heures plus tard en transportant plusieurs choses dans son sac. Elle expliqua qu'elle était allée chercher quelques minéraux bien particuliers dans une grotte à quelques jours de là et que c'était donc un coup de chance que les deux soient revenus le même jour au point de rendez-vous.
Lamilla expliqua alors qu'il lui faudrait plusieurs jours de travail solitaire avant d'avoir besoin de son complice mais en attendant il pouvait rester dans la grotte et réfléchir à la future cible de sa vengeance. La magicienne se retira au plus profond de la cavité et demanda expressément à ne pas être dérangée tout le long du processus de fabrication.
Les jours suivants se suivirent et se ressemblèrent pour Zemsta qui attendait avec impatience la suite. Il entendait régulièrement du bruit provenir de là où était Lamilla. Le vacarme était similaire à celui qui pouvait provenir d'une forge ou d'une armurerie mais là il y avait aussi de la lumière bleue ou violette qui illuminait parfois la noirceur de la grotte.
Finalement au bout des quelques jours indiqués la sorcière réapparue devant Zemsta en tenant ce qu'elle avait fabriquée. Il s'agissait d'un pendentif en métal n'ayant pas de forme particulièrement représentative mais dégageant cependant une certaine harmonie. Il était aussi possible de voir que le pendentif laissait une place en son centre pour accueillir le plus probablement une pierre précieuse.
- Ceci n'est que la première étape, pour la suivante j'aurais besoin de toi alors repose toi bien je t'expliquerai tout demain, se contenta de dire Lamilla qui semblait elle-même épuisée.
Sur ce les deux allèrent dormir mais Zemsta ne trouva pas facilement le sommeil à cause de l'impatience qui le gagnait. Malgré la fatigue il était cependant prêt le matin venu à affronter la suite de la fabrication de l'artefact de puissance. Le support avait été crée mais il manquait encore le vecteur permettant de déclencher un cataclysme.
Habituellement le magicien lui-même s'occupait de cette partie et pouvait rendre le sortilège enfermé dans un support matériel utilisable par tous. Mais il existait une autre méthode qui rendait l'usage de la magie uniquement possible par une personne déterminée à l'avance. Et celle-ci devait participer à la création du sortilège. C'est cette deuxième méthode qu'avait choisi Lamilla car elle permettait en plus de combiner la force mentale du magicien et de l'utilisateur lors de la création pour obtenir un résultat bien plus redoutable.
Lamilla demanda à Zemsta de prendre une potion avant de la rejoindre. Elle expliqua alors ce qui allait se passer et ce qu'il fallait faire.
- Le plus dangereux reste encore à venir… Il va falloir créer la pierre qui contiendra réellement la force de créer l'explosion que tu souhaites. Pour cela il va falloir libérer ta haine et ton envie de tuer. Si tu n'es pas assez fort tu mourras très certainement. Je t'ai donné une préparation de ma connaissance qui t'aidera à résister aux forces que je vais invoquer mais je ne peux pas garantir ta survie, tout va dépendre de toi. Je te dirais quand tu devras agir si tu acceptes de courir le risque.
- J'accepte, lança Zemsta d'un ton glacial.
Lamilla hocha la tête et commença son incantation dans une langue inconnue de Zemsta. Des ténèbres surnaturelles commencèrent à entourer le pendentif et les deux humains assis de part et d'autre du petit objet. Des formes blanches sortaient parfois de l'ombre pour s'approcher des deux fous qui tentaient d'utiliser un sort ancien et terriblement dangereux.
La voie de la sorcière s'arrêta alors quelques secondes, elle semblait comme en trance, et lors d'un éclair de lucidité elle fixa l'homme en face d'elle et prononça juste un seul mot :
- Maintenant !
Zemsta sentait une des créatures blanchâtre au dessus de lui devenir de plus en plus inquiétante et en attente de quelque chose. L'humain compris alors avec le signal de la sorcière que la forme inconnue s'impatientait de recevoir les sentiments nécessaire pour accomplir sa tâche de création. Pour relâcher sa colère Zemsta repensa à toutes les désillusions passées mais surtout il se remémora les horreurs qu'il avait vues à l'armée ou plus récemment à Oveska.
Cependant malgré l'évocation de ces douloureux souvenirs la rage de Zemsta rencontrait comme une résistance et ce dernier se sentait de plus en plus oppressé comme s'il allait bientôt manquer d'air pour respirer. Il ne voyait plus nous plus ce qui l'entourait en dehors des créatures laiteuses qui l'encerclaient. Sentant que l'échec n'était pas loin si cela continuait sur cette pente Zemsta devint alors encore plus en colère que jamais, échouer maintenant aurait été trop stupide. Il lâcha alors un cri de rage avant d'être frappé par une douleur intense qui le fit s'évanouir.
Quand il se réveilla Zemsta se sentit faible comme jamais mais il était en vie et c'était déjà une bonne nouvelle en soi. Lamilla était présente et elle lui fit un sourire rassurant. Après avoir mangé car il était affamé Zemsta appris qu'il était resté évanoui pendant une semaine entière après avoir frôlé la mort. La sorcière n'avait rien pu faire d'autre que de lui donner de l'eau pendant qu'il luttait pour sa survie. Bien qu'il n'avait aucun souvenir de la semaine passé et qu'il avait l'impression de n'avoir été assommé que quelques heures Zemsta se fia à ce récit.
Son premier sujet d'inquiétude autre que lui-même était la réussite ou non de l'opération tentée. Juste quand il posa la question Lamilla sortit de sa poche le pendentif que Zemsta avait déjà vu. Sauf que maintenant à l'emplacement destiné à cela se trouvait une pierre d'un bleu profond. L'arme de la vengeance était donc fin prête !
Zemsta remercia la sorcière de son aide précieuse et après quelques jours de repos il partit vers sa destination finale, la cible qu'il avait choisie pour mettre son plan à exécution.
Chapitre 9 ~ …Récolter le chaos
La capitale du Royaume aurait pu être l'endroit idéal à attaquer mais Lamilla l'avait fortement déconseillé. Les lieux où se trouvaient le gouvernement étaient sévèrement gardés, et pas uniquement par des soldats. Des protections magiques existaient aussi et elles pouvaient détecter voir bloquer toute attaque surnaturelle contre la ville mère du Royaume. Lamilla n'avait pas fabriqué d'arme comme le pendentif depuis trop longtemps et elle ne pouvait pas être sûre qu'il pourrait fonctionner efficacement dans une place aussi bien gardée.
Il avait donc fallu sélectionner une cible dépourvue de telles protections ce qui était le cas de la plupart des villes de province du centre, les zones frontalières pouvait par contre aussi être sujettes à des mesures de sécurité de ce type. Une cité intéressa particulièrement Zemsta car elle était le siège d'une certaine unité qui avait eu un rôle déterminant lors des événements d'Oveska : la fameuse division spéciale. Leur quartier général se situait en plein milieu de l'agglomération de Larenz ce qui rendait le bâtiment plutôt facile à approcher et Zemsta avait juste à se trouver près de lui pour utiliser son arme.
L'hiver battait alors son plein et Larenz n'était pas la porte à côté et voyager seul au milieu des tempêtes de neige n'était pas une bonne idée alors Zemsta décida d'attendre le printemps avant de passer à l'action. Le pendentif n'avait pas de date limite au-delà de laquelle il ne serait plus efficace ou moins destructeur donc de ce point de vue là attendre n'était pas un souci. La principale mise à l'épreuve serait pour les nerfs de Zemsta qui s'impatienterait au fil des jours. Mais cette attente était une mesure de prudence élémentaire et l'attaque aurait sans doute plus d'impact à la reprise des échanges commerciaux dans les parties du Royaume touchées par la rudesse de l'hiver. En effet la rumeur parcourait bien plus vite le pays lorsqu'il y avait du monde sur les routes, tout le Royaume aurait alors vite vent des actes de Zemsta.
Après plusieurs mois d'hiver éprouvant la nature commença à se réveiller au plus grand plaisir de Zemsta qui allait pouvoir reprendre la route vers Larenz et vers sa destinée.
Le trajet permit à Zemsta de réfléchir une dernière fois à ce qu'il désirait faire et s'il était prêt à agir. Il avait conscience qu'il allait prendre de nombreuses vies et qu'il y aurait des innocents parmi les victimes. Des sacrifices tragiques mais utiles à ses yeux devenus de plus en plus insensible au sort individuel de ses congénères qui se refusait à faire ce qu'il fallait pour se défendre contre un pouvoir tyrannique.
Plus aucune hésitation n'habitait Zemsta quand il arriva à quelques jours de cheval de sa cible. Dès à présent il devint encore plus vigilant et méfiant, ce n'était pas le moment de se faire remarquer pour une raison quelconque. La discrétion était une vertu essentielle au moment de réaliser l'acte le plus important de sa vie.
La veille de l'attaque Zemsta dormit dans les bois qui surplombaient de loin sa cible. A l'aube il se prépara minutieusement pour être sûr de ne rien oublier. La détermination et la rage se côtoyaient dans son regard tourné vers les prochaines heures qui allaient changer l'avenir du Royaume.
Bien que l'aube avançait inexorablement vers le jour il n'y avait pas encore grand monde sur la route de Larenz ce qui faisait parfaitement l'affaire de Zemsta qui préférait la solitude aux foules compactes. Il n'avait pas mis les pieds dans cette ville depuis une longue période mais il se souvenait approximativement de l'emplacement du bâtiment qu'il cherchait afin de le réduire en cendre.
Devant le quartier général de la division spéciale Zemsta s'arrêta en ayant parfaitement conscience que l'heure de vérité était arrivée pour lui. Ce n'était pourtant pas le moment de réfléchir, il fallait maintenant agir rapidement. Zemsta se remémora rapidement ce que la sorcière lui avait expliqué sur l'utilisation de l'artefact qu'il portait à ce moment là autour du coup.
Sûr de lui comme jamais Zemsta saisit de la main gauche le pendentif et le serra dans sa paume. Il vida alors son esprit de toute pensée parasite et se concentra sur sa volonté d'utiliser l'objet. Le jour était levé mais en cet instant les habitants de Larenz pensèrent que la nuit était de retour, les environs s'étaient subitement assombris autour de Zemsta jusqu'à toucher l'ensemble de la ville.
Zemsta leva alors le bras et commença à invoquer la force contenue dans la pierre bleue du pendentif.
<< Que la rage qui dévaste mon âme,
Se transforme en puissantes flammes
Que la force de ma rancœur,
Devienne un souffle vengeur ! >>La pierre passa alors du bleu au rouge et éclaira alors la scène d'une lueur spectrale. Zemsta de sa main libre saisit son épée et la dégaina pour rajouter la force de l'esprit enchainé à la sienne. Puis il prononça le mot final de l'invocation qui allait libérer l'enfer.
<< Onward ! >>Un rugissement qui aurait tout aussi bien pu émaner des tréfonds du chaos résonna dans la ville entière et bien au-delà. La lumière de la pierre devint alors aveuglante et tout ne fut plus que ruine autour de la silhouette qui se dressait au milieu du cataclysme. Les cris se mélangèrent au fracas des murs déchiquetés pendant qu'une onde de choc faisait trembler le sol. Les fenêtres volèrent en éclat, les passants se retrouvèrent projetés des mètres plus loin et de la poussière s'élevait de toute part.
En un instant l'obscurité disparut et le jour repris sa place laissant aux vivants les moyens de voir l'ampleur du désastre. Le quartier général de la division spéciale avait été entièrement soufflé et était réduit à un état encore plus inférieur que celui de ruine. Les bâtiments alentours ne ressemblaient plus à grand-chose non plus. L'ensemble de la ville avait été touché mais l'épicentre de l'explosion donnait lieu à un autre spectacle que celui des dégâts matériels spectaculaires. Des cadavres déchiquetés jonchaient aussi les rues et les restes des constructions. Dans certains cas il n'était possible que de reconnaitre qu'un bout de corps incomplet sans que le reste apparaisse de façon évidente. Du sang dont l'odeur émergeait lentement recouvrait aussi les lieux. La scène dans son ensemble était insoutenable même pour des personnes ayant déjà eu l'occasion de voir la mort en face.
La confusion régna en très peu de temps parmi les survivants qui couraient de façon désordonnés ou erraient dans un état d'hébétude avancée. Grâce à cela Zemsta arriva à s'échapper de la ville et à récupérer sa monture qu'il avait laissée à l'extérieur. La magie utilisée impliquait aussi la protection du lanceur donc Zemsta n'avait aucune blessures et n'avait même pas été sali par les éclaboussures de sang de ceux qui étaient morts à proximité de lui. Le nouvel ennemi numéro un du Royaume n'avait pas d'idées précises sur ce qu'il allait désormais faire. Il avait projeté d'allez à la capitale pour voir de près la réaction gouvernementale et éventuellement revendiquer son action. Mais pour le moment il se contenta de fuir la cité qu'il avait ravagée en solitaire.
Chapitre 10 ~ Dernier combat
Lorsqu'un phénomène dangereux lié à la magie apparaissait le gouvernement envoyait sur place des agents capable de résoudre ce genre de mystères grâce à des compétences élevées en la matière. Le premier homme qui arriva sur les lieux capable de comprendre ce qui était arrivé à Larenz était l'enquêteur spécial Van'Zan et son équipe. Alors que les autorités tentaient de présenter l'attaque comme venant d'une puissance étrangère, Van'Zan au contraire pensait qu'un citoyen du Royaume pouvait très bien être le responsable.
Cette intuition ne se basait pas uniquement sur l'instinct mais aussi sur quelques éléments précis. Des forces étrangères auraient sans doute attaqué une ville plus importante ou significative, la réputation de Larenz était inexistante une fois les frontières franchies. De plus la cible était clairement la division spéciale qui s'était illustré lors du douloureux siège d'Oveska. Même si le gouvernement avait tenté de minimiser les faits la vérité avait pu faire son chemin et donner des envies de meurtre.
Ce n'est qu'après plusieurs jours de recherches que les enquêteurs découvrirent un indice. Zemsta avait vers la fin de l'attaque lâché inconsciemment le pendentif qui lui brûlait légèrement la main car il avait en partie fondu. La magie dont bénéficiait Zemsta l'avait protégé de graves brûlures mais le fait est que les enquêteurs venaient de retrouver les restes de l'artefact. La présence d'un pendentif calciné sur la scène de crime éveilla immédiatement l'attention de Van'Zan, il se doutait déjà que c'était ce type de chose qui avait été utilisé pour tuer autant de monde ou provoquer une telle destruction.
Maintenant qu'il avait trouvé la source de l'explosion Van'Zan alla prévenir un de ses homme qui était spécialisé dans l'art délicat de la traque. Avec ses capacités particulières il pouvait en savoir plus sur qui avait utilisé la magie et où se trouvait cet individu. Cette forme spécifique de pouvoir était bien utile pour retrouver les pratiquants de la magie qui utilisaient leurs forces dans des entreprises criminelles. Le principal défaut était la lenteur de la mise en place du repérage du responsable. La distance pouvait aussi être un souci si l'utilisateur recherché s'était trop éloigné de celui qui le cherchait.
Devant l'horreur de la situation et le nombre de victimes le traqueur réussi à mobiliser ses habiletés plus rapidement qu'en temps normal et au bout de quelques jours il était certain d'avoir repéré le coupable qui selon lui se dirigeait vers la capitale du Royaume à une vitesse qui permettrait de le rattraper avant qu'il n'arrive à destination. Van'Zan en commandant expérimenté choisi alors de s'entourer de ses plus fidèles suiveurs afin de partir sur le champ à la poursuite du tueur le plus recherché du pays avant qu'il ne commette d'autres méfaits.
De son côté Zemsta ignorait s'il était poursuivi ou non. Avant son départ de la grotte la sorcière lui avait dit qu'il serait possible de l'identifier comme responsable de l'attaque mais que ce n'était pas une certitude. Dan tout les cas il aurait quelques jours d'avance avant d'être reconnu. Le fuyard se comportait donc le plus normalement possible pour ne pas apparaitre comme suspect de quelque chose s'il croisait des agents du Royaume.
Des jours plus tard alors qu'il traversait une zone désertique qui menait à proximité de la capitale Zemsta eu un sombre pressentiment quand il aperçut au loin une colonne de cavaliers qui fondait sur lui. Lorsqu'il repéra que les uniformes portés par ces hommes étaient ceux des enquêteurs du Royaume il se douta de la raison de leur présence.
Zemsta avait songé à la possibilité d'être arrêté et cela ne lui disait rien, la justice du Royaume n'était pas connues pour sa clémence ni pour le soin qu'elle apportait à ses prisons. Par conséquent l'ancien soldat avait décidé de faire ce qu'il savait le mieux accomplir, c'est-à-dire se lancer dans un combat à mort.
Sans faire de sommation Zemsta passa à l'offensive en envoyant plusieurs flèches sur le groupe de cavaliers quand ils furent à sa portée. Etant lui-même à cheval la précision des tirs de Zemsta était moins bonne qu'a l'accoutumé mais suffisante pour tuer ou blesser plusieurs de ses attaquants. Les agents du Royaume d'abord surpris par le fait qu'un homme seul puisse se dresser ainsi devant eux reprirent leurs réflexes de professionnels et se protégèrent avec leurs boucliers. Voyant cela Zemsta décida de passer à une stratégie des plus insensée. Il sortit son épée de son fourreau et chargea le groupe de cavaliers qui ne s'y attendaient pas, ils pensaient que le combattant solitaire allait plutôt favoriser les attaques à distance. Mais ils ignoraient une chose essentielle, le fait que l'épée de Zemsta lui conférait des pouvoirs qui lui permettait de dépasser le statut de petit guerrier esseulé.
Pour mieux surprendre ses adversaires Zemsta lança d'abord la plus large lame de vent possible qui alla découper les premiers rangs des hommes de Van'Zan. Celui-ci ne savait pas que le fugitif possèdait une arme magique, le traqueur lui avait certifié que le responsable du massacre de Larenz n'était pas doté de pouvoirs magiques. Avec ces informations entre les mains Van'Zan avait emmené avec lui des guerriers et non pas des magiciens qui auraient étés plus à même de se défendre. Le chef enquêteur hurla alors à ses hommes de reculer pour ne pas mourir bêtement. Mais tous n'obéirent pas et une dizaine s'élança tout de même vers Zemsta avec sans doute en tête l'idée de venger ses victimes passées et actuelles.
Van'Zan assista alors à la débâcle de ses cavaliers qui n'eurent jamais une seule chance de triompher. L'expérience accumulé au fil du temps par Zemsta lui avait donné une maîtrise parfaite de son arme ce qui incluait le fait d'utiliser la force de l'esprit de la façon la plus parcimonieuse et efficace. Une dizaine d'hommes aveuglés par la colère n'étaient pas assez nombreux pour le battre désormais. Cependant rien n'était jamais facile et il était tout de même éprouvant de réaliser ce genre d'exploit.
Une fois ce groupe exterminé Zemsta regarda où était les autres et il remarqua que celui qui était le chef s'était approché en laissant ses hommes en sûreté à l'arrière. Van'Zan portait une armure uniformément noire qui le rendait impressionnant en plus de sa haute stature. L'épée qu'il dégaina lentement était aussi du même noir que celui de sa cuirasse. A la vision de la lame longue et dentelé de Van'Zan, Zemsta devina qu'il n'avait pas ici affaire à un combattant ordinaire.
L'enquêteur continua d'approcher de son ennemi et arrivé à portée de voix il s'adressa à lui :
- J'ai une proposition à te faire. Battons nous tout les deux à pied sans nos montures pour voir qui est le plus fort. Si tu gagnes ma troupe ne t'empêchera pas de partir.
La dernière partie était volontairement alléchante pour forcer Zemsta à accepter le défi et à laisser son cheval. Bien entendu il accepta la proposition et ce sans dire un mot. Il attendit que Van'Zan s'approche lui aussi sans cheval avant de se mettre en garde.
Sans aucun signe tacite les deux combattants se jetèrent l'un sur l'autre. Zemsta savait que les attaques à distance seraient inefficaces sur un adversaire qui avait déjà vu comment elles fonctionnaient. Il comptait alors briser la lame de son adversaire en renforçant la sienne avec le pouvoir tranchant du vent. Mais au moment du choc Van'Zan encaissa sans aucun soucis l'attaque de Zemsta et son épée n'avait absolument pas souffert. Physiquement plus puissant que Zemsta l'enquêteur n'eu aucun mal à prendre l'avantage lors des coups qui suivirent. Après un contact particulièrement violent les adversaires se retrouvèrent un peu écarté l'un de l'autre et Van'Zan en profita pour parler :
- Alors ça fait quoi de tomber sur quelqu'un qui n'est pas sensible à tes tours de passe-passe ? Ca surprend hein ? On se sent faible maintenant ?
Le ton était volontairement provoquant, par le passé Van'Zan avait ainsi poussé de nombreux adversaires à la faute. Mais Zemsta n'était pas du genre à s'énerver pour si peu. Au lieu de répondre il imagina une stratégie autre que de recourir à la magie de l'esprit qui avait l'air d'être bloqué par l'épée de son adversaire. En réalité l'armure et l'arme de Van'Zan avaient été fabriquées dans un métal rare à l'époque où les utilisateurs d'armes hantées étaient encore courants. La propriété de ce métal faisait que les attaques spirituelles étaient inefficaces.
Zemsta avait donc eu la malchance de tomber sur le pire adversaire possible pour lui. Cependant même si ses chances de vaincre étaient plus que limités en tenant compte de ces éléments il n'était pas prêt à abandonner pour autant.
Il commença sa contre-attaque en forçant Van'Zan à reculer vers l'unique arbre rachitique qui se trouvait à proximité et une fois que l'enquêteur se retrouva sous les branches Zemsta lança une lame de vent au dessus de lui pour trancher ses branches et les faire tomber sur son adversaire. L'effet de surprise fonctionna et Zemsta profita de l'instant de déconcentration qui suivit pour tenter de tuer. Mais Van'Zan para par miracle l'attaque parfaitement exécutée de Zemsta avant qu'elle ne fasse trop de dégâts. L'agent du Royaume avait tous de même été blessé dans l'échange et du sang coulait de son bras gauche. Cela ne l'empêcha pas de reprendre l'avantage et de forcer le combat à s'éloigner de l'arbre.
Une autre idée de Zemsta fut d'utiliser les shurikens qu'il portait sur lui. L'idée générale était de bloquer avec un seul bras l'épée de Van'Zan en lançant au même moment un projectile avec l'autre main disponible. Mais l'enquêteur ne fut pas dupe et il reçut au mieux des écorchures.
Zemsta ne s'était pas réellement entrainé au combat depuis longtemps contrairement à son opposant et il se retrouva facilement épuisé par la dureté des frappes de Van'Zan. La fin était proche pour le tueur et il le sentait. Il puisa alors dans la force de l'esprit pour se donner du courage et se lança dans une attaque désespéré, celle de la dernière chance.
De nouveau les lames des deux duellistes s'entrecroisèrent en provoquant une légère pluie d'étincelles. Zemsta tenait son épée à deux mains comme Van'Zan et essayait de le faire plier de toute ses forces. Mais les forces de Zemsta déclinaient et le sentant parfaitement Van'Zan décida de conclure le combat. Il lâcha alors une main de la garde de son épée, sortit un couteau de sa ceinture et l'enfonça dans le ventre de Zemsta qui s'était avancé lorsque Van'Zan avait lâché une main de sa lame.
Zemsta poussa un grognement de douleur avant de s'effondrer sur le sol en lâchant au passage son arme. La blessure lui faisait un mal de chien mais ne serait pas forcément mortelle si elle était soignée suffisamment tôt. Van'Zan observa son adversaire vaincu et en arriva à la conclusion qu'il était possible de le sauver pour le remettre vivant aux mains du gouvernement qui s'en réjouirait.
Parmi la troupe de l'enquêteur se trouvait naturellement un médecin qui avait plutôt pour habitude de soigner ses camarades mais aussi plus rarement les personnes qui se ne rendaient pas et réussissaient à survivre contre Van'Zan. Dans cette unité spécialisée sur ce qui concernait la magie le guérisseur en question disposait d'une puissante magie de guérison. Van'Zan lui demanda de se concentrer sur le tueur blessé, de toute façon les autres victimes de l'échauffourée étaient mortes sauf l'enquêteur qui n'avait que des blessures superficielles.
Le médecin parvint à améliorer sensiblement l'état de Zemsta grâce à ses pouvoirs. La plaie s'était refermée et avait commencé à cicatriser, la magie avait permis d'accélérer le processus de guérison. Pour compléter cette thérapie cependant douloureuse pour le sujet, le guérisseur administra de force un remède à Zemsta pour l'aider à guérir. La mixture avait un goût infect et avait comme effet secondaire de plonger celui qui la prenait dans une torpeur glaciale. Dans un tel état le captif ne pouvait pas espérer faire plus de quelques pas sans que la tête lui tourne affreusement. La fuite devenait ainsi impossible ce qui arrangeait les affaires de Van'Zan.
Maintenant il s'agissait de ramener Zemsta à la capitale pour que le gouvernement décide de son sort directement, l'importance et la gravité de ce qu'il avait fait justifiait que les plus hautes autorités s'occupent de le juger en lieu et place de la justice ordinaire. La blessure en parti guérie de Zemsta l'handicapait mais pas au point d'empêcher qu'il puisse être transporté à dos de cheval tant que celui-ci ne galopait pas. Un homme restait constamment à côté de lui pour empêcher qu'il tombe et pour guider sa monture. Malgré les décoctions que lui donnait le médecin Zemsta souffrit énormément du voyage et voir qu'on approchait de la capitale le soulagea.
Chapitre 11 ~ Requiem pour un tueur
Lorsque le groupe arriva en ville Van'Zan amena son prisonnier dans un bâtiment proche du palais en attendant que le prince George qui avait été nommé ministre de la justice quelques mois auparavant s'occupe de son cas. Zemsta passa donc les jours suivants au fond d'une cellule dépourvue de tout ornement autre que la paillasse sur laquelle il resta allongé à cause de l'effet des potions qu'on continuait à lui donner en plus d'un peu de nourriture. Au bout d'un moment il ressentit beaucoup moins sa blessure et on lui refila moins de drogues. Il apprit alors que son jugement était pour bientôt.
Le jour de l'audience devant le prince arriva et ce matin là Zemsta ne prit aucune potion, ce qui lui permettrait d'avoir au moins les idées claires pour la suite de la journée. En arrivant dans la salle où siégeait George, Zemsta aperçut Van'Zan dans la salle. Le prince commença d'ailleurs par l'appeler à témoigner et à expliquer en quoi l'accusé était bien coupable. L'enquêteur raconta sobrement les faits sans en rajouter.
George se tourna alors vers Zemsta et lui jeta un regard méprisant.
- Tu as quelque chose à dire pour ta défense ?
- Bien sûr, dit Zemsta d'un air de défi. Je ne vais pas nier être responsable de ce qui s'est passé mais j'aimerais vous dire à vous les seigneurs et autres possesseurs de titres ronflants que vos crimes ne resteront pas toujours impunis et qu'il y aura toujours quelqu'un pour se dresser devant vous alors que vous trahissez si ouvertement les valeurs des Héros Fondateurs de notre nation.
La déclaration et les aveux de Zemsta reçurent un accueil glacial dans la salle toute acquise à la cause du gouvernement. Le prince George ne put s'empêcher de répondre et de tenter d'humilier celui qui avait porté une grande claque à son autorité.
- Il me semble pourtant que le criminel qui a massacré sans vergogne ici c'est toi…
Zemsta ne se laissa pas démonter, il s'attendait à ce genre d'arguments et tout en gardant son calme il foudroya le prince du regard avant de répondre.
- J'étais dans les terres sauvages lors de la guerre. J'ai aussi assisté aux incidents d'Oveska. Je sais très bien le peu d'importance que vous accordez à la vie d'autrui quand on ose vous résister. Ce que j'ai fait n'est pas pire que vos propres actes alors ne jouez pas les hypocrites. Je suis parti en guerre contre vous et j'ai décidé de détruire un quartier général, un lieu d'où les décisions sont prises. N'importe quel stratège de l'armée vous dira que ce genre d'opération fait partie plus efficaces. Et dans n'importe quel combat il arrive que des civils, même des enfants meurent, c'est aussi le cas lorsque vous ordonnez à l'armée de ce pays de partir en campagne. Mais là ou vous allez faire se battre et faire tuer des milliers d'hommes et de femmes pour votre intérêt financier ou pour asseoir votre tyrannie, moi j'agis au nom de valeurs bien supérieures à ma propre vie comme la liberté.
Une telle réponse n'était pas vraiment attendue et le prince décida de faire tourner court le débat qui se profilait.
- Et bien puisque l'accusé lui-même reconnait les faits il va être facile de rendre un verdict. Je le condamne donc à la peine de mort pour l'ensemble de ses crimes. La sanction sera exécutée avant l'été pour le bien du Royaume. Je tiens aussi à remercier l'enquêteur Van'Zan pour ses loyaux services et je sais qu'il fera un meilleure usage de l'arme du condamné que lui.
La salle approuva bruyamment le verdict et avant que Zemsta ne soit emmené à l'extérieur par des gardes le prince George s'approcha et profita du bruit pour lui glisser quelques mots.
- Nous savons que tu n'as pas fabriqué toi-même l'objet que tu a utilisé et nous espérons bien que tu nous révèles qui l'a fait de gré ou de force.
Le prince fit alors un signe aux gardes qui saluèrent alors leur chef suprême. Au lieu de ramener Zemsta dans sa précédente cellule ils l'emmenèrent dans les sous sol du palais royal. La bas ils confièrent le prisonnier à un homme à l'allure inquiétante qui le regarda un sourire sadique sur les lèvres. Zemsta s'était douté aux dernières paroles du prince que l'exécution ne serait pas sa seule punition. Mais entre l'imaginer et se retrouver en face de celui allait vous torturer il y avait une différence et Zemsta ne put se retenir de ressentir de la peur à cette vision. Pour lui les semaines le séparant de sa mort prochaine allaient être un véritable calvaire.
Rien n'avait jamais préparé l'ancien mercenaire à subir une telle douleur. Son tortionnaire attitré montrait une imagination réelle pour trouver de nouvelles façons de faire souffrir sa victime sans la tuer. Après une séance de torture Zemsta arrivait à peine à se souvenir de son propre nom par moment tellement la douleur était violente. Malgré tout il garda tout du long une idée en tête : ne pas faire le plaisir au prince de lui donner le nom de Lamilla. Un autre objectif tenait à cœur au supplicié et consistait à ne surtout pas demander grâce à son bourreau. Zemsta ne voulait pas s'infliger ces paroles aussi humiliantes qu'inutiles, jamais un professionnel de la torture ne se serait arrêté sur demande.
Finalement l'été se rapprocha ainsi que le délai fixé pour l'exécution de Zemsta. Malgré la souffrance et le désespoir de sa situation il n'avait pas craqué et le prince dut se résigner à le faire mettre à mort sans qu'il n'ait révélé le nom de sa complice. Afin qu'il n'apparaisse pas trop marqué par les épreuves supportées dans les sous sol du palais des médecins soignèrent superficiellement les plaies de Zemsta. Celui-ci put aussi se reposer dans une nouvelle cellule dont un orifice donnait sur l'extérieur.
Zemsta n'attendait pas sa mort avec frayeur mais la percevait plutôt comme une délivrance. Sa vie n'avait été qu'une succession de désillusions et la haine était devenue sa seule raison de vivre. Il avait à présent hâte d'en finir avec une existence dans un monde où il ne se sentait plus vraiment à sa place et ce de longue date. La seule chose qui faisait finalement la fierté de Zemsta lors de ses dernières heures était le carnage qu'il avait perpétré. Avoir réussi avec la seule force de sa volonté à provoquer une réaction nationale était quelque chose de grisant même si la plupart des habitants du Royaume jugeaient l'attaque monstrueuse et inhumaine.
La veille de son exécution Zemsta entendit quelque chose d'étrange par le minuscule trou qui servait de fenêtre à sa cellule. Un homme qui devait se trouver dans la rue s'était mis à chanter. Même s'il ne comprenait pas les paroles Zemsta se sentit apaisé par ce chant calme et rassurant. Il se demandait aussi quel genre de personne pouvait avoir eu ce genre d'attention pour lui. Sans doute quelqu'un qui avait compris les actes de Zemsta à leur juste valeur.
Grâce à cette intervention musicale providentielle Zemsta arriva à trouver le sommeil pour sa dernière nuit sur terre. Et l'aube arriva malgré tout pour être l'une des spectatrices de la mort du pire criminel du Royaume. Des gardes arrivèrent et donnèrent des vêtements propres au condamné. L'ensemble était d'un blanc éclatant, symbole ironique de la justice dans cette circonstance.
La population attendait avec impatience ce jour et la foule se massait devant la plate forme en bois ou prendrait place l'exécution. A une dizaine de jours de l'été la température était clémente et le ciel sans un seul nuage se parait d'un bleu éclatant. Quand Zemsta, escorté par plusieurs gardes monta sur la plate forme il sentit immédiatement l'hostilité de la foule qui voulait le voir rendre son dernier souffle.
Les gardes obligèrent Zemsta à s'agenouiller vers l'avant de la plate forme pour qu'il soit bien visible par la foule. Un membre du ministère de la justice se chargea de présider à la "cérémonie" et il lut à la foule l'acte d'exécution aux spectateurs.
- Par décision de son altesse le prince George, ministre de la justice, il sera procédé ce jour à l'exécution du condamnée Zemsta qui s'est rendu coupable de destruction de biens appartenant au gouvernement, du meurtre de citoyens de Royaume et du meurtre d'agents de la force public. Pour rendre la sentence un officier du ministère de la justice sera chargé de décapiter le condamné. Avant cela le condamné pourra faire une dernière déclaration s'il le souhaite.
Zemsta ne le se fit pas dire deux fois et avait eu le temps de préparer son discours d'adieu.
- Je sais que vous me haïssez parce que j'ai tué de nombreuses personnes mais je souhaiterais que vous compreniez quelque chose. Je n'ai pas fait ça par plaisir mais pour envoyer un message aux dirigeants de notre pays. Ils sont devenus de plus en plus incontrôlables ces dernières années et sont à bien des reprises allez trop loin dans leur volonté de domination du peuple. Contre de tels individus le dialogue ne peux pas fonctionner, ils se feraient alors un malin plaisir de vous écraser. Dans ces cas là l'armée m'a appris une chose, seule la violence peut parfois permettre d'arriver à ses fins. C'est la solution que j'ai choisi comme bien d'autres avant moi qui se sont aussi levés pour résister à l'oppression d'un pouvoir corrompu. Vous qui vous plaignez sans arrêt que la vie est dure sachez que j'étais comme vous avant mais j'ai décidé qu'il était temps de passer au stade supérieur et d'agir pour défendre mes idées. Vous pouvez tous faire ce choix et décider de lutter au lieu de vous résigner à ce que rien ne change. Aujourd'hui je ne crains pas la mort car je n'ai aucun remords concernant mes actes. Je suis apaisé de savoir que j'ai tenté de travailler pour le bien commun…
Ces paroles furent les dernières que prononça Zemsta. L'homme du ministère de la justice se tourna alors vers le bourreau masqué qui attendait en retrait.
- Bourreau fait ton office, et que justice soit faite.
L'homme masqué sortit alors un sabre de son fourreau et avança vers le condamné. Il approcha le tranchant de la lame du cou de ce dernier pour prendre des repères avant de lever puis rabattre violemment la lame. Il trancha net la tête de Zemsta qui alla rouler un peu plus loin pendant que le reste du corps s'affaissait.
L'exécution était terminée et Zemsta n'était plus de ce monde.
Epilogue ~ Le crépuscule de la paix ou la naissance des OVS
Parmi la foule tous les passants n'étaient pas hostiles à la cause de Zemsta et au milieu se trouvait l'homme qui était allé chanter sous l'ouverture de la cellule de Zemsta. Très peu d'éléments de sa vie était connus mais il avait un talent certain pour mener des hommes et avait dû diriger une troupe de mercenaires par le passé. Lui aussi avait connu la tourmente de la guerre et il comprenait en partie ce qu'avait pu ressentir Zemsta en plus de partager ses idées.
Le but de cet homme était de trouver un moyen de commémorer la mémoire de Zemsta qu'il considérait comme un héros. Son idée était de créer une organisation secrète qui lutterait contre les dérives des dirigeants. Mais pour cela il se devait de trouver de quoi fédérer tous ceux qui pourraient être intéressé par un tel projet.
L'admirateur de Zemsta avait remarqué que l'enquêteur du Royaume avait récupéré son épée. Cette arme pouvait tout à fait servir de base à la future organisation guerrière. Voler l'arme à Van'Zan ne serait pas facile mais l'homme était déterminé à réussir. Il s'introduisit alors de nuit dans la demeure de ce dernier pour voler l'épée. Il ne rencontra aucun obstacle et pu s'en emparer très facilement et partir sans se faire arrêter.
En fait Van'Zan avait parfaitement repéré le voleur qui était chez lui mais quand il devina ce qu'il était venu chercher il le laissa faire. L'enquêteur avait été troublé par la personnalité de Zemsta, il pensait que le responsable d'une action aussi ignoble ne pouvait être qu'un barbare juste animé par le goût du sang. Mais les déclarations de Zemsta devant le prince et juste avant sa mort avait fait changer d'avis Van'Zan. Même s'il ne partageait pas les idées du tueur il dut reconnaitre qu'il n'était pas un imbécile et qu'il y avait un certain courage chez lui.
Du mépris habituel qu'il avait pour les criminels Van'Zan était passé à une forme de respect pour Zemsta qu'il avait affronté à la loyale en combat singulier sans qu'il ne cherche à s'enfuir ou à esquiver le combat. L'enquêteur était au final plus gêné qu'autre chose de conserver l'arme de Zemsta et le vol était plus un soulagement qu'un déchirement pour lui.
Le voleur après avoir commis son larcin alla rejoindre quelque un de ses amis dont il était sûr qu'il le suivrait même en enfer s'il le fallait. Ensembles ils mirent en place les fondations de ce qui allait bientôt être connu dans tout le Royaume comme la pire structure de rebelles s'opposants au gouvernement.
Le nom de cette organisation : Onward Valiant Soldier
Un véritable héros ne meurt jamais tant qu'une personne conserve en son cœur la légende de ses exploits…