Celestial Being
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Celestial Being


 
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 Une histoire venue d'ailleurs

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Makubei

Makubei

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MessageSujet: Une histoire venue d'ailleurs Une histoire venue d'ailleurs Icon_minitimeMer 17 Aoû - 21:10

"Petit" RP posté sur le forum d'un autre jeu après un délire avec mon équipe. Pour le moment c'est juste la partie 1, mon perso et ceux de mes co-équipiers apparaissent dans une autre partie mais là j'ai pas encore fini de l'écrire je ferais ça à mon retour de vacances.


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Prologue ~ L'aube d'un jour sanglant

La nuit allait bientôt prendre fin quand l'homme se réveilla avec un vague sentiment d'inquiétude qui s'apaisa vite après quelques regards furtifs sur les alentours. Personne ne semblait être caché dans les bois où l'homme avait passé une courte nuit de sommeil. Puisque aucune menace ne le guettait il décida de se préparer afin d'accomplir ce qu'il avait prévu pour ce jour : un plan de longue date qui enfin allait être mis en œuvre. Cela expliquait parfaitement la tension ressentie au moment du réveil par ce mystérieux personnage qui ne tenait pour rien au monde à être surpris à ce moment précis qui nécessitait de se trouver dans un lieu calme et isolé afin de se concentrer sur les évènements à venir. De plus l'endroit choisi pour passer la nuit n'était pas commun, ces bois étaient uniquement fréquentés par les quelques chasseurs du village voisin qui s'aventuraient rarement aussi loin mais qui auraient été surpris d'y croiser un voyageur solitaire.
L'inconnu commença sa journée en revêtant une tenue plus adaptée que les simples sous-vêtements qu'il portait pendant la nuit sous sa couverture. Il était désormais habillé dans un pantalon du même noir que ses bottes et d'une armure de mailles fines cachée sous une tunique aux manches longues elle aussi noire. Par-dessus il portait aussi une chemise blanche qui lui permettait ne pas ressembler à un assassin tout de noir vêtu. Et pourtant le qualificatif d'assassin n'était pas inapproprié pour qualifier cet homme au vu de ce qu'il voulait faire ces prochaines heures. Pour parfaire sa tenue l'homme s'équipa aussi de plusieurs armes : il cacha un couteau dans sa botte droite et accrocha quelques projectiles ressemblant à des shurikens à sa ceinture. A le voir faire il paraissait évidant qu'il connaissait le maniement des armes et qu'il avait dû être un combattant d'une armée quelconque par le passé. L'inconnu s'attarda plus longuement sur son épée qui était la pièce principale de son équipement ce jour là, ce genre d'arme était courant dans ce pays et n'attirerait pas trop l'attention tant qu'elle restait dans son fourreau dépourvu de tout ornement dans ce but précis. Cependant cette lame n'était pas totalement ordinaire, elle était forgée dans un métal rare qui lui donnait un aspect rougeoyant pas des plus commun. Après avoir accroché le fourreau à sa ceinture l'homme dégaina l'épée et fit quelques mouvements avec cette dernière pour s'assurer qu'elle était toujours aussi efficace et bien équilibrée. Il l'observa ensuite d'un air pensif en se disant que c'était sans doute la dernière fois qu'ils allaient combattre ensembles tout les deux.
Maintenant qu'il était habillé et équipé le guerrier vérifia qu'un certain objet qu'il avait mis tant de temps à se procurer se trouvait bien dans ses affaires là où il l'avait laissé la veille avant de dormir. Cette chose était un artefact magique bien particulier qui prenait la forme d'un sorte de collier ce qui permettait de le transporter autour de son cou grâce à une chaine légère et discrète. A la place d'un bijou ordinaire se trouvait ce qui faisait réellement l'intérêt de cet objet : une pierre bleue enchâssée dans un morceau de métal finement ciselé mais ne représentant pas une forme en particulier, on pouvait y voir des ailes ou bien tout autre chose selon l'angle de vue. La pierre renfermait en elle une puissance destructrice sans commune mesure avec les ravages qu'un homme seul pouvait provoquer avec de simples armes et pourtant elle pouvait bien être utilisée par une seule personne sans aucunes difficultés. Il était peut être long et délicat de fabriquer ce genre d'objet pour quelqu'un qui n'était pas un spécialiste en magie mais l'usage n'était une fois cela accompli plus qu'une formalité. Là encore, avant de mettre le collier portant la pierre autour de son cou, l'homme adopta un regard pensif, le regard de celui qui allait voir ses efforts récompensés si tout se déroulait comme prévu.
Enfin, enfin l'heure de la vengeance est venu pensait-il. Enfin ils comprendront qu'ils ne peuvent régner indéfiniment en opprimant les faibles sans que personne ne réagisse. A ces pensées les yeux bleus de l'homme brillèrent d'une rage difficilement contrôlée alors que la haine parcourant son corps le faisait presque trembler. Il était enfin prêt et bientôt il allait montrer à ses ennemis ce que signifiait le mot "enfer"…
Après avoir mangé quelques fruits l'homme alla enfourcher son cheval qui était resté calmement attaché à un arbre un peu plus loin et il fit signe à la monture qu'il était l'heure de partir. Après une rapide chevauchée dans les bois, l'inconnu en sortit alors que l'aube se levait. L'orée du bois se trouvait en haut d'une falaise et l'homme pu observer le lever du soleil et le paysage de cette hauteur. La plaine en contrebas était baigné dans la faible lueur rouge dégagée par ce soleil matinal ce qui lui donnait un aspect étrange bien éloigné de celui d'une journée ordinaire. Au loin, presque invisible, se dégageait la silhouette d'une grande ville, celle où l'homme voulait se rendre pour commettre son méfait. Une brise fraîche typique du printemps soufflait légèrement et agitait faiblement les cheveux noirs en bataille de l'inconnu. Celui-ci ne fut guère sensible à la poésie qui pouvait se dégager de cet instant rare où la nuit laissait place au jour car il n'était concentré que une seule chose, parvenir à son but. Cependant ce moment lui en rappela d'autres qui étaient perdus dans les tréfonds de sa mémoire et qui étaient des souvenirs d'une époque révolue où il était un soldat au service de son pays qu'il allait pourtant frapper d'un grand coup aujourd'hui.
C'est donc empreint d'une certaine nostalgie que le guerrier repris sa route vers le chaos et la destruction.

<< Mais il est désormais temps de revenir en arrière…. Afin de comprendre les origines de tout….>>



Chapitre 1 ~ La mort déjà…

- 3 ans auparavant – Quelque part dans les montagnes des territoires sauvages situés au nord du Royaume. -
Les cinq soldats du Royaume guettaient du haut d'un précipice escarpé un campement de quelques un de leurs adversaires situé en contrebas. Faisant fi de toute prudence ceux-ci avaient fait un feu de camp dans un lieu idéal pour les traquenards où il était de plus facile de se faire repérer par toute personne passant à proximité. C'est ce qui était arrivé et le commandement du léger détachement d'éclaireurs du Royaume préparait son plan pour éliminer ces imprudents rapidement et sans aucunes pertes dans son camp si tout se passait bien.
La seule difficulté pour le commandant était la mauvaise composition de son groupe causée par des soucis logistiques lors de la préparation de cette campagne militaire. Parmi les cinq hommes du détachement un seul était capable de manier un arc long avec efficacité ce qui imposait l'utilisation d'une attaque frontale comme stratégie pour anéantir les soudards adverses. Ce n'était pas la première mission que remplissait le chef du groupe qui était un militaire expérimenté et il trouva donc rapidement une solution qu'il exposa alors à ses hommes.
- Bon, comme vous le voyez ils sont huit et nous seulement cinq mais avec l'effet de surprise et notre meilleur entrainement nous ne devrions pas avoir de problèmes à nous en débarrasser.
Les quatre autres soldats étaient pour trois d'entre eux des recrues récentes qui allaient combattre pour la première fois et ils étaient donc très attentif à ce qu'allait leur expliquer leur chef.
- Nous allons les attaquer de front à quatre après que notre archer soit allé se placer à l'opposé de notre position. C'est lui qui engagera le combat pour faire croire à nos ennemis que nos forces sont situées en face. A ce moment là ils nous tourneront le dos et nous en profiterons donc pour les attaquer, il ne faudra pas attendre longtemps pour cela, comme ça avec un peu de chance certains n'auront pas le temps de saisir leurs armes qu'ils seront déjà mort.
Après ce discours le commandant décida de parler en particulier à l'archer de son groupe pour lui détailler son rôle primordial lors de l'opération vu que celui-ci faisait parti du groupe des nouveaux soldats.
- Bien mon gars j'espère que tu sais te déplacer un minimum discrètement, commença le chef. Tu va devoir comme je l'ai dit contourner cette bande d'abrutis en bas pour leur tirer dessus. Ne leur envoie pas des flèches juste pour les intimider et simuler une attaque, tue les directement. Si tu n'en supprime pas plusieurs on risque d'avoir quelques petits problèmes, tu comprends ?
- J'ai bien compris, je vais tout faire pour qu'aucun de mes camarades ne soit blessé commandant, répondit calmement le jeune soldat aux yeux d'un bleu brillant.
- Au fait, repris le chef. C'est quoi ton nom déjà ? J'ai du mal à le retenir celui là !
- Zemsta commandant !
Sur ce Zemsta partit pour suivre les ordres qui lui avaient été donnés. Il se dirigea lentement vers une position qu'il avait repérée en face de son emplacement actuel qui surplombait le campement adverse et qui ferait un lieu de tir excellent. Dans sa progression il fut particulièrement vigilant au fait de ne pas faire bouger de pierre ou de produire le moindre bruit qui pourrait attirer l'attention de ses adversaires. Heureusement ce genre de situation était prévue à l'entrainement et les soldats qui partaient dans les groupes d'éclaireurs étaient tous formés afin de surmonter ce genre de difficultés. Cependant c'était la première fois que l'archer se déplaçait avec le risque d'être entendu non pas par un instructeur grognon mais par un ennemi armé qui n'hésiterait pas à tenter de le tuer. La nature réservée de Zemsta l'aida à contrôler ses émotions et à ne pas céder à la panique devant l'ampleur de ses responsabilités pour un combat initiatique. Au final il arriva sans encombre sur la plate forme qu'il visait et il put se mettre en position pour tirer.
Zemsta prit son arc long accroché sur son dos et encocha une flèche avant de calmement regarder vers quel adversaire il allait la lancer. Les autres soldats du Royaume avait un trajet moins long à accomplir ils devaient donc déjà être prêt à charger pensa Zemsta, ce qui lui laissait le champ libre pour pouvoir attaquer. Bien qu'il se préparait à tuer pour la première fois il réfléchit calmement à la situation comme on le lui avait apprit pendant les long mois d'exercices qui avaient précédé le lancement de la guerre. Son choix se porta logiquement vers le guerrier ennemi le plus proche de lui, et donc le plus éloigné de la position supposée des forces assaillantes qui doivent atteindre le plus rapidement leurs cibles pour que celles-ci n'aient pas le temps de riposter. Le rôle de Zemsta était donc d'éliminer les autres, ceux qui survivraient aux premiers coups des éclaireurs du Royaume. Le commandant n'avait pas donné ces détails mais cela parut évidant pour le tireur solitaire du haut de sa position.
Comme pour faciliter sa tâche les guerriers épiés s'étaient assis autour du feu qu'ils avaient allumé afin de manger un morceau, un seul d'entre eux était resté debout afin de surveiller les alentours en faisant des rondes autour du petit campement. C'est lui que Zemsta prit comme cible et il attendit que cette sentinelle passe au plus près de lui. Au moment propice il relâcha la flèche qui alla se loger en quelques secondes dans le cou de la cible qui s'effondra alors lourdement sur le sol. Après un moment de stupeur ses compagnons comprirent qu'ils étaient attaqués et commencèrent à s'agiter. Au même moment les quatre soldats du Royaume chargèrent ces hommes par derrière alors que ceux-ci regardaient plutôt du côté d'où la flèche avait été tiré.
Trois des hommes attaqués moururent sur le coup et un quatrième n'eut le temps que de parer une attaque avant de succomber à la deuxième assénée par le commandant des hommes du Royaume. Durant ce cours laps de temps Zemsta eut le temps d'encocher une nouvelle flèche qu'il envoya dans un nouvel adversaire qui mourut alors aussi rapidement que le précédent. Seul deux ennemis étaient alors encore vivants et les quatre fantassins du Royaume n'eurent alors aucun mal à les éliminer avec l'avantage du nombre. Au final la bataille n'avait duré que quelques minutes et se soldait par une victoire totale des assaillants, aucun d'entre eux n'avait en plus été sérieusement blessé, seul deux des soldats avaient quelques égratignures récoltés contre l'un des soldats adverse qui était le plus imposant du lot.
Zemsta rejoignit alors ses compagnons pour pouvoir participer à la fouille des possessions des ennemis morts. En temps de guerre les considérations morales ordinaires tombaient et il était classique lorsqu'on en avait le temps de dépouiller les morts de leurs équipements et objets de valeur pour en faire profiter aux hommes de son propre camp et non pas à ceux de l'adversaire ou à une simple bande de brigands agissant hors du cadre strict de l'armée. Ce soir là la récolte fut classique, des armes et quelques pièces d'or qui représentaient la maigre paie des soldats des terres sauvages.
Cependant Zemsta avait juste avant l'attaque repéré que parmi ses adversaires d'un soir l'un d'entre eux semblait posséder une arme de la forme d'une épée qu'il gardait dans son paquetage au lieu de la porter sur lui comme le faisait tout les soldats en guerre normalement. Pour en avoir le cœur net Zemsta décida de fouiller en premier lieu les affaires de cet homme là pendant que ses camarades s'occupaient du reste. Il fit alors une étrange découverte en enlevant les tissus qui le recouvrait : l'objet était bien une épée mais pas de celles que portaient les soldats ordinaires. La couleur rouge de la lame indiquait clairement en quel métal elle avait été forgée et celui-ci au vu de sa rareté était réservé aux objets les plus nobles. Il était donc évidant que cet épée n'appartenait pas aux soldats tués qui devaient en être simplement les transporteurs ou quelque chose d'approchant ce qui pouvait expliquer leur nombre élevé pour une patrouille. Zemsta était fasciné par la beauté de la lame et prit alors une décision dangereuse, celle de garder cette épée avec lui au lieu de la ramener aux armuriers de son camp qui normalement devaient récupérer les armes prises à l'ennemi. Le jeune archer remit alors l'épée dans le tas de tissus qui la dissimulait aux regards avec la certitude que les autres n'auraient rien remarqué étant donné qu'il avait eu la bonne idée de faire cette opération légèrement à l'écart. Il était courant que les archers transportent des armes emballé de cette manière avec eux comme des arcs de différente puissance et Zemsta comptait sur ce fait pour que sa nouvelle acquisition passe inaperçue et de toute façon il aurait sans doute sa part d'armes prises sur les cadavres à transporter pour les ramener au grand camp du Royaume.
Effectivement les autres ne remarquèrent rien de particulier dans le comportement de Zemsta et après s'être répartis les objets à porter ils partirent vers un lieu plus sûr pour passer la nuit. Une fois en sécurité les hommes du Royaume s'installèrent et écoutèrent les brèves félicitations du chef qui était ravi que tout se soit bien déroulé. Juste après les tours de garde furent distribués et Zemsta avait la joie de prendre le premier tour.
Ce fut le premier moment que Zemsta put passer en solitaire depuis la bataille et ce fut pour lui un moment de réflexion sur ce qu'il venait de vivre. Au moment du combat il n'avait pas particulièrement pensé au fait que c'était la première fois qu'il tuait un autre homme et il était trop concentré sur le simple fait d'accomplir son devoir. Mais maintenant que la tension était retombé Zemsta revoyait dans sa tête le moment où ses flèches avaient touché leurs cibles et avaient mis un terme à leurs vies. La sensation ressentie à ce moment là ne pouvait pas être la même qu'a l'entrainement lorsqu'un simple mannequin de paille était abattu et pourtant Zemsta se sentait dans le même état d'esprit, il ne ressentait aucun plaisir particulier si ce n'est celui d'avoir fait ce qu'on avait exigé de lui. Au final c'est cette absence de sentiments particuliers qui troublait le plus l'archer, il semblerait que les discours inculqué par l'armée avait eu cette effet sur lui d'être totalement insensible à la mort d'autrui.
Il était sans doute préférable qu'un soldat ne s'apitoie pas sur le sort de ses adversaires sinon il serait bien inutile au combat mais de là à les considérer comme des objets il y avait une différence importante pensait Zemsta qui même une fois son tour de garde passé eut beaucoup de mal à trouver le sommeil après de tels réflexions.
Le lendemain matin la petite patrouille se mit en marche afin de rejoindre les troupes principales du Royaume comme cela avait été prévu à l'avance. A leur arrivé les cinq hommes apprirent que le haut commandement avait décidé de lever le camp le lendemain pour allez rejoindre les troupes dirigées par le prince George qui s'étaient avancées bien plus loin en territoire ennemi et qui avaient maintenant besoin d'aide pour assiéger la capitale des terres sauvages. Chacun des hommes de la petite patrouille alla rejoindre son unité d'origine pour se préparer aux longs jours de marche à venir sur un terrain difficile. Quand il retrouva ses camarades de sa section d'archer Zemsta dut immédiatement raconter ses péripéties, les autres hommes n'étaient pas tous parti en reconnaissance ou n'avaient pas forcément croisé quelques ennemis alors tous étaient intéressés par le récit d'un homme qui avait combattu. Zemsta raconta alors ce qui s'était passé de façon sobre en omettant de mentionner l'épée qu'il avait découverte et ses doutes quand à la formation morale des soldats.
Le lendemain l'avancée de l'armée dans les terres sauvages commença lentement, le terrain montagneux n'était pas des plus aisés pour ce type de manœuvre de grande ampleur, mais tout se déroula sans encombres. La marche dura à peu près une semaine assez désagréable vu que la chaleur avait fait son apparition. Mais le pire fut la présence des nombreux cadavres abandonnés sur le bord des routes ou dans les quelques villages traversés. Certains des macchabés étaient décapités ou tranchés en morceau de la plus ignoble des façons et la forme des blessures indiquait clairement que cela avait été fait par des épées et non par des masses ou par des haches qui étaient les armes de prédilection des guerriers des terres sauvages. La conclusion qui s'imposait était que ces massacres avaient été commis par les hommes de l'armée du prince George qui étaient passés par la auparavant.
La plupart des soldats feignirent de ne rien voir et le sujet était évité le soir lorsque les soldats se détendaient un peu avant d'allez dormir. Mais cela ne fit que renforcer les doutes de Zemsta sur les actions de l'armée du Royaume durant cette guerre. Dès l'origine les raisons de l'opération n'était pas très claires, tout ce qui avait été donné comme information au peuple et aux soldats était que les hommes des terres sauvages avaient attaqué un avant poste du Royaume qui ne ferrait donc que se défendre dans cette histoire. Mais ce qui était étrange dans tout cela tenait en ce que le nom de ce fameux avant poste n'avait pas été communiqué et il était bien connu que le Royaume convoitait certaines mines de métaux précieux qui se trouvait près des frontière. Tout cela ne semblait donc n'être qu'un prétexte pour s'approprier un territoire riche en ressource mais la encore ce sujet de discussion était à éviter.
Zemsta décida tout de même de parler des cadavres au lieutenant de son unité mais d'une façon suffisamment maligne pour ne pas attirer l'attention.
- Dites-moi lieutenant toutes ces personnes tuées qui sont-elles ? Des soldats ennemis déguisés ? Des personnes payées pour nuire à notre armée ?
L'aspect volontairement naïf de la question était voulu, il valait parfois mieux passer pour un idiot que pour un esprit rebelle surtout à l'armée.
- Eh bien je suppose que ça doit être quelque chose dans le genre oui, répondit le lieutenant. Mais si les hommes du prince les ont tués c'est qu'il y avait une bonne raison à cela nous n'avons pas pour habitude de massacrer des gens innocents nous.
Cependant l'officier eu du mal à cacher dans le ton de sa voix qu'il croyait difficilement à ce qu'il disait et qu'il en avait presque honte. La deuxième chose importanet que nota Zemsta était qu'il n'était pas jusqu'a nier l'implication des forces du Royaume dans cette histoire. Mais il était évidant que l'armée ne reconnaitrait jamais qu'elle avait pu tuer par simple plaisir des civils du territoire attaqué. Cette réalité ne put qu'accroitre les sentiments de plus en plus mitigés de Zemsta par rapport à l'institution militaire qu'il appréciait pourtant par bien des côtés.
Zemsta s'était engagé pour pouvoir enfin sortir de l'univers étriqué dans lequel il avait vécu son enfance entre des parents bien trop occupés par le travail ou la tenue de la maisonnée et l'agressivité des autres enfants du village. Zemsta ne comptait pas beaucoup d'amis parmi les autres garçons du village qui se montraient bien trop cruels entre eux et faisaient trop de blagues malsaines aux autres, adultes inclus, au goût du futur soldat. Ce dernier préférait donc partir en solitaire dans les bois environnant que de rester au village et il en avait gardé un respect profond pour la nature et le calme reposant de celle-ci comparé à l'agitation des villes. Zemsta n'eut pas non plus spécialement de succès auprès de la gente féminine auprès de laquelle il se montrait souvent trop maladroit ou pas assez vantard par rapport aux autres jeunes de son âge. Cet ensemble d'éléments faisait qu'une fois l'âge adulte atteint Zemsta n'avait pas d'attaches particulières dans son propre village et désirait voir un autre visage du monde que celui là. Il décida donc de rejoindre l'armée du Royaume pour pouvoir voyager, découvrir des personnes de tout horizon mais aussi quelque part pour fuir la vie monotone qui l'aurait attendue s'il était resté chez lui.
L'une des premières choses que la nouvelle recrue apprécia dans son nouvel univers était la rigueur dans laquelle baignait les soldats quelque soit leur expérience. Le respect et la solidarité entre les hommes mâtinés d'une rivalité bonne enfant entre les différentes unités n'étaient pas non plus pour déplaire à Zemsta. Les formateurs décelèrent rapidement chez lui un talent prononcé pour les armes à distance et ils l'envoyèrent donc logiquement rejoindre une section d'archer. Là bas le jeune soldat brilla particulièrement pour sa précision au tir et il égala à une vitesse inouïe les meilleurs hommes de l'unité. De plus Zemsta se montrait bon camarade ce qui fit de lui pour la première fois quelqu'un de respecté et admiré. Et cette réputation allait encore augmenter lors de l'étape finale de la guerre dans les terres sauvages : l'assaut de la capitale fortifiée où se cachait le gouvernement adverse.


Chapitre 2 ~ La découverte d'une vie

Après un passage dans un ravin encaissé les renforts du Royaume débouchèrent sur le lieu du siège qui avait déjà commencé. La forteresse ennemie était adossée sur le flan d'une montagne abrupte ce qui rendait l'assaut possible uniquement par l'avant, il était impossible d'imaginer que des hommes puissent gravir cette montagne et attaquer cette ville par en haut. Cela rendait toute attaque plus facile à contrer pour les défenseurs qui pouvaient se concentrer sur un seul front contrairement à d'autres endroits ou ils seraient attaqués de toute part. Pour autant la ville n'était pas imprenable et les attaquants semblaient bien déterminés à le prouver.
Les hommes du Royaume avaient réussi difficilement à amener quelques engins de siège sur le lieu de la bataille ce qui relevait d'un exploit vu le chemin pour y parvenir. Les ingénieurs avaient pour cela eu l'idée d'amener les redoutables machines en pièces détachées plus petites qu'a l'accoutumée. Bien que les détails de l'opération échappaient aux soldats tous étaient bien contents de pouvoir compter sur elles afin d'affaiblir les défense adverse sans risques inutiles. L'autre point fort sur lequel pouvait compter le Royaume était la présence dans ses rangs de plusieurs magiciens. Les pouvoirs magiques étaient rares et la plupart des personnes en possédant se retrouvait un jour ou l'autre à servir un pouvoir quelconque au Royaume. Les meilleures formations en magie étant assurées par les autorités beaucoup de magiciens étaient par la suite recrutés par des seigneurs ou par la royauté. Au contraire il n'existait pas dans les terres sauvages de réel moyen d'apprentissage pour les rares élus disposant de ce type de pouvoir, il arrivait donc souvent que ceux-ci émigrent vers des terres plus hospitalières.
Sur les champs de bataille les magiciens pouvaient selon leurs talents servir de médecins ou de combattants à distance. Les plus redoutables pouvaient même avoir un impact déterminant sur le cours de la bataille par l'utilisation de sortilèges puissants et complexes. Ici l'un des magiciens au service du prince George préparait depuis plusieurs jours un sort pour détruire la solide porte de la forteresse et quelques murailles avec. Ce travail était épuisant et l'homme en question devrait par la suite se reposer pendant une longue période mais l'impact sur le siège ferait sans doute partie de ces utilisations de la magie décisives.
Maintenant que les renforts étaient là le prince George qui menait les opérations décida qu'il était temps d'en finir avec les assauts sporadiques des derniers jours pour enfin lancer l'attaque finale, il avait désormais suffisamment d'hommes pour cela. Il choisi d'attaquer à la nuit tombée pour mieux surprendre et bien que cela contrevenait aux usages il ne s'en souciait guère, pour lui seul le résultat obtenu comptait. Et le prince était bien déterminé à remporter cette guerre le plus rapidement possible pour plaire à son père et lui prouver qu'il était capable de lui succéder dans un avenir proche.
Les soldats fatigués par la longue marche eurent donc la mauvaise surprise de devoir se préparer à un assaut imminent dès leur arrivée mais tous obéirent à la perfection. Tout les hommes se mirent bien en rang et attendirent le signal de l'attaque. Leurs adversaires remarquèrent la manœuvre mais ne pouvaient rien faire car les premières lignes du Royaume étaient suffisamment éloignées pour ne pas être touchées par les projectiles des défenseurs.
Alors que l'impatience gagnait les rangs une gigantesque explosion se produisit sur le devant de la forteresse assiégé. Les tremblements du sol et la poussière qui se dégageait indiquaient l'ampleur des dégâts bien que ceux-ci n'étaient pas encore visibles à cause du halo blanc de poussière. Le sortilège du magicien avait fonctionné comme prévu et les généraux lancèrent alors leurs hommes à l'attaque.
Une partie des troupes alla s'engouffrer dans les brèches et par la porte désormais tombée de la forteresse pendant que le restant de l'armée partit à l'assaut des murailles encore debout à l'aide d'échelles et de grappins. Le rôle des unités d'archers dont Zemsta faisait partie était d'abattre les ennemis présents en haut des murailles qui repoussaient encore les troupes du Royaume. Tant que les assaillants n'avaient pas atteint le haut des murs cela ne posait aucun problème, n'importe quelle forme mouvante constituait une bonne cible. Mais une fois que des hommes des deux factions s'affrontaient là haut il fallait être très vigilant pour distinguer sur qui on tirait et ne pas toucher par erreur un allié.
Zemsta ne sut pas exactement combien d'hommes il abattit pendant cette phase de la bataille, il était difficile de savoir avec la distance et l'obscurité si on avait blessé, tué ou même raté sa cible. Et dans le fond c'était peut être plus facile comme cela, contrairement à la dernière fois Zemsta n'eu pas la possibilité de regarder directement les effets sanglants de ses actes.
En partie grâce à la surprise provoquée par l'explosion magique l'armée du Royaume parvint en un temps record à prendre le contrôle des murailles malgré la résistance acharnée des hommes des terres sauvages. Cependant la bataille n'était pas encore terminée, loin de là. Les soldats ennemis s'étaient repliés vers d'autres protections internes à la forteresse afin de ralentir au maximum l'avancé des assiégeants. Tout les hommes du Royaume furent alors appelés à pénétrer à l'intérieur de la forteresse pour combattre dans la ville.
La population locale avait heureusement pris la fuite avant la bataille car désormais la ville ressemblait à un champ de ruine, des flammes s'en élevaient par endroit et les cadavres des guerriers des deux camps jonchaient le sol. La bataille prenait un tour des plus confus, on se battait aux quatre coins de la ville et selon les secteurs le camp dominant pouvait varier. Zemsta progressa lentement au milieu de cette confusion en tuant à l'occasion quelques adversaires trop entreprenants mais l'archer ne pouvait pas éliminer chaque ennemi qui se présentait par soucis d'économiser ses flèches. A l'occasion il dut aussi se servir de son épée courte fournie par l'armée pour se débarrasser de ses ennemis. Le combat au corps à corps n'était peut être pas sa spécialité mais Zemsta avait tout de bonnes bases en la matière et pouvait compter sur sa vivacité pour surprendre ses opposants bien plus lourdauds en général.
Bien qu'étant rentré en retard dans la ville Zemsta fut parmi les premiers à atteindre la dernière position adverse qui était le palais-citadelle ou siégeait normalement le gouvernement des terres sauvages. Prendre le palais mettrait un terme immédiat à la bataille et c'est pourquoi plusieurs groupes de soldats du Royaume était déjà présent sur les lieux pour tenter d'y pénétrer. Des soldats adverses étaient présents sur le toit pour gêner leurs tentatives de défoncer la porte avec un bélier. Mais la persévérance des hommes du Royaume triompha là encore et les unités avancées pénétrèrent dans la citadelle. Zemsta décida de leur emboiter le pas bien que ses capacités étaient plus utiles au grand air.
Une fois à l'intérieur les hommes du Royaume se retrouvèrent dans un labyrinthe de couloirs et de pièces diverses et les commandants ne savaient trop comment réagir devant le nombre de voies à explorer. Les forces du Royaume se divisèrent alors et comme dans la ville des batailles incertaines éclatèrent dans divers endroit du palais-citadelle. Il semblait que ce genre de chose avait été prévu par les architectes des lieux qui avaient imaginés des emplacements où se cacher pour les défenseurs. Ceux-ci pouvaient ainsi facilement tenir leurs positions en infériorité numérique et infliger de nombreuses pertes à n'importe quelle force attaquante. Le Royaume perdit alors de nombreux soldats dans cette bataille mais heureusement pour lui d'autres hommes arrivaient rapidement de la ville où ils prenaient lentement l'avantage pour combler les trous.
Zemsta participa à plusieurs affrontements et fut utile à de nombreuses reprises mais il se retrouva à un moment seul dans un couloir qui n'avait pas attiré l'attention de ses autres camarades. Ce fut le moment que choisi un des guerrier des terres sauvages pour l'attaquer. Zemsta ne pouvait pas dans ces circonstances se servir de son arc, son adversaire arrivait sur lui bien trop vite une hache à la main. L'archer eut par contre le réflexe salvateur de dégainer son épée courte pour contrer l'arme de son agresseur. Celui-ci était un montagnard imposant qui dépassait Zemsta d'une bonne tête et qui était beaucoup plus musclé que la plupart des soldats du Royaume.
- Tu va crever petit imprudent, lança le grand montagnard en signe de défi si ce n'est de moquerie.
Zemsta resta impassible devant l'affront et se prépara à foncer sur son adversaire en espérant le prendre de vitesse pour gagner. Mais contrairement à ce que pouvait laisser penser son apparence le féroce guerrier avait aussi de très bons réflexes et il para facilement l'attaque de Zemsta. La contre-attaque fut redoutable, en un seul coup le montagnard envoya voler la lame de Zemsta au loin et celui-ci fut aussi projeté en arrière par la même occasion. L'archer était bien trop loin de son épée pour pouvoir allez la ramasser avant de se prendre un coup de hache et il était bien entendu impossible d'utiliser son arc assez rapidement aussi.
A ce moment Zemsta se souvint qu'il avait gardé avec lui l'épée trouvé lors de sa patrouille emballée dans du tissu. Le paquet était dans son dos et il eu juste le temps de le saisir et de le tendre devant lui pour arrêter la hache de son ennemi avant qu'elle ne le découpe en morceaux. De nouveau le choc projeta le soldat du Royaume en arrière mais ce coup ci il réussi à garder son arme avec lui. Avec le choc la garde de l'arme était légèrement sortie des tissus et Zemsta n'eu qu'a tirer dessus pour sortir la lame de son fourreau.
Au moment où l'épée rougeoyante fut dégainée Zemsta ressentit en lui un grand calme, toute peur de mourir l'avait quitté subitement. Le jeune homme ne sentait plus qu'une sorte d'étrange pouvoir couler en lui qui lui faisait oublier jusqu'à la fatigue de la bataille et lui réchauffait le coeur. Sans savoir exactement ce qu'il faisait il leva l'épée au dessus de sa tête et l'abattit juste devant son adversaire. Au premier abord l'attaque sembla inefficace mais ce fut comme si l'épée avait libérée une puissante vague d'énergie devant elle. Le montagnard fut alors tranché en deux par ce qui ressemblait à une lame faite de vent. Zemsta vit alors le sang du guerrier couler à flot juste sous son regard bleu plus perçant que jamais.
La surprise se peignait clairement sur le visage de Zemsta qui ne s'attendait pas du tout à voir un tel phénomène se produire surtout en lien avec lui-même. Zemsta se trouvait donc au dessus d'un cadavre à observer l'étrange lame qu'il tenait entre ses mains lorsqu'une voix rocailleuse le tira de ses réflexions.
- Ca fait longtemps que je n'avais pas vu quelqu'un manier une épée comme ça. En fait ça fait longtemps que je n'avais pas vu une telle lame, dit simplement la voix d'un ton neutre.
Zemsta se retourna lentement pour voir son interlocuteur qui était un homme âgé qui portait une tenue typique du Royaume. Sans doute un magicien pensa le soldat qui ne trouva cependant rien à répondre.
- A ton silence et à ton visage tu sembles aussi surpris que moi, reprit l'inconnu. Je suppose donc que c'est la première fois que tu utilises cette épée de la sorte.
- A vrai dire c'est la première tout court, réussi à glisser Zemsta toujours sous le choc.
- Encore plus intéressant…. Suis-moi dans un endroit un peu plus propre que je t'explique quelques petits trucs alors.
L'homme illustra cette invitation par un signe de la main et les deux sortir du couloir et trouvèrent rapidement une petite pièce sans cadavre où l'on entendait malgré tout la fureur de la bataille au loin. Le magicien utilisa alors un sort pour verrouiller la porte afin d'empêcher que des combattants viennent déranger les deux hommes en plein discussion.
L'inconnu commença alors par se présenter, il était bien un magicien du Royaume comme l'avait supposé Zemsta auparavant.et se nommait Yann. Il servait actuellement le prince George mais il ne s'étendit pas sur ce point qui semblait le gêner. Après cette brève introduction Yann entra dans le vif du sujet et demanda à Zemsta où il avait trouvé l'épée. Après avoir entendu le récit du soldat qui n'osa pas mentir Yann commence ses explications.
- Cette épée que tu as trouvée est comme tu le devines déjà très rare car forgée dans un métal précieux et donc destinée à être utilisée par des hommes de la noblesse plutôt que par un simple homme de troupe comme toi. Mais quand la magie entre en jeu, rien n'est simple. Un de mes lointains prédécesseurs a dû emprisonner un esprit d'une créature supérieure dans cette lame pour lui donner de tels pouvoirs. C'est quelque chose de très dangereux et délicat, peu d'hommes de magie même aguerris peuvent parvenir à un tel résultat. Pour compliquer les choses le résultat est totalement indétectable pour un homme ordinaire et un piètre magicien aura du mal à le voir s'il ne tient pas l'objet en question dans ces mains.
- Mais alors, l'interrompit Zemsta, pourquoi j'ai pu m'en servir, je ne suis pas un magicien aux dernières nouvelles !
- Patience, patience j'allais aborder ce point, répliqua Yann qui n'avait visiblement pas apprécié d'être interrompu. Comme je l'ai déjà dit rien n'est simple avec la magie et il est possible pour quelqu'un dénué de tout pouvoir propre d'utiliser celui d'un esprit enchainé à un objet. C'est ce que tu as fait, bien inconsciemment il me semble, tout à l'heure lorsque ta vie était en danger. Il est même possible que l'esprit lui-même t'ait guidé directement. Tu dois savoir une chose, un esprit n'obéit pas à n'importe qui, en quelque sorte c'est l'épée qui va choisir son possesseur et non pas l'inverse dans ce cas. Et les esprits sont plutôt du genre exigeants en la matière, après avoir perdu la liberté pour être enfermés dans un quelconque artefact ils ne sont pas prêt à se révéler à n'importe qui. C'est un puissant pouvoir que tu as désormais récupéré et si certains te voyait l'utiliser ils pourraient être suffisamment jaloux pour te tuer et récupérer l'épée en pensant que cela leur donnera les mêmes pouvoirs même si ce ne sera probablement pas le cas. Et je peux te dire que de tels personnes se trouvent aussi dans les hautes autorités je les côtois assez pour le savoir. S'ils ne te tuent pas ils serraient ravis d'avoir un esclave avec cette puissance sous leurs ordres directs. En bref ne te sert pas de cette lame sauf en cas d'extrême nécessité.
Zemsta eu besoin de quelques instants pour bien assimiler la masse d'informations qui lui avaient étés données en un éclair par le mage. Malgré tout il lui restait quelques questions essentielles à poser.
- Je ne sais pas pourquoi j'ai été choisi, déclara-t-il, et je ne sais même pas comment me servir de la puissance de l'esprit alors comment pourrais-je contrôler ce qui va se passer ?
Yann trouva cette fois ci l'interrogation du soldat tout à fait pertinente et il répondit sans montrer de signe d'agacement.
- D'après les études que j'ai pu lire sur le sujet chaque esprit choisit différemment la personne qu'il va servir selon son caractère propre et ce qu'il était avant qu'un magicien ne le domine. On peut tout de même dire qu'en règle générale ce ne sont pas des personnes ordinaires qui sont choisies. Par ordinaire je veux parler du caractère pas des origines ou de la noblesse bien sûr. L'esprit a du apprécier quelque chose chez toi qu'on ne retrouve pas chez les autres, je ne te connais pas donc je ne peux pas t'en dire plus, à toi d'y réfléchir. Pour ce qui en est de maîtriser la force de l'esprit… Là encore c'est une question complexe qui peut différer selon les forces concernées. Mais nul autre que toi ne pourra trouver la solution, je ne connais pas de livre donnant une méthode préconçue pour y parvenir. Tu va devoir essayer tout seul de communiquer avec l'esprit pour qu'il te livre ses secrets et obéisse quand il le faut. Tu peux comparer ça à une sorte d'entrainement pour manier une nouvelle arme inconnue. Je suis bien incapable d'en dire plus et il va falloir nous séparer pour ne pas attirer l'attention. Je te souhaite bonne chance nouveau gardien d'un esprit, il est possible que ton destin soit plus que de n'être qu'un simple soldat dans cette armée.
Les deux hommes se saluèrent et repartirent chacun de leur côté dans la citadelle. Pendant la discussion la bataille avait bien avancé et les troupes du Royaume étaient maintenant enfoncées plus profondément dans le dédale de couloirs que représentaient les lieux. Zemsta ne se précipita pas pour rejoindre ses camarades, la foule d'évènements qui venaient de survenir lui avait enlevé toute envie d'allez de nouveau combattre. Tout ce qu'il désirait en ce moment était de pouvoir se poser tranquillement dans un coin calme sans risquer d'être surpris. Parler à un esprit semblait une chose étrange pour quelqu'un qui n'avait jamais pratiqué la magie mais le jeune homme semblait excité à cette idée nouvelle et par la sensation qu'il avait ressentie lorsqu'il avait par hasard déchainé le pouvoir de la créature. Mais c'était impossible pour le moment de tenter quelque chose avec l'épée rouge et Zemsta avait dû la cacher de nouveau pour ne pas attirer l'attention.
Tout d'un coup des cris de joie retentirent dans la citadelle, ce qui informa à l'archer en pleine réflexion que la bataille était terminée et que le Royaume avait vaincu son adversaire après une lutte acharnée. La victoire laissait présager une journée de fête dans le campement du Royaume malgré les nombreux morts dans son camp. Zemsta se dirigea alors vers la sortie de la citadelle, on n'avait plus besoin de lui ici, et resta pensif en regardant les dégâts provoqués par la bataille. Aucune décoration n'avait résisté à la tempête et la plupart des murs étaient maintenant tachés de sang et les sols étaient recouverts d'hommes morts ou gémissant faiblement. Des médecins dotés de pouvoirs ou non allaient sans doute aider les malheureux blessés mais au final ils n'en sauveraient que très peu, ils n'y avaient pas assez de soigneurs pour accomplir un tel travail. Cette situation classique sur un champ de bataille n'en était pas moins révoltante pour Zemsta, les généraux savaient pertinemment que les batailles se finissaient ainsi avec un tas de blessés mais on ne recrutait ou ne formait pas assez de soigneurs pour une obscure raison.
A son arrivé près des tentes de son unité Zemsta apprit que plusieurs des hommes qui la composaient étaient morts pendant la bataille. Cette triste nouvelle n'était pas surprenante mais elle se rajouta aux autres de cette terrible journée et n'arrangea pas l'état mental de Zemsta. Il avait connu certains des décédés dès ses premiers jours à l'armée, tous ne lui manqueraient pas mais leur absence se ferait sans doute ressentir pendant les jours à venir.
La victoire avait souvent pour toutes ces raisons un goût amer que les soldats s'empressaient de noyer dans l'alcool, ce qu'ils firent alors, de ce côté-là l'intendance avait tout prévu… Sans compter les tonneaux découverts dans la cité vaincue. Une fois la gueule de bois passée et les traités de paix signés, l'armée du Royaume repartit sur ses pas pour rentrer sur ses bases. Au passage certaines unités rejoignirent de nouvelles affectations sur les territoires gagnés grâce à la guerre. Et comme cela était prévisible ces terres regorgeaient de ressources naturelles et le Royaume voyait ainsi sa force économique grandement agrandie au passage. Malheureusement la plupart de ces nouvelles richesses ne profiteraient qu'à un petit nombre de personnes influentes dans le commerce dont certains membres du gouvernement et absolument pas aux habitants qui payeront probablement toujours les mêmes prix pour ce dont ils avaient besoin au quotidien. Cette triste réalité sur les raisons de la guerre n'empêcha pas que les soldats repartaient chez eux le cœur joyeux pour la plupart car ils allaient enfin pouvoir se reposer et partir voir dans un futur proche leurs familles.
De son côté Zemsta avait hâte de pouvoir essayer les pouvoirs de son épée et pour cela il réfléchissait au fait de devoir quitter l'armée pour le faire. De plus ce qu'il avait vu pendant cette guerre l'avait convaincu d'une chose : les dirigeants du Royaume étaient loin d'être aussi vertueux que ce que l'on disait dans les villages et le prince en particulier semblait être une belle ordure. Bien qu'on ne parlait pas beaucoup de politique dans son village natal Zemsta avait été sensibilisé à ces questions à l'armée auprès des plus anciens et au fil du temps il s'était forgé sa propre opinion et son propre idéal avec aussi l'aide de ses souvenirs d'enfance et de ce qu'il appréciait alors comme valeurs.
Il était alors évidant pour l'archer que son idéal et celui des autorités du Royaume n'était pas le même et que la différence était bien trop grande pour qu'il continue à servir impassiblement un tel régime. Massacrer les autres ou envoyer à la mort les citoyens de son propre pays par plaisir, intérêt personnel ou vaguement économique n'était pas vraiment quelque chose que Zemsta trouvait digne d'un gouvernement. Il commençait même à penser que les hommes actuellement à la tête du Royaume pouvait représenter un danger pour celui ci à trop vouloir privilégier leurs petites vies sur celles de milliers de personnes.
Malgré tout il n'était pas encore temps pour Zemsta de quitter l'armée, un départ trop précipité après une campagne militaire était souvent mal vu. De plus quelques mois supplémentaires dans l'armée ne pouvaient être un mal, la solde allait sans doute être plus généreuse pour les participants à la guerre et l'ambiance beaucoup plus tranquille qu'avant la campagne. Ce serait aussi un moment idéal pour en apprendre plus sur la politique du Royaume, les discussions sur les conséquences de la guerre consistant un tremplin idéal pour lancer le sujet du gouvernement dans la place. Zemsta se disait qu'il pouvait aussi apprendre à un peu mieux manier une épée normale.
Les supérieurs de Zemsta avaient remarqués que lors des affrontements dans la ville beaucoup d'archers avaient dû combattre au corps à corps, c'est pourquoi ils décidèrent de faire travailler les meilleurs de leurs hommes à d'autres armes que des arcs. Zemsta avait été remarqué comme un élément efficace lors de la guerre et fut récompensé par plusieurs médailles mais aussi par l'accès à cette nouvelle formation des archers. Cela lui convenait parfaitement et il se concentra particulièrement sur le maniement de l'épée comme il l'avait prévu, et ce n'est pas tout les jours que les désirs de l'armée et ceux d'un soldat se rencontrent…. Au terme de plusieurs mois de formation Zemsta avait atteint un niveau correct dans le maniement de diverses armes bien que son physique le rendait moins redoutable que certains de ses compagnons.
Il avait aussi économisé un maximum d'argent en prévision de son départ prochain. La procédure de départ était stricte mais il n'était pas impossible pour un soldat de repartir au moment qu'il avait choisi. Pour cela un soldat devait avoir rempli la durée d'engagement minimum et avoir accompli au moins la moitié du renouvellement de son engagement ou avoir participé à une guerre. Il fallait aussi prévenir en avance et obtenir l'accord de son chef d'unité. Zemsta remplissait les conditions pour ce qui en est de la durée de sa présence dans l'armée, il ne lui manquait donc plus que l'accord de son lieutenant.
Zemsta alla à la rencontre de son chef un soir à la suite d'un entrainement particulièrement pénible. Il fit part à son chef de vouloir partir sans lui présenter de raisons particulières si ce n'est une certaine lassitude. Le lieutenant n'avait jamais eu à se plaindre de son soldat qui était sans doute le meilleur archer et l'homme le plus sérieux de son unité et ce serait pour lui une grosse perte s'il acceptait. Mais en voyait le regard empli d'amertume de Zemsta il se dit que de toute façon celui-ci avait sans doute quelques problèmes à régler et qu'il perdrait de son efficacité s'il restait contre son gré. Le lieutenant donna donc son accord au départ de Zemsta avec regret.
Le comportement du lieutenant qui accepta la demande sans trop insister sur les raisons fut apprécié par Zemsta qui remercia intérieurement son supérieur d'avoir été aussi compréhensif. Le jour des ses adieux le jeune homme alla saluer ses camarades qui ne comprenaient pas bien les raisons du départ de quelqu'un sans doute promis à un grand avenir militaire, l'idée d'une promotion avait un temps été évoquée mais interrompue par le choix de quitter l'armée par le concerné.
Quand il quitta les bâtiments de l'armée habillé en civil Zemsta était fortement ému, il laissait derrière lui ce qui avait été sa famille durant les dernières années mais aussi un monde qu'il avait su apprécier pour certaines de ses valeurs. Il tournait aussi le dos à un milieu ou il avait réussi et était reconnu pour ses compétences. Le départ tant attendu était donc emplie de mélancolie et de tristesse mélangées mais Zemsta était sûr de son choix, il devait s'éloigner de l'armée qui n'était qu'un objet aux mains de dirigeants vils et cupides.


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Makubei

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MessageSujet: Re: Une histoire venue d'ailleurs Une histoire venue d'ailleurs Icon_minitimeMer 17 Aoû - 21:11

Chapitre 3 ~ Retour à la case départ


Le premier endroit où Zemsta pensa à se rendre était tout simplement dans son village et pour y parvenir rapidement il décida d'acheter un cheval. La monture lui serait sans doute aussi utile pour sa vie future. Bien qu'il en avait les moyens l'ancien soldat ne s'arrêta pas dans un auberge et se décida à camper en solitaire après s'être éloigné de la route qu'il suivait. La région était sûre en raison de la proximité du camp militaire, un voyageur pouvait donc facilement se permettre de dormir à la belle étoile sans être menacé par de quelconques brigands.
A la nuit tombée Zemsta alluma un petit feu et mangea rapidement quelques provisions offertes par l'armée à son départ. C'était surtout le moment idéal pour tenter de percer le secret des pouvoirs de l'épée trouvée lors de cette fameuse patrouille dans les montagnes. Zemsta sortit avec calme l'épée de ses affaires et observa quelques instants le fourreau de l'arme. Celui-ci était subtilement ouvragé avec des nuances de rouge et d'or représentants des motifs étrangement beaux. La encore tout indiquait que cet objet était celui d'une noble personne ou tout du moins d'une personne très riche. Il était donc vraiment étrange d'avoir pu la récupérer lors d'une escarmouche aussi ridicule que celle qui avait confronté uniquement une douzaine d'hommes.
Quand il dégaina la lame ce soir là Zemsta ne ressentit rien contrairement à ce qui s'était passé dans la citadelle. Le jeune homme s'attendait à ce résultat mais il ne put s'empêcher d'être un peu déçu. Mais il n'était pas encore temps d'abandonner pour ce soir. Après avoir effectué quelques enchainements appris à l'entrainement Zemsta décida d'allez s'asseoir avec l'épée toujours dans sa main droite.
Il n'avait jamais communiqué avec une quelconque entité magique mais l'ancien soldat était bien décidé à y parvenir même s'il n'avait pas appris à le faire. Les seules connaissances qu'il avait sur la magie en dehors du discours de Yann dans la citadelle provenaient des récits réels ou fictifs qui étaient contés à travers le Royaume. Ces histoires étaient pour certaines connues dès l'enfance et d'autres venaient d'artistes ambulants ou de voyageurs de passage. Mais le problème dans tout cela pour Zemsta était qu'il était quasiment impossible de distinguer le vrai du faux, la réalité des rajouts fantaisistes faits par les compteurs.
De ce mélange d'histoires Zemsta tira une idée simple, celle d'essayer de se concentrer pour parvenir à parler avec l'esprit emprisonné dans la lame. Assis, la lame posée sur ses paumes écartées l'une de l'autre, le guerrier ferma les yeux puis essaya de parler à l'esprit avec ses pensées de la même façon qu'un croyant pouvait pratiquer pour parler à son dieu dans certaines cultures. Au moment ou il pensait abandonner devant l'inefficacité de ce procédé Zemsta ressentit une légère chaleur dans les mains mais cette impression s'estompa rapidement. La faiblesse de cette sensation suffit néanmoins à faire douter Zemsta qui se remit alors à ses méditations. Mais rien d'autre ne se passa par la suite ce qui laissa le malheureux apprenti manieur esprit plus que sceptique. Au final il était incapable de savoir si ce qu'il avait fait avait faiblement marché ou était tout simplement ridicule. Zemsta se coucha donc dans un océan de perplexité.
Le lendemain Zemsta reprit la route à l'aube, il ne voulait pas s'attarder dans une région chargée des souvenirs des longues missions d'entrainement de l'armée qui se déroulaient parfois hors du terrain strictement possédé par les militaires. Le soir il avait parcouru une longue distance et il était ainsi assuré de ne pas croiser des soldats qui n'allaient jamais aussi long dans cette direction. De ce fait la région n'était plus aussi sûre mais elle n'avait jamais eu la réputation d'être un repaire de coupe-jarrets.
Zemsta progressait tranquillement dans une plaine légèrement vallonnée quand il approcha d'une large rivière. Le seul moyen de traverser était un pont en pierre, le courant était trop fort pour traverser même à cheval. Normalement le passage d'un ouvrage comme celui-ci était libre mais à la grande surprise de Zemsta plusieurs hommes gardaient visiblement le pont. Intrigué et de toute façon obligé de passer par là à moins de faire un très long détour Zemsta décida de s'approcher malgré les risques.
Un des hommes sur le pont s'avança alors vers le cavalier solitaire la main posée sur la garde de son épée faisant office de menace silencieuse.
- Bien le bonjour voyageur, lança-t-il à Zemsta. Le passage du pont coûte quelques petites pièces désormais à moins que vous ne vouliez prendre un petit bain.
- Et de quel droit pouvez vous exiger cela ? Il me semble que les routes de ce pays sont traversables librement, répliqua calmement Zemsta qui ne comptait pas se laisser faire par de tels individus.
- Mais le droit du plus fort tout simplement, dit le même brigand en ricanant. Tant que nous lui donnant un peu de la somme récolté le seigneur local ne semble pas s'en émouvoir voyez-vous mon brave.
- J'ai surtout compris qu'il était temps de finir cette discussion inutile !
Sur ces paroles Zemsta dégaina son épée courte de soldat qu'il avait réussie à conserver comme récompense de ses loyaux services et il chargea l'homme avec qui il avait échangé quelques mots. La décision d'attaquer ces hommes était risquée surtout pour économiser qu'une faible somme d'argent, mais la motivation de Zemsta dans cette action était plus une question de principes, ces hommes étaient des voleurs qui profitaient de la protection des autorités d'après leur discours. Il était probable que leurs victimes quotidiennes, les habitants de la région, n'osaient pas les chasser à cause de la peur d'éventuelles représailles. Par contre pour un voyageur de passage ce risque était plutôt limité s'il se montrait prudent après son attaque et disparaissait rapidement.
Prit de surprise le voleur qui avait parlé à Zemsta fut décapité avant d'avoir réussi à sortir complètement son arme de son fourreau. Ses trois autres compagnons réagirent alors plus rapidement que ce à quoi s'attendait leur agresseur et ils étaient désormais prêts à se battre les armes à la main. Cependant Zemsta arrivait sur eux rapidement grâce à sa monture ce qui lui permit de blesser un des hommes au bras gauche sans être lui-même touché. Mais ce geste avait fait ralentir le cheval de Zemsta et un des voleurs plus malin et agile que les autres put attraper le cavalier par ses vêtement du côté gauche pour le faire tomber. Cette manœuvre fut couronnée de succès pour son auteur au détail prêt qu'en chutant Zemsta réussit à lui porter un coup d'épée. Bien que faible cette attaque suffit à faire crier l'homme de douleur et à le faire reculer d'un pas. Zemsta en profita pour se mettre sur les genoux et le frapper aux jambes. L'épée ne trancha pas les jambes de l'homme mais cela suffit à le faire tomber à son tour au sol. Zemsta se releva alors complètement et l'acheva d'un coup dans la poitrine. Ce deuxième adversaire n'était alors plus qu'un cadavre baignant dans son sang.
Bien qu'intense cet affrontement n'avait au final duré que quelques instants dont les deux autres brigands n'avaient pas profités pour se précipiter sur leur ennemi occupé à se battre avec leur collègue. Ils tenaient chacun des épées longues impressionnantes par leurs tailles et qui nécessitaient d'être obligatoirement tenues à deux mains. Face à ce type d'arme Zemsta préféra rengainer son épée courte pour sortir son épée rouge. Afin de rendre cette arme plus accessible Zemsta avait juste entouré son fourreau de tissu pour en cacher la beauté et avait laissé la garde de l'arme légèrement dorée visible pour pouvoir la prendre dans ses mains plus rapidement. Il avait fixé le tout dans son dos.
Comme lors du combat dans la citadelle avoir l'arme dans ses mains apaisa l'ancien soldat qui ressentit alors de nouveau le pouvoir de l'arme. Il semblait donc qu'il pouvait compter sur celle-ci lors des situations de combat quelle qu'elles soient. Zemsta regarda alors ses adversaires avec mépris et leur fit signe de venir l'attaquer.
- Approchez bande de lâches ! On fait moins les malins maintenant hein ?
Ce genre de phrase n'était pas dans les habitudes de Zemsta mais face à de tels adversaires elle semblait à même de les énerver et par le fait de les déconcentrer. Fous de rages d'avoir vu leurs amis se faire tuer les deux hommes ne résistèrent pas devant cette provocation, surtout qu'ils espéraient pouvoir s'en sortir en combattant à deux contre un. Le guerrier solitaire esquiva facilement le premier coup porté par l'un des deux voleurs, celui qu'il avait blessé au bras auparavant. Gêné par cette blessure il n'avait pas pu être assez précis et rapide dans son attaque. Cette faiblesse lui fut fatale car à ce moment là il était sans défense contre une attaque de Zemsta qui profita bien évidemment de cette ouverture pour le tuer.
La bataille commencée en infériorité numérique pour Zemsta était désormais réduite à un simple duel contre celui des brigands qui semblait le plus costaud bien qu'il n'était pas le leader de la petite bande. Dès les premiers échanges de coups Zemsta comprit que cet homme là était bien plus fort que les autres et qu'il avait sans doute suivit un entrainement quelconque, peut être était-ce un ancien soldat aussi. Chacun des deux combattants avaient ses forces et ses faiblesses ce qui équilibrait le combat sans que l'on puisse deviner qui allait triompher. Un coup de chance ou la fatigue de l'un des deux scellerait probablement le combat comme pour la plupart des affrontements de ce type.
Mais c'étais sans compter le pouvoir contenue dans l'épée de Zemsta qui choisit ce moment la du combat pour se manifester. Alors que la sensation de puissance due à l'esprit de la lame était restée tapie faiblement jusqu'à présent elle se réveilla subitement. Zemsta sentit de nouveau la force mystérieuse accompagnée d'un sentiment de chaleur se propager dans son corps sans qu'il ne puisse contrôler grand-chose. Son adversaire n'avait rien remarqué et lança une attaque avec toute la puissance de ses bras.
En temps ordinaire bloquer une telle frappe de façon directe était extrêmement risqué, ce genre de choc pouvait déstabiliser celui qui le recevait s'il n'avait pas assez de force pour encaisser, ce qui était souvent le cas. Zemsta le savait mais il se laissa guider par son épée et il se plaça simplement devant son ennemi pour parer le coup sans même la peine de donner une impulsion à l'épée pour mieux résister. Au moment du contact entre les deux lames une chose étrange se produisit, malgré le fait qu'il aurait du être dans de tel circonstances projeté au loin, Zemsta ne bougea pas d'un pas, son adversaire et son épée semblait figés devant lui comme si une barrière se dressait entre les deux opposants.
Surpris le malheureux voleur essaya de forcer encore plus sur son épée pour pousser celle de Zemsta mais cela était totalement vain, la solide épée à deux mains commença à se fissurer et se fracassa alors en quelques instants. Comme s'il s'attendait à ce que cela se produise, Zemsta trancha la gorge du brigand d'un seul coup net. Le calme revint alors sur le pont qui avait été pendant les dernières minutes le décor d'un sanglant spectacle. La fin de la bataille signifiait aussi que le pouvoir de l'épée allait quitter Zemsta pour se rendormir, mais juste avant que cela se produise ce dernier décida de remercier intérieurement l'esprit d'avoir combattu à ses côtés. Une fois cela fait il eut l'impression qu'une légère bise soufflait autour de lui alors qu'il n'y avait pourtant pas de vent cette journée là. Mais le plus étrange fut l'impression d'entendre une voix lointaine résonner dans sa tête comme si elle provenait du fin fond des âges.
- De rien jeune guerrier… Si tu te bas pour la liberté je répondrais toujours présent pour t'aider… A chaque combat nous deviendront plus fort… Mais pour le moment je dois me reposer je suis encore faible…
Quand la voix termina de raisonner dans l'esprit de Zemsta la sensation de chaleur qui accompagnait la présence du pouvoir de l'épée disparut aussi. Le jeune homme reprit alors conscience de là où il se trouvait et de ce qu'il venait de faire alors que la surprise de l'intervention orale de l'esprit était encore là. Dans un état second Zemsta vit qu'il était en partie recouvert du sang des hommes qu'il venait de tuer et après avoir vérifié que personne n'approchait du pont il alla nettoyer ses vêtements dans la rivière pour faire disparaitre le gros des tâches de sang pour pouvoir continuer à voyager sans soucis. Par mesure de précaution il changea de tenue afin de laver celle souillée de façon plus approfondie plus tard.
Bien qu'il n'y avait pas de survivants ni de témoins de ses actes Zemsta décida qu'il fallait quitter le coin le plus rapidement possible surtout si ce que ces hommes sur leurs relations avec un dirigeant local était exact. Celui-ci n'aimerait sans doute pas avouer qu'il s'était lié avec des brigands mais ceux-ci ne pouvaient plus parler et châtier un assassin faisait toujours bonne mesure. Et dans de tels cas un simple voyageur, mais armé, pouvait représenter le coupable idéal même en dehors de toute autre preuve.
Par une mesure de prudence élémentaire après être remonté sur son cheval Zemsta décida de quitter la route pour éviter les ennuis. Il ne connaissait pas bien la région mais il savait vers quelle direction avancer à peu près ce qui était bien suffisant quand on savait se servir de repères naturels pour connaitre les quatre points cardinaux. Lorsqu'il voyait un village ou même une simple ferme au loin Zemsta faisait des détours pour ne pas se faire repérer, et ainsi deux jours après il avait quitté ce territoire. Pour ne pas perdre de temps il n'avait pas beaucoup dormi et il ne s'était pas non plus soucié de tenter de voir si l'esprit de la lame s'était reposé ou non.
Ce n'est uniquement qu'après s'être éloigné pendant quelques heures de la frontière de la région où il avait tué quatre hommes que Zemsta décida qu'il pouvait de nouveau rejoindre une route. Il tomba alors sur un axe commercial majeur de la partie du Royaume dans laquelle il se trouvait. Le jeune cavalier était donc loin d'être seul sur la route et les hommes armés n'étaient pas rares, ils escortaient souvent des convois ou transportaient individuellement des messages ou des contenus de valeurs de faible taille.
Pour ne pas attirer l'attention et pour éviter les attaques par des bandes de voleurs attirés par ce genre de route le mieux était de coucher dans les auberges nombreuses qui se trouvaient dans des villes étapes. Après avoir passé plusieurs nuits dehors cela était plus confortable mais ce n'était pas vraiment le genre d'endroit pour tenter de parler à une épée.
Après le combat de l'autre jour qui lui avait apprit que l'âme contenue dans l'épée pouvait parler Zemsta était pressé d'en savoir plus et les contretemps qui s'étaient accumulés l'exaspérait, même s'ils étaient dûs dans le fond à ses propres actions. Malgré tout il décida de continuer son chemin sur de grandes routes pour éviter d'autres ennuis et finalement il finit par se retrouver un soir aux portes de son village natal.
Depuis le départ de Zemsta rien n'avait changé, les bâtiments étaient toujours les mêmes et les habitants vaquaient tranquillement à leurs occupations comme à l'ordinaire. Des regards se levèrent sur le passage du soldat de retour chez lui mais très peu de personnes le saluèrent. Cependant les sourires amicaux se firent plus nombreux lorsque Zemsta approcha de la maison de ses parents, il discuta même rapidement avec quelques amis d'enfances qui avaient choisi de vivre dans le village au lieu de partir à l'aventure.
Mais globalement Zemsta trouva qu'au-delà des apparences il y avait bien quelque chose de changé dans le village, la population ne semblait plus avoir l'envie de vivre comme avant, un certain abattement se dégageait de la plupart des personnes croisées. Et même s'il n'avait jamais été la personne la plus populaire de sa génération Zemsta s'étonna de la faiblesse de l'accueil qu'on lui avait fait. Sur ces pensées il était enfin arrivé devant sa maison qu'il n'avait pas revue depuis de long mois. Après avoir laissé son cheval attaché près de l'entrée il se décida à allez voir si ses parents étaient rentrés de leurs travails.
Il était encore relativement tôt dans la journée et par conséquent uniquement la mère de Zemsta était présente à la maison pour s'occuper des tâches ménagères. Les retrouvailles furent cette fois ci chaleureuses et sincères, la mère était simplement heureuse de voir que son fils allait bien. Elle ne demanda pas de détails sur la guerre et elle proposa au jeune homme de manger et de se reposer en attendant le retour de son père qui travaillait à l'extérieur du village.
La mère de Zemsta était une bonne ménagère mais qui ne s'était jamais réellement intéressé à la politique, que ce soit celle du village ou du pays. En cela elle était une femme classique des coins perdus du Royaume où les femmes n'avaient qu'une place mineure dans la vie commune. Les choses étaient différentes dans les grandes villes où la société était plus ouverte mais il faudrait du temps avant que les campagnes évoluent dans ce sens.
Zemsta n'insista donc pas pour en savoir plus sur les changements survenus au village, il s'enquit donc de savoir si le reste de la famille et quelques voisins se portaient bien. Sur les réponses donnés il était facile de conclure une chose : l'économie locale se portait moins bien qu'avant et la vie était devenue plus dure dans la région. Mais pour en savoir plus Zemsta devait attendre de pouvoir parler avec son père qui connaissait mieux les dessous de la vie de la petite communauté.
Le père de Zemsta ne rentra qu'à la nuit tombée, le travail avait été particulièrement difficile et le retard s'était accumulé. Mais lorsqu'il vit que son fils était là la fatigue disparut de son regard et laissa place à la même joie simple vue chez la mère. Après que le père eu mangé les deux hommes de la famille allèrent se parler dans le petit salon de la maison.
Zemsta raconta comment se passait la vie à l'armée et comment s'était déroulée la dernière guerre. Dans son récit il n'oublia pas de parler des massacres mais il occulta tout ce qui concernait l'épée magique et sa rencontre avec les brigands sur le chemin du retour. Les doutes sur les actions du Royaume que souleva le fils n'intéressèrent pas beaucoup le père qui appréciait de vivre dans cette contrée et avait toujours pensé que les dirigeants faisaient au mieux. A vrai dire ce genre de critique lui échappait un peu, même s'il s'intéressait à ce qui se passait pour mieux gérer ses affaires il n'avait pas l'âme d'un libre penseur. Un peu plus tard le père en viendrait même à penser qu'il pouvait être dangereux pour son fils d'avoir des idées un peu "rebelles" mais il n'osa jamais le lui faire remarquer en face.
Après avoir parlé de la guerre Zemsta et son père abordèrent la situation du village. Le jeune questionna l'ancien sur le fait que la situation semblait moins bonne qu'auparavant. Après une longue inspiration le père décida de répondre :
- Et bien la récolte dans les champs a été mauvaise cet été, bien plus que la dernière fois où c'est arrivé, tu étais tout petit à cette époque donc tu dois à peine savoir de quoi je parle… Bref, l'ensemble des prix de la bouffe a grimpé et le reste a suivi. On a été obligé de faire venir certains produits de très loin par nous même, le seigneur n'a rien voulu savoir. Lui aussi avait des problèmes de sous alors il n'a pas fait baisser les taxes.
- Il voulait peut être se faire de l'argent comme d'habitude en se foutant totalement du peuple, marmonna Zemsta. En tout cas ca ne m'étonnerais pas.
- Il a toujours été honnête avec nous donc je ne crois pas à ce genre de chose, il n'aurait aucune raison de vouloir nous affamer. Il ne faut pas toujours voir les choses en noir mon fils.
- Je dirai plutôt que trop de personnes dans ce pays n'osent pas penser autre chose que ce que leur disent nos chers gouvernants. Il faut parfois se poser les bonnes questions, cela ne veut pas forcément dire que la réponse sera négative…
- Inutile de nous disputer pour ça j'ai eu une rude journée et je vais allez me reposer maintenant.
Cette phrase du père mit naturellement fin à la conversation. Zemsta garda de la discussion un sentiment de déception, il n'avait pas réussi à convaincre son père que tout n'était pas idéal dans le Royaume alors que la situation même du village était mauvaise.
Le lendemain Zemsta partit se promener dans les environs pour voir de lui-même plus en profondeur l'ampleur des problèmes qui touchaient la petite communauté. Le bilan final n'était guère brillant, le moral était globalement au plus bas et les opportunités de carrières déjà faibles auparavant étaient encore plus réduites. De plus en plus de jeunes au lieu de devenir apprentis chez un artisan ou un commerçant se retrouvaient désœuvrés à errer dans les rues au grand dam des autres habitants qui se sentaient gênés par cette présence parfois inquiétante. Pour ne pas finir à dormir dehors beaucoup de villageois avaient fait le choix de partir vers de plus grandes villes mais certains en étaient revenus, il n'y avait pas forcément plus de travail ailleurs. D'autres avaient fait le même choix que Zemsta des mois auparavant et s'étaient engagés dans l'armée.
Il semblait clair pour Zemsta qu'il ne pourrait pas rester indéfiniment ici et qu'il devrait lui aussi tenter sa chance dans une grande ville en espérant que ses antécédents dans l'armée lui servent d'ouverture. Mais en attendant il était bien content de profiter de l'accueil de ses parents pour pouvoir occuper la maison sans faire grand-chose d'autre que de se reposer et de se promener. Zemsta put aussi profiter de son statut d'ancien soldat pour passer quelques commandes au forgeron qui était en plus un ami de son père. Ainsi l'artisan lui fabriqua une cotte de maille classique et lui procura un fourreau dépourvu de tout ornement pour que Zemsta puisse porter son arme magique plus discrètement. Malgré le fait qu'il n'avait pas montré l'arme au forgeron celui-ci accompli la commande correctement et sans poser de questions inutiles. Quand on lui demandait l'intérêt de posséder de tels objets Zemsta répondait simplement qu'il avait appris à être prudent et que ce genre d'équipement pouvait être utile lors de voyages.
Même s'ils appréciaient le fait que leur fils soit passé directement chez eux après avoir quitté l'armée, les parents de Zemsta finirent par perdre patience et ils lui firent comprendre qu'il devait trouver un nouveau travail s'il voulait continuer à vivre sous le même toit. Zemsta se doutait que ce moment allait arriver et il expliqua alors son intention de partir de nouveau pour trouver un travail dans une ville. Cette décision ne fut pas une surprise, quelqu'un qui avait déjà quitté le village une fois car il ne le trouvait pas intéressant ne pouvait que recommencer.


Chapitre 4 ~ La dure réalité de la vie ordinaire


Le jour du nouveau départ se déroula d'une façon similaire en apparence au jour où Zemsta était parti s'engager mais dans le fond les choses étaient bien différentes. Cette fois ci Zemsta n'avait pas de but bien précis et son avenir était beaucoup plus incertain bien que ses parents craignaient moins pour sa vie dans les circonstances actuelles..
Le choix de Zemsta pour la première ville où chercher du travail était simple, il allait partir en direction de la cité-mère de la région qui drainait le plus de population et donc d'emplois. La ville était aussi celle qui abritait l'administration de la région. Le voyage fut cette fois ci sans incidents et au bout de quelques jours Zemsta arriva en vue de la ville qu'il voulait rejoindre. De loin la cité d'une taille plutôt modeste pour le Royaume était tout de même impressionnante pour les personnes qui sortaient pour la première fois de leur campagne. Quand à lui Zemsta avait eu l'occasion de voir des villes bien plus grandes notamment lors de la campagne dans les territoires sauvages. Le château du baron qui administrait la région dominait la ville de toute la hauteur de ses murailles et faisait paraitre petit n'importe quel autre bâtiment de la ville.
A cette vision Zemsta ne pu s'empêcher de penser qu'un tel ouvrage n'était pas forcément nécessaire vu le peu de troubles dans le coin et qu'en plus cela avait dû couter extrêmement cher à l'époque de la construction. Cependant le voyageur ne continua pas sur ce fil de pensées car il devait maintenant se concentrer sur le chemin qui devenait de plus en plus encombré à l'approche des portes de la ville. Piétons, cavaliers, charriots et autres joyeusetés se croisaient dans les deux sens ce qui créaient un semblant de pagaille plus ou moins diminué par les interventions sporadiques des gardes de la ville. Ces hommes là n'étaient pas des militaires et ils étaient payés par le conseil municipal de la ville pour maintenir l'ordre et enquêter sur les vols voir les meurtres. Contrôler la circulation n'étant pas la tâche la plus intéressante ils ne mettaient pas beaucoup de cœur à l'ouvrage et cela se ressentait.
Après moult difficultés Zemsta parvint à entrer dans la ville et à trouver une auberge pour vivre le temps de trouver un travail et éventuellement un logement. Il pouvait aussi laisser son cheval pour privilégier les déplacements à pied dans la cité aux rues parfois étroites. Pendant plusieurs jours Zemsta parcourut les rues afin de dénicher un travail un minimum intéressant. Mais malgré son statut de vétéran il ne réussit qu'a trouver des postes répétitifs, mal payés et peu valorisants. C'était le lot de tout les jeunes cherchant à vivre mais qui n'avaient pas eu de formation chez un maître artisan ou quelque chose d'équivalent. Cette dure réalité toucha profondément Zemsta qui s'attendait à mieux. Avoir risqué sa vie pour son pays et tué en son nom n'avait donc aucune valeur ? Déjà qu'il était difficile d'admettre que l'armée n'était qu'un pion parmi d'autres entre les mains du gouvernement pour un soldat il fut encore plus dur pour Zemsta de réaliser que ses efforts passés et ses sacrifices n'étaient nullement reconnus en dehors du cercle fermés des militaires.
Par dépit Zemsta se résigna à accepter de travailler dans des conditions de misère pour un faible salaire qui ne lui permettait que de survivre dans un logement modeste. Bien qu'il lui restait une grande partie de l'argent reçu à son départ de l'armée, Zemsta préférait garder cet argent en cas de coup dur éventuel. Pendant cette période Zemsta changea souvent d'emploi pour tromper l'ennui qui le prenait facilement tant les tâches étaient la plupart du temps identiques à longueur de journée. En dehors du temps de travail Zemsta était souvent trop fatigué pour profiter de son maigre temps libre ce qui altéra grandement son moral.
Plusieurs fois le jeune homme pensa qu'il ferait mieux de rentrer chez lui pour se retrouver dans un milieu plus amical et moins concurrentiel mais l'honneur qui lui restait lui interdisait de faire ce choix; il n'aurait sans doute pas supporté le sentiment d'échec qu'un tel retour au village aurait impliqué. Mais Zemsta savait aussi que sa situation actuelle ne pouvait pas se prolonger, il devenait de plus en plus déprimé avec le temps et l'envie de vivre qui lui avait jusqu'à présent paru naturelle semblait moins claire dans sa tête. Des pensés morbides commençaient à lui venir en tête sans qu'il n'y ai grand-chose pour les en chasser.
Il avait aussi dû mettre ses armes de côté et l'idée de combattre pour la liberté avec une arme possédée par un esprit ne lui semblait plus être qu'un souvenir lointain extrait d'un doux rêve. Zemsta espérait seulement qu'on ne lui vole pas l'arme qu'il avait cachée dans son logement en attendant des jours meilleurs. Pour se protéger en ville lors de balades nocturnes un simple couteau pouvait faire l'affaire et se dissimulait beaucoup plus facilement pour surprendre d'éventuels agresseurs donc Zemsta n'avait de toute façon pas besoin de l'arme au quotidien.
Un jour où il se sentit moins fatigué que les autres Zemsta alla boire un peu d'alcool dans une taverne pour se changer les idées. Alors qu'il buvait tranquillement dans un coin de nouveaux clients s'installèrent à la table d'à côté. Ils s'agissaient probablement de voyageurs vu leurs accoutrements et chose rare en ville ils étaient tous armés. Le teint de leurs peaux était aussi plus foncé que celui des hommes de la région ce qui indiquait qu'ils venaient d'un territoire situé plus au sud dans le Royaume.
La présence de ce groupe attira l'intérêt de Zemsta qui se demandait ce qu'il faisait là et aussi quelle était la profession de ces hommes. Les voyageurs ne prirent pas la peine d'être discret en discutant ce qui permit à Zemsta d'entendre à peu près correctement ce qu'ils disaient malgré le bruit ambiant dans la taverne. Il comprit vite que ces hommes armés étaient des mercenaires en mission qui venait pour la première fois dans cette ville loin du cœur du Royaume à leurs yeux. Zemsta avait déjà entendu parler de la possibilité de devenir mercenaire mais cela ne l'avait pas plus intéressé que cela car la profession rappelait l'armée, la discipline et l'honneur en moins. Mais en écoutant de loin les récits de ses voisins de beuverie il se rendit compte que cette vie pouvait aussi être attirante pour quelqu'un qui ne supportait pas la monotonie. Et pour s'engager dans ce chemin avoir des antécédents militaires ne pouvait être qu'un avantage pour une fois.
Quand le groupe d'homme se décida à partir Zemsta mû par une énergie nouvelle se décida de quitter aussi la taverne pour suivre les mercenaires. L'idée générale était d'allez leur parler pour en savoir plus même si Zemsta ne savait pas vraiment comment aborder la conversation. Il choisit alors la solution la plus simple qui consista à rattraper le petit groupe et à demander qui en était le chef.
- Il se pourrait que ce soit moi, répondit un des hommes qui malgré sa petite taille était l'un des plus musclés de la bande. Tu as un problème mon gars ? Parce qu'on est un peu pressé tu vois ?
- Hum… Et bien j'aimerais savoir si vous ou un autre groupe de mercenaires recrutait en ce moment, ce n'est pas très courant par ici donc on a peu d'infos…
La franchise de cette demande surprit le chef des mercenaires qui n'était pas habitué à ce genre de chose, surtout dans une telle ville, les candidats ne se pressaient pas à la porte de son groupe. De son côté Zemsta n'avait aucune idée de la valeur et de la réputation de la petite bande mais c'était une occasion en or et il pensait qu'il serait toujours temps de se faire d'autres contacts plus tard.
Au lieu de répondre immédiatement le chef fit signe à Zemsta de le suivre jusqu'à l'endroit où son groupe passait la nuit pour pouvoir discuter plus calmement. Une fois qu'ils se trouvèrent dans une chambre d'auberge quelconque les deux hommes reprirent la conversation là où elle en était restée.
- Bien, à ta question je suppose que tu veux devenir mercenaire, donc j'aimerais savoir pourquoi et aussi en quoi tu pourrais être utile, aucune compagnie ne s'embarrassera d'une bouche inutile à nourrir…
Zemsta raconta brièvement qu'il était un ancien soldat et que la vie urbaine lui déplaisait au plus haut point et que cela expliquait pourquoi il voulait retrouver une vie un peu plus palpitante. Le mercenaire hocha la tête visiblement satisfait des réponses.
- On ne trouve pas grand monde en ce moment alors je veux bien te tester. Le groupe part dans deux jours pour escorter un convoi de marchandises… Ca te laisse le temps de préparer ton départ et de réfléchir à ta décision, on ne part pas en excursion à la campagne comme ces dames enfermées dans leurs châteaux. A oui au fait je m'appelle Davlen si jamais tu as besoin de me trouver avant.
Zemsta le salua avant de rejoindre son propre logement pour la nuit encore sous le coup de son audace de la soirée. Il était surpris d'avoir été accepté aussi facilement par Davlen mais changer d'horizon très bientôt le réjouissait particulièrement.


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Makubei

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MessageSujet: Re: Une histoire venue d'ailleurs Une histoire venue d'ailleurs Icon_minitimeMer 17 Aoû - 21:12

Chapitre 5 ~ Mercenaires


Pendant le délai de deux jours Zemsta réunit ses maigres affaires et quitta son emploi du moment malgré la colère de son patron qui pourtant ne se souciait pas beaucoup de ses travailleurs, sauf quand ils lui désobéissaient ou n'agissaient pas comme il voulait. En sortant son épée de sa cachète Zemsta ne put s'empêcher de se réjouir d'avoir sans doute bientôt des occasions de la manier. Malgré tout il avait quelques doutes sur le fait que l'esprit de la lame accepte de se joindre aux combats d'un mercenaire et cela le troublait. Mais vu qu'il n'aurait pas de réponses sur le champ Zemsta décida de remettre ces questions à plus tard.
Le jour du rendez-vous Zemsta découvrit que la troupe de Davlen dont il faisait maintenant à moitié parti allait devoir escorter un chargement de tissus et de bijoux précieux jusqu'à une ville située à une quinzaine de jour de trajet. Il s'agissait probablement d'un échange de biens précieux entre deux notables et la valeur de la cargaison indiquait que les hommes chargés de la protéger avaient de grosses responsabilités et ne pouvaient pas être mauvais dans la profession. C'était plutôt rassurant pour la nouvelle recrue qui n'aurait pas apprécié de tomber sur une bande valant à peine mieux que des brigands.
Ce premier trajet permit à Zemsta de découvrir la routine d'une escorte qui ressemblait par certains côtés à l'armée avec ses tours de garde et la vigilance constante dont on devait faire preuve. Par contre l'aspect et l'ambiance de la troupe était plus désordonné, il n'y avait pas d'uniforme ni d'armes standard, chacun avait son propre matériel ici. Les mercenaires discutaient aussi plus facilement et librement que les soldats qui eux pouvaient être surveillés par leurs officiers. Bien qu'il y avait quand même une hiérarchie dans cette compagnie de mercenaire, les "gradés" n'hésitaient pas à parler avec les autres et ne jouaient de leur autorité que pour organiser le travail et en cas de problèmes.
La plupart des mercenaires présents maniaient des armes comme des haches ou des épées, la présence de Zemsta et ses compétences sur les attaques à distance étaient donc un plus dans l'organisation et les possibilités stratégiques du groupe. Davlen lui possédait deux petites haches très maniables qu'il pouvait utiliser simultanément. Il n'hésitait pas non plus à en lancer une sur un ennemi et le soir lors des repas il prenait beaucoup de plaisir à faire des démonstrations en visant les pauvres arbres qui se trouvaient là. Zemsta aussi eu l'occasion lors de ces soirée de montrer ses talents et malgré le manque d'entrainement des derniers mois il s'en tirait encore plus qu'honorablement.
Passer de nombreuses heures à cheval pendant la journée alors que personne ne semblait vouloir s'en prendre à la marchandise était une excellente occasion pour discuter de tout et de rien avec les autres mercenaires. Pour le moment l'intérêt principal de Zemsta était axé sur la vie des mercenaires, leurs expériences et globalement tout ce qui pouvait lui être utile pour son avenir dans la profession.
D'après ses compagnons les attaques étaient rares au cœur du Royaume et dans les territoires des dirigeants les plus influents à la cour du prince George. Mais dans les régions les plus pauvres ou excentrées du Royaume qui n'avaient pas les moyens suffisants pour maintenir l'ordre il était beaucoup plus fréquent de combattre contre des groupes de brigands désespérés ou tout simplement cupides. Ces affrontements étaient souvent sanglants et nul ne pouvait être sûr d'y survivre tant ils étaient chaotiques. Parfois l'escorte repoussait l'attaque, parfois elle était submergée, c'était la loi du plus fort qui régnait alors. Les lois de la guerre ne s'appliquaient pas non plus ce qui laissait libre cours à des bains de sang même si un camp décidait d'abandonner le combat. Cet aspect des choses n'avait rien de rassurant mais d'après ce qu'il en disait les hommes de Davlen n'avaient jamais perdus beaucoup de compagnons dans de telles batailles.
La philosophie de ses nouveaux camarades intéressa aussi fortement Zemsta, ces derniers n'étaient pas uniquement dans le métier pour l'argent des récompenses offertes. La vie de mercenaire permettait aussi de vivre sans attaches, de voyager, d'être libre en quelque sorte. La sensation de liberté était aussi confirmée par la facilité pour les mercenaires de changer de groupe, de travailler seul ou d'arrêter quelques temps pour régler des histoires personnelles.
Bien que mal vus du pouvoir central les mercenaire facilitaient aussi la vie économique en palliant la faiblesse du gouvernement à protéger les échanges commerciaux dans le pays, l'armée et les polices locales étaient bien trop occupées à autre chose, notamment servir les intérêts exclusifs de quelques puissants. Les troupes participaient aussi directement au commerce en revendant et achetant des armes et autres objets utiles au combat, il existait même des marchés spécialisés dans ces domaines où les mercenaires pouvaient avoir des petits stands qui étaient des alternatives à ceux des gros fabricants. Là aussi cette partie de la vie des mercenaires ne plaisait pas car leurs activités étaient difficiles à contrôler et donc à soumettre à l'impôt contrairement à celle des grands marchands qui ne pouvaient pas être dissimulées à cause de leur taille bien plus importante.
L'idée d'échapper à beaucoup de contraintes, en particulier celles imposées par le gouvernement, n'était pas pour déplaire à Zemsta qui ne regrettait pas d'avoir choisi de devenir mercenaire au milieu d'hommes qui pour le moment semblait partager certains de ces idéaux et sa méfiance envers les instances dirigeantes du Royaume.
Les deux semaines pour atteindre la ville de livraison de la marchandise passèrent à une vitesse folle pour Zemsta qui découvrait son nouvel univers et était bien déterminé à continuer sur ce chemin. Davlen était satisfait de sa nouvelle recrue qui avait participé sans rechigner à la vie du groupe et avait accompli sa part de travail. Cependant il était encore trop tôt à ses yeux pour rendre un avis définitif surtout qu'il n'avait pas eu l'occasion de voir Zemsta à l'œuvre dans un véritable combat. Et il était essentiel pour le chef mercenaire de s'assurer que les hommes qu'il recrutait étaient efficaces au combat et surtout loyaux. Un fuyard, même doué, n'était d'aucune utilité quand il tournait le dos à l'ennemi.
Après un nouveau trajet sans difficultés particulières Davlen trouva enfin une mission digne de sa troupe et susceptible de dégénérer en combat. Il s'agissait encore d'escorter des marchandises précieuses mais il fallait pour rejoindre la destination de livraison traverser une épaisse forêt propice aux escarmouches. La réputation des lieux était mauvaise et il était fréquent que des cargaisons n'arrivent pas à bon port et pas forcément à cause de brigands, dans ce genre d'endroit un accident pouvait se produire rapidement et se perdre était facile au milieu d'arbres se ressemblant tous.
Davlen allait participer en personne et il choisit une dizaine d'hommes pour l'accompagner dont Zemsta car c'était sans doute une occasion de le voir en action. Jusqu'à la forêt tout se passa comme d'habitude dans une longue monotonie. Mais une fois à l'intérieur les choses se compliquèrent, les arbres étaient serrés et gênaient le passage du chariot qui contenait les marchandises ce qui obligea le groupe à ralentir fortement la cadence. La configuration de ces bois rendait aussi l'ambiance sombre et oppressante, la lumière du soleil avait du mal à atteindre le sol à travers l'épaisse végétation. Les mercenaires redoublèrent alors de vigilance, si un ennemi s'approchait il ne pourrait pas le repérer de loin comme dans les plaines. Pendant la durée de la traversé de la forêt la plupart des voyageurs ne dormaient que très peu ce qui s'ajoutait aux causes de tension déjà nombreuses. Les discussions ne duraient jamais bien longtemps non plus, chacun préférant se concentrer sur les alentours, et faire peu de bruit permettait aussi d'être plus discret pour éviter les ennuis.
Mais malgré les précautions prises par la troupe de Davlen le convoi avait été repéré par une petite bande de voleurs qui galvanisée par ses quelques succès des semaines passées s'apprêtait à attaquer de nouveau. La plupart de ces bandits étaient nés dans la région et avaient donc l'avantage de bien connaître le terrain et de bénéficier de l'effet de surprise. Par contre ils étaient moins bien armés que la troupe qu'ils allaient attaquer. Mais ils étaient devenus arrogants et voulaient s'en prendre à une cible plus importante que les précédentes malgré les risques.
Le paysan qui servait de chef aux voleurs avait décidé d'attaquer à la nuit tombée car cela lui paraissait une stratégie très inspirée bien qu'il n'y ai rien de novateur là dedans. Au-delà de cela son plan n'avait rien de subtil, il s'agissait juste d'un assaut furieux qui visait à tuer tout les membres de la faction adverse d'un soir. Pour mieux tenter d'impressionner leurs adversaires les bandits attaquèrent en hurlant ce qui se révéla une erreur monumentale.
Au lieu d'avoir l'effet de surprise avec eux les assaillants donnèrent suffisamment de temps aux mercenaires pour réagir en professionnels. Là ou de simples amateurs auraient étés paralysé par la peur ne sachant pas exactement d’où venait l'attaque, les hommes de Davlen saisirent immédiatement leurs armes et scrutèrent l'obscurité des bois pour détecter leurs assaillants.
Bien que l'environnement ne soit pas des plus propice à l'utilisation d'un arc Zemsta avait saisi le sien dans le but de tuer un des attaquants avant même que celui-ci arrive au contact d'un des mercenaires. L'occasion se présenta rapidement par l'intermédiaire d'un brigand armé d'une lourde masse en bois qui s'écroula comme si la foudre s'était abattue sur lui au moment où il fut transpercé par la flèche tirée par Zemsta. Une fois cela fait Zemsta ne pouvait plus prendre le risque d'utiliser son arc, les combat au contact avaient commencé et tirer dans ces conditions aurait inclus le risque trop important de tuer un allié.
Depuis qu'il avait découvert que beaucoup de mercenaires pouvaient porter des armes rares ou personnalisées, Zemsta avait cessé de cacher son épée rouge dans ses affaires pour la porter sur le côté. Il n'avait pas encore eu l'occasion de s'en servir depuis bien longtemps et il appréhendait ce moment étant donné qu'il ne savait pas ce qui allait se passer avec l'esprit cette fois là. Zemsta fut vite rassuré en ressentant la sensation habituelle quand il dégaina. Il regarda alors d'un œil mauvais le brigand qui s'avançait vers lui avant de le décapiter proprement d'un seul coup. Alors que sa victime ne s'était pas encore effondrée sur le sol Zemsta s'en détourna pour partir à la recherche d'un nouvel attaquant. Tous ceux qui croisèrent son chemin connurent un sort funeste et rapide, le mercenaire semblait comme possédé lors du combat et ne laissait aucune chance de survie aux voleurs.
Soudainement la forêt retrouva son calme quand le dernier attaquant tomba raide mort aux pieds de Davlen qui avait lui aussi abattu sa part d'attaquants. A ce moment là Zemsta reprit ses esprits et put observer les dégâts qu'il avait causé. Il se rendit compte qu'en temps normal il n'aurait pas atteint une telle efficacité et qu'il aurait passé plus de temps à tuer ses victimes. Il remercia alors intérieurement l'esprit de l'épée mais il ne reçut pas de réponse comme la dernière fois.
Pour la troupe de mercenaires il était aussi temps de tirer le bilan de l'échauffourée qui avait provoquée de nombreux morts. Le pire avait été évité grâce à la stupidité des attaquants mais leur nombre avait constitué un avantage non négligeable au début de l'affrontement. Malgré les qualités de ses combattants la troupe de Davlen comptait deux morts dans ses rangs et plusieurs blessés. Avant de quitter les lieux de la bataille les blessés reçurent des soins rapides, et les valides enterrèrent les morts. Les brigands ne portaient pas beaucoup d'or sur eux et leurs armes de piètre qualité seraient invendables donc le butin était quasiment inexistant. Perdre deux hommes pour cela était donc cher payé mais cela faisait parti de la dure vie de mercenaire.
Avant que la troupe reparte Davlen s'approcha de Zemsta et lui glissa quelques mots à l'oreille :
- Tu fais peur toi tu sais ? C'est que tu aurait presque buté autant de ces pauvres ploucs que moi, c'est pas courant ça.
Il s'agissait d'une sorte de compliment et Zemsta le prit comme tel. Cela était aussi sans doute favorable à une intégration définitive dans la troupe.
Après avoir fait le nécessaire sur les restes du combat la troupe repartit malgré le fait qu'il faisait désormais très sombre. Il fallait absolument s'éloigner du charnier qui allait faire venir à lui dans les prochains jours tout les charognards de la forêt ce qui attirerait l'attention sur les lieux. Et après une telle bataille les mercenaires n'avaient pas particulièrement envie d'affronter de nouveaux agresseurs.
Heureusement pour la troupe affaiblie elle ne rencontra plus âme qui vive durant le reste de la traversée à travers cet océan d'arbre. Les blessés profitèrent de la fin du trajet pour se remettre peu à peu mais ils n'étaient pas encore totalement opérationnels et par conséquent les autres redoublèrent de prudence pour éviter de potentielles attaques. Lorsque la ville de destination apparut aux regards des mercenaires ceux-ci ne purent s'empêcher d'être soulagés d'arriver enfin. La récompense était généreuse pour cette mission mais cela ne compenserait pas la mort des camarades perdus en route. L'ambiance était donc plutôt réservée et peu à la fête le soir de l'arrivée. Cela n'empêcha pas certains d'aller boire un coup et Davlen se permit d'annoncer que Zemsta pouvait intégrer définitivement le groupe.
Cette nouvelle ne souleva aucune contestation, chacun avait observé les qualités de la nouvelle recrue qui remplacerait à merveille les disparus. Davlen parla un peu de l'organisation globale de la troupe qui était bien plus vaste ce que laissait supposer les quelques voyages effectués par Zemsta. En réalité plusieurs groupes travaillaient pour Davlen et remplissaient des missions de différents types à travers plusieurs villes. Les hommes tournaient entre ces différentes structures, certaines permettant de participer à des objectifs plus tranquilles et moins risqués. Globalement chaque homme alternait les escortes à risque avec des périodes de repos plus ou moins longues. Les mercenaires étaient aussi amenés à garder des entrepôts ou à aider lors d'évènements locaux à assurer la sécurité quand les seuls gardes de la ville ou du village ne pouvaient pas faire face à l'affluence.
L'escorte de cargaisons restait ce qu'il y avait de plus risqué mais aussi de plus passionnant, un mercenaire participant à ce genre de mission pouvait voir beaucoup d'endroit du Royaume où il ne se serait pas rendu autrement. Logiquement c'était aussi ce qu'il y avait de plus rémunérateur.
Une fois toutes ces informations digérées Zemsta alla se coucher dans une chambre louée dans une auberge. Depuis la bataille dans la forêt il n'avait pas eu de moment pour se reposer complètement, la tension était trop forte pour cela. Et un lit était toujours mieux que le sol pour dormir. La fatigue aidant le mercenaire tomba dans un sommeil profond. Il commença alors à faire un rêve des plus étrange. Le guerrier se trouvait seul dans le noir et avançait lentement dans les ténèbres à la recherche de quelque chose mais il ne savait pas quoi, et une force mystérieuse guidait ses pas. Contrairement à ses songes habituels celui-ci paraissait beaucoup plus prenant à Zemsta qui ne savait pas bien comment décrire ce qu'il vivait à ce moment là.
Tout d'un coup le rêveur aperçut une forme orangée au loin comme s'il y avait un incendie au milieu de nul part. En approchant il se rendit compte qu'il s'agissait d'un sorte de créature mais il ne pouvait pas lui donner un nom car elle ne ressemblait à rien de connu. La bête d'une forme vaguement humanoïde était composée de flammes essentiellement mais aussi d'un vent qui agitait les flammes et entourait la créature ce qui empêchait de s'en approcher de trop près en plus de la chaleur.
Bien que perturbé par cette apparition Zemsta avait l'étrange pressentiment qu'il se trouvait en face de l'esprit enfermé dans son épée, une telle apparence correspondait bien à l'idée qu'il s'en était fait malgré lui sans trop y réfléchir. Maintenant Zemsta patientait, il voulait laisser l'esprit parler en premier si c'était bien lui.
- J'ai enfin trouvé la force de te parler sous ma véritable forme mon ami… Je vois que tu a survécu sans moi pendant quelques temps… C'est très bien… Maintenant je peux te donner plus de pouvoir si tu le désires…
- Avant de répondre j'aimerais poser moi aussi une question : pourquoi moi ? Je ne suis pas meilleur qu'un autre, et ne me bat pas plus que quiconque pour la liberté ou je ne sais quoi d'autre.
- Poser ce genre de question signifie déjà beaucoup… La plupart de tes congénères humains auraient saisi l'occasion sans réfléchir par avidité du pouvoir… Ce n'est pas ton cas, je sais donc que tu utiliseras mes compétences autrement que pour dominer les autres. Et même si tu n'agis pas encore activement pour le moment sache que penser est déjà une forme de rébellion dans ce monde impitoyable… Avec l'expérience des âges je sais aussi reconnaitre ceux qui sortent de l'ordinaire même s'ils ne le savent pas encore…
- Merci de m'avoir répondu, j'espère me montrer digne de votre pouvoir.
- Je n'en attends pas moins de toi…Maintenant tu ne devrais plus avoir aucun mal à utiliser ma force librement et comme tu le désires…
A ce moment là l'esprit disparut et Zemsta se réveilla dans son lit en ne sachant pas si tout cela était un rêve ou bien une rencontre réelle où qu'elle avait pu avoir lieu dans cet obscurité déconcertante. Pour en avoir le cœur net Zemsta alla chercher l'épée et rien qu'en touchant la garde il ressentit l'agréable chaleur qui accompagnait normalement l'usage des pouvoirs de l'esprit. Alors que d'habitude il ne se déclenche qu'en combat la présence du pouvoir dans une simple chambre d'auberge sans qu'aucun danger ne menace était une preuve suffisante que la rencontre avait bien eu lieu.
Zemsta était aussi surpris que lors des précédentes rencontres avec la force de l'esprit et maintenant il se demandait aussi ce qu'il y avait d'exceptionnel en lui. Déjà le magicien rencontré dans la citadelle lorsqu'il avait utilisé la lame au hasard lui avait dit qu'il n'était sans doute pas quelqu'un d'ordinaire. A l'époque le soldat n'avait pas tenu compte de ces paroles mais aujourd'hui le mercenaire se demandait ce qu'il allait faire à l'avenir pour "mériter" ce genre de remarque.
Mais pour le moment Zemsta se sentait toujours fatigué et pas d'humeur à réfléchir, il se rendormit donc avec la volonté d'en apprendre plus les jours prochains. Le lendemain il était en pleine forme et n'avait pas d'obligations par rapport au travail. Dans l'idée de connaitre un peu mieux les capacités de sa lame, Zemsta s'éloigna de la ville et se réfugia dans une colline éloignée où il espérait ne pas être dérangé.
Comme l'esprit le lui avait promit le pouvoir était maintenant présent à la demande du propriétaire légitime de l'épée. Comme si cela lui était naturel Zemsta se mit alors à tester différentes attaques magiques possibles, la visite nocturne de l'esprit lui avait aussi permit de léguer au guerrier toutes les techniques utilisables. Comme par fidélité à l'aspect physique de la créature magique la lame pouvait aussi bien s'enflammer que lancer des lames de vent à distance. La panoplie de coups offerte était vaste et pouvait surtout répondre à de multiples situations. Le vent ou les flammes pouvaient repousser plusieurs ennemis, renforcer la force de frappe de l'épée ou lancer des projectiles magiques. Le vent avait pour lui l'avantage d'être moins visible mais le feu avait l'avantage de la puissance et de l'ampleur.
Avec une telle puissance un guerrier solitaire pouvait à lui tout seul venir à bout de plusieurs opposants expérimentés sans aucuns soucis. Par contre l'utilisation de la lame de cette façon était épuisant, en cas de réel surnombre et d'abus d'attaques utilisant l'esprit Zemsta savait qu'il ne survivrait pas en étant seul. Au final la magie renforçait grandement la force de l'homme qui la maniait mais ne permettait pas non plus des miracles.
Renforcé par ces nouvelles possibilités offertes à lui Zemsta repartit vers la ville pour rejoindre ses nouveaux camarades de la troupe à Davlen. Par la suite il reprendrait son quotidien de mercenaire en comptant bien briller au combat. Le groupe de mercenaires auréolé de ses victoires dans plusieurs missions difficiles allait recevoir beaucoup de nouvelles propositions et il faudrait être plus fort que jamais pour relever ces nouveaux défis.
Maintenant un membre à part entière Zemsta participa à de nombreux combats contre d'autres voleurs mais aussi contre d'autres mercenaires peu scrupuleux qui étaient payés pour récupérer des marchandises ou les détruire pour ruiner tel ou tel commerçant. Davlen trouvait ce genre d'assaut absolument pas honorable et n'acceptait pas de voir ses hommes participer à de telles exactions. De plus les mercenaires déjà mal vus avaient tout à perdre à se désunir pour se combattre de la sorte. Mais l'appât du gain dépassait chez certains ce genre de considérations éthiques.
Lors de ces combats Zemsta utilisait parfois des frappes magiques, surtout celles de vent qui bien dosées ne se remarquait pas dans la fureur d'une bataille à moins de prêter une grande attention à ce que faisait Zemsta. Le style de combat qui en résultait était des plus offensif et efficace ce qui ne pouvait que plaire à ceux qui combattaient au côté de l'ancien soldat. Tous se réjouissaient de l'avoir comme allié plutôt que comme ennemi. L'absence de peur et l'impassibilité de Zemsta devant les horreurs des combats participaient aussi à sa réputation d'homme impitoyable.


Chapitre 6 ~ Frère spirituel


N'étant pas des plus causants sur des sujets comme les femmes ou l'alcool Zemsta ne se rapprocha réellement que de quelques uns des hommes du groupe de Davlen. Le chef lui-même comptait parmi ceux avec qui Zemsta pouvait discuter et aborder des sujets un peu plus sérieux comme la dureté de la vie actuelle dans de nombreuses régions du Royaume. Davlen n'était pas vraiment d'accord avec tout ce qui se passait d'un point de vue politique, il était même un râleur invétéré, mais l'idée de faire quelque chose pour y remédier n'était pour lui que des chimères sans aucun espoir de réussite. La plupart des mercenaires qui s'intéressait aux choses de la vie publique en étaient pour la plupart insatisfaits mais à l'instar du chef il ne faisait que se plaindre sans proposer de solutions.
Le seul homme que Zemsta rencontra qui prônait discrètement les vertus de l'action n'était pas originaire du Royaume même s'il y était né. Il se nommait Katsu et devint le plus proche ami de Zemsta pendant cette période. Katsu était plus âgé que Zemsta et connaissait de nombreuses rumeurs sur les dessous de la vie politique du Royaume. Il possédait également des notions de philosophie et d'histoire en relation avec la politique.
Sur les conseils de Katsu qui ne partait pas toujours avec lui en mission Zemsta commença à lire de nombreux ouvrages quand il restait quelques jours dans une ville. Au lieu de se souler dans des tavernes le mercenaire se rendait dans les bibliothèques pour agrandir ses connaissances. L'histoire des Héros Fondateurs du Royaume devint rapidement celle qui passionna le plus Zemsta à cause de leurs idéaux. Ces guerriers devenus légendaires voulaient créer une terre où la notion de tyrannie serait exclue et où la liberté de chaque homme serait garantie. Les Héros donnaient aussi leurs avis sur comment le Royaume devait être organisé et sur la façon dont devait se comporter les futurs dirigeants.
Après avoir recoupé ses sources pour être certain de ce que signifiaient les paroles des Fondateurs Zemsta en arriva à la conclusion que si ceux-ci par un miracle quelconque pouvaient revenir voir ce qui se passait à l'heure actuelle ils seraient horrifiés de voir à quel point leurs descendants les avaient trahis. Le fait d'avoir voyagé aux quatre coins du pays et surtout dans ses endroits les moins fréquentables avait donné à Zemsta une image très noire de sa patrie qui ne pouvait pas correspondre à celle idyllique décrite dans les récits anciens.
Bien que sa rage devant le mépris et l'étalement de richesse des dirigeants augmentait Zemsta n'avait pas encore d'idée de la façon d'agir alors pour le moment il se contentait d'essayer de répandre son point de vue en parlant avec ses camarades ou des personnes rencontrés lors du travail. Les discussions avec Katsu devinrent aussi de plus en plus animées et intéressantes, les deux complétaient souvent les idées de l'autre et pouvaient se défouler ensembles.
L'attention de Zemsta se porta aussi plus facilement sur le comportement de ceux chargés de faire respecter la loi, c'est à dire les gardes des polices locales mais surtout les hommes employés directement par le gouvernement pour faire transmettre sa volonté à travers tout le pays. Ces agents disposaient de grandes responsabilités mais pour compenser ils avaient aussi de nombreuses prérogatives. La plupart des dirigeants des territoires du Royaume se pliaient à leurs volontés par crainte du courroux royal ou plus probablement de celui du prince George qui occupait une place de plus en plus prépondérante dans la vie du pays.
Pour Zemsta le gouvernement central avec de telles dispositions était bien trop puissant et ne laissait pas assez de place aux régions et aux villes où la gestion plus proche des problèmes pouvait être plus efficace. La décadence du comportement global des élites était aussi à mettre sur le compte des autorités nationales selon le mercenaire, ils avaient par leur mauvais exemple et l'absence de contrôle sur ce sujet inspirés les autres à les suivre sur une mauvaise pente.
Les sujets de mécontentement devenaient de plus en plus nombreux mais pour le moment la situation du Royaume restait calme, aucun incident grave n'était à déplorer. Même si la criminalité n'était pas endiguée efficacement puisqu'il fallait recourir à des mercenaires pour certains voyages tout le monde était d'accord sur un point : le prince George serait d'une sévérité exemplaire contre quiconque oserait s'en prendre non pas à de simples commerçants ou voyageurs mais aux intérêts du gouvernement. Cette façon de penser ne faisait que renforcer l'idée que le prince se souciait plus de ses proches que des simples citoyens puisqu'il n'utilisait pas toutes les capacités du pays pour s'occuper du quotidien du peuple en préférant se protéger lui-même.
Mais ce calme relatif ne pouvait plus durer et la véritable nature du régime n'allait pas tarder à éclater au grand jour alors que des rumeurs sur des malveillances commises des hommes du gouvernement circulaient de plus en plus régulièrement.
Pour le moment les troupes de mercenaires n'étaient pas concernés directement par ces changements subtils d'ambiance au cœur du Royaume mais il y avait une forte pression sur les représentants du peuple pour donner des limites aux activités des mercenaires souvent accusées injustement d'être la source de problèmes. Bien que certains étaient des voyous la plupart des mercenaires respectaient les lois générales du Royaume même s'ils en contournaient certaines pour augmenter un peu leurs revenus.
Les conséquences de ce climat de méfiance furent de plus en plus visibles, la liste des clients de Davlen diminuait de jour en jour et les revenus baissaient eux aussi dans une implacable suite logique. La vie devenait plus dure ce qui était une nouveauté dans un milieu jusqu'à présent florissant. Ceux qui avaient d'autre possibilités pour travailler retournaient souvent près de leurs familles pour découvrir que les autres secteurs économiques étaient aussi affaiblis, les conditions climatiques n'avaient pas étés une fois de plus très favorables.
Pour la plupart les hommes de Davlen ne savaient que manier leurs armes, par conséquent peu d'entre eux décidèrent de partir. Cela n'arrangeait pas les affaires du chef qui se devait de trouver des occupations à tous et surtout leur permettre de vivre correctement. Bien évidemment Zemsta et Katsu étaient resté fidèles au poste et s'habituaient tant bien que mal aux restrictions en cours. Ils avaient conscience qu'il y avait de bien pire situations que les leurs mais ils ne pouvaient s'empêcher de continuer à blâmer les autorités.
Le manque d'action minait le moral de pas mal de mercenaires qui parfois occupaient provisoirement des postes vacants pendant quelques jours dans les villes qu'ils traversaient. Zemsta se refusait à le faire car cela lui aurait rappelé trop de mauvais souvenirs. Pour s'occuper lui et Katsu partaient parfois s'entrainer des heures durant et apprenaient leurs techniques à l'autre. C'est ainsi que Zemsta apprit à se servir de projectiles comme des shurikens qui étaient d'après ses dires très courant dans la contrée d'origine de Katsu. Déjà doué avec un arc Zemsta n'eut aucun mal à se servir de ce nouveau type d'arme très utiles pour viser à moyenne distance un adversaire. Et contrairement à un arc ces armes de jet pouvaient être utilisées très rapidement et dans des espaces étroits. Katsu connaissait aussi quelques plantes intéressantes pour un combattant que ce soit pour le soigner ou augmenter ses capacités. Mais en général les effets secondaires réservaient l'usage de ces potions aux combats désespérés.
Les savoirs de Katsu étaient bien supérieurs à ceux d'un mercenaire ordinaire et Zemsta avait émis l'hypothèse que celui-ci venait d'une famille riche de son pays qui avait dû fuir pour des raisons inconnues. Cette aura de mystère rendait le personnage de Katsu charismatique auprès des plus jeunes comme des plus anciens. Comme Zemsta il restait d'un calme souverain même dans les moments les plus durs mais les observateurs attentifs pouvaient entrapercevoir chez lui une rage bien contenue. Chez Zemsta cette rage grandissait aussi de plus en plus mais restait encore discrète.
De la lassitude commençait à se faire sentir chez Zemsta qui s'ennuyait de plus en plus et se posait de nombreuses questions sur l'avenir du mercenariat et du Royaume en général. L'insouciance de ses camarades qui pensaient que les choses allaient bien s'arranger un jour tapait de plus en plus sur les nerfs de Zemsta qui savait très bien que jamais dans l'histoire les situations délicates se résolvaient d'un claquement de doigts. La proximité des autres et leurs discussions futiles révulsaient désormais Zemsta qui préférait rester seul la plupart du temps.
Un soir alors qu'il allait voir Dalven pour lui demander s'il y avait du travail pour les jours à venir Zemsta sentit qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas, le regard du chef était bien plus sombre qu'a l'ordinaire.
- Il se passe quelque chose de grave chef ? questionna Zemsta en espérant que son interrogation ne provoque pas l'énervement de Davlen qui se contenta en fait de soupirer au lieu de se mettre en colère.
- Un des groupes que j'avais envoyé vers l'est s'est fait décimer par une compagnie rivale. Ils étaient bien plus nombreux et ont tués nos hommes comme des chiens ces salauds ! Le carnage a eu lieu pas loin d'ici et c'est vraiment pas beau à voir…
L'amertume dans la voix de Davlen était plutôt inhabituelle chez ce guerrier qui avait plus pour philosophie de contre attaquer que de se morfondre, mais il semblait que c'était la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase de la tristesse chez lui. Mais les mauvaises nouvelles n'étaient pas encore terminées pour Zemsta.
- Ton ami Katsu était parmi ceux chargés de cette mission et il est mort avec les autres. Comme vous étiez plutôt potes tu pourras récupérer son équipement et en faire ce que tu veux. De toute façon tu dois être le seul à savoir te servir de ses machins.
Le chef mercenaire ajouta tout bas qu'il était désolé, ce qui semblait étrange de la part d'un tel personnage qui n'hésitait pas à tuer quand c'était nécessaire.
La nouvelle de la mort de Katsu assomma Zemsta qui perdait là son seul véritable ami qui était devenu comme un frère pour lui. Déjà bien bas à ce moment là le moral de Zemsta diminua encore plus après cet annonce. Désormais le mercenaire se sentait de moins en moins à sa place dans la troupe de Davlen et même plus généralement dans un monde qu'il appréciait plus que très peu après avoir multiplié les désillusions.
Afin de prendre un peu de distance avec sa vie de mercenaire Zemsta décida de chercher où vivait la famille de Katsu pour pouvoir lui annoncer sa mort et leur ramener quelques biens du défunt. Davlen ne fut pas vraiment surpris par cette demande à laquelle il ne pouvait pas s'opposer, il n'avait de toute façon pas grand-chose à proposer à ses hommes après la dernière déroute.
Zemsta reprit alors la route en solitaire, ce qu'il n'avait pas fait depuis quelques temps mais cela n'avait rien de désagréable. L'hiver allait bientôt arriver et la nature était plus belle que jamais cet automne là. Zemsta apprécia particulièrement le calme qui se dégageait pendant cette période de l'année. Il se dirigeait tranquillement vers une région côtière dont Katsu lui avait souvent parlé et où il avait dû passer son enfance.
Après être arrivé dans un port important où il avait eu l'occasion de passer en tant que mercenaire Zemsta commença à chercher quelques informations sur là ou pouvait se trouver la famille de son ami décédé. La piste la plus probable qui se dégageait était celle qui menait à une ville de taille plus modeste qui accueillait bon nombre d'étrangers qui avaient immigrés au Royaume.
Une fois sur place Zemsta trouva facilement là où se rendre, visiblement Katsu s'était fait connaitre plus jeune et pas forcément que en bien. Son ami avait à plusieurs reprises bravé l'autorité du maire de la ville ce qui n'avait pas plu à tout le monde et avait obligé le bouillant contestataire à partir sous la pression de ses proches. Apprendre sa mort n'allait donc pas être d'une grande tristesse pour ces gens mais maintenant qu'il était là Zemsta décida tout de même d'allez les voir.
La rencontre ne dura pas longtemps car effectivement la fin tragique de Katsu était plus un soulagement qu'autre chose dans sa famille qui se révéla être obsédé par les traditions de son pays d'origine et par l'obéissance. Cependant les parents de Katsu accueillirent Zemsta correctement et l'hébergèrent même pour la nuit. Le peu de temps qu'il passa là bas permit à Zemsta de comprendre un peu mieux celui qui était maintenant plus qu'un souvenir. Cette famille était sans doute d'origine noble et avait bien éduqué Katsu ce qui expliquait les multiples talents et savoirs de celui-ci. Mais au lieu de se plier à une tradition rigoureuse il avait fait le choix de la rejeter pour vivre sa vie au lieu d'être enfermé dans un univers limité par les obligations familiales et religieuses.
Cependant Katsu n'était pas détesté par toute la communauté, un petit nombre de jeunes se sentaient inspiré par lui et ils ne voulaient pas non plus se contenter de vivre comme leurs parents, ils désiraient eux aussi se créer leur propre chemin. L'histoire de Katsu était une source de réflexion intéressante et Zemsta en conclut que la rébellion était peut être impuissante au premier abord mais qu'elle pouvait aussi servir d'exemple à d'autres.
Maintenant qu'il avait accompli sa tâche en ces lieux Zemsta décida de repartir un peu au hasard, il avait économisé assez d'argent pour survivre quelques temps tranquillement. Chemin faisant Zemsta arrive dans une ville normalement des plus tranquilles mais qui était alors l'épicentre d'une sordide affaire qui allait devenir de la première importance.


Chapitre 7 ~ Semer les graines de la colère…


Un important commerçant de la ville avait été accusé de meurtre par un enquêteur du gouvernement central mais au lieu d'être acceptées ces accusations étaient remises en doute par de nombreux habitants de la ville qui connaissaient bien l'accusé. A vrai dire ils pensaient même que l'agent envoyé par les dirigeants pour faire appliquer la loi était lui-même le responsable du meurtre de la femme assassinée sans témoin autre que l'agent en question.
La police de la ville rapidement débordée par la tournure des événements se vit alors remplacer provisoirement par une division d'élite envoyée pour protéger l'agent du gouvernement à l'origine des troubles. Là ou les hommes de la police locale pouvaient espérer à terme apaiser leurs concitoyens car ils les côtoyaient quotidiennement, la division spéciale ne se souciait pas de leur avis et agissait de façon brusque en ordonnant aux habitants de rester chez eux et de pas faire de réunions pour critiquer les derniers rebondissements de l'affaire.
Rien ne pouvait plus arrêter l'escalade de provocations mutuelles et ce qui devait arriver arriva : une bataille rangée éclata lors d'une manifestation de soutien à l'homme soupçonné de meurtre. La confusion était telle que personne ne savait qui exactement avait dégainé une arme en premier et après les faits chacun incrimina l'autre camp d'être responsable du désastre. Il y avait eu des morts aussi bien du côté des manifestants que des agents de la division spéciale qui avaient cependant subit des pertes moins importantes car contrairement aux manifestants ils étaient tous armés et experts en combats. La division spéciale décida tout de même de se replier à l'extérieur de la ville, lutter contre des citoyens fous furieux qui ne reculaient devant rien dans la rue et ceux qui jetaient ce qui leur passait sous la main par les fenêtres pour assommer leurs agresseurs n'était pas l'idéal même pour une unité d'élite.
En attendant des ordres nouveaux la division spéciale encercla la ville pour empêcher ses habitants de s'enfuir. Reclure la ville entière était le meilleur moyen de faire parler de la situation, car l'absence totale de nouvelles ou d'échanges avec celle-ci se remarqua très vite dans la région, puis la rumeur aidant le Royaume entier avait entendu parler de la ville assiégée.
Les lieux devinrent rapidement une scène d'un spectacle des plus morbide, les spectateurs arrivaient par petits groupes pour observer ce qu'il allait advenir de la ville qui avait osez contester un abus de pouvoir manifeste. Zemsta qui n'était pas très loin quand les troubles avaient commencé faisait parti de ces observateurs qui attendaient le dénouement. Par contre lui était intéressé par la façon dont le gouvernement choisirait de régler le problème et pas par une éventuelle effusion de sang.
L'importance de ce qui se déroulait avait même provoqué le déplacement de quelques hauts responsables du Royaume placés sous haute protection. Pour le moment la négociation était officiellement prônée mais le nombre d'hommes en armes qui surveillaient la ville ainsi que les spectateurs laissait planer quelques doutes.
La situation en ville était plus complexe qu'il n'y paraissait, tout les habitants n'avait pas voulu la révolte, certains restaient fidèles au gouvernement. Mais les surveillants de la ville ne les laissèrent pas partir pour autant ce qui augmenta les dissensions internes chez les assiégés. Le maire de la ville était à la surprise des représentants du pouvoir devenu le leader de la rébellion. Son but était de ramener le gouvernement à la raison et de trouver un terme pacifique à cette histoire. Pour cela il avait posé une condition : les accusations injustes devaient être levées et aucun citoyen de la ville ne devrait être condamné pour ce qui s'était passé avec la division spéciale.
La grande majorité des personnes qui regardaient de loin le conflit pensaient que ces demandes étaient plutôt raisonnables, le maire voulait éviter les représailles contre sa ville et obtenir une petite victoire contre le gouvernement pour ne pas trahir ses concitoyens. Mais les représentants du Royaume ne l'entendaient pas de cette oreille, ils ne voulaient pas pardonner l'affront fait à la division spéciale et la contestation de l'autorité de l'un de leurs agent. Pour eux la ville devait livrer ceux qui étaient à l'origine des troubles afin que le blocus cesse. Chacun campait sur ses positions et la situation fut bloquée de nombreux jours durant. La ville disposait de réserves de nourriture importantes à la veille de l'hiver donc elle pouvait très bien tenir pendant des mois sans approvisionnement extérieur en faisant attention aux stocks.
Un jour de plus passé apparaissait comme une victoire pour les assiégés et comme un signe de faiblesse de la part du gouvernement qui n'avait pas intérêt à faire trainer l'affaire en longueur. Pour ces raisons, mais aussi par énervement peut être, les meneurs du siège décidèrent de passer à l'offensive et d'aller chercher eux même en ville les responsables de ce qu'ils appelaient une émeute.
Alors que le soleil se levait faiblement sur une matinée hivernale des soldats appelés en renfort s'apprêtaient à partir à l'assaut pour mettre un terme à une situation inacceptable aux yeux des fanatiques du pouvoir. Les hommes enfermés en ville avait eu la bonne idée d'installer des tours de garde et les sentinelles allèrent réveiller immédiatement les autres habitants pour les prévenir de l'arrivé imminente de l'armée.
Les citadins comme les spectateurs eux aussi réveillés par ce qui ce passait ne savaient pas quelles étaient les intentions exactes du détachement qui avançait à présent vers les faubourgs. Zemsta craignait le pire pour la suite de la journée, une telle force ne pouvait être perçue que comme une menace, pas comme un groupe venant juste arrêter quelques personnes.
Pour ceux venus voir comment se déroulerait le siège la suite ne fut qu'un long spectacle horrifique. Chacun était pétrifié devant ce qu'il voyait devant lui et nul ne pensa à réagir tellement c'était improbable. Quand les assaillants arrivèrent aux portes de la ville quelques citadins tentèrent de leur parler désarmés mais ils furent alors tués sans aucune hésitation par le commandant des soldats du Royaume. A partir de là la matinée sombra dans le chaos le plus total. Des bruits émanaient de la ville et même de loin les spectateurs devinèrent qu'il s'agissait de ce qui se passait lorsqu'on tentait de réduire une ville en ruine. Par contre les cris de souffrance des malheureux qui se faisaient massacrer n'atteignaient pas le public qui était trop éloigné. De la poussière et des flammes finirent aussi par sortir de la cité dévastée.
En quelques heures le silence s'abattit de nouveaux sur les lieux comme sur un tombeau et tous ceux présents comprirent qu'il ne restait plus d'habitants vivants à moins que les soldats n'aient voulu en épargner quelques uns. A la surprise générale quand la troupe d'assaut sortit de la ville elle transportait avec elle quelques prisonniers qui avançaient lentement. Mais leur nombre était extrêmement faible par rapport à la population de la ville.
La stupeur s'estompa alors du visage des spectateurs qui se regardèrent entre eux pour savoir si ce qui venait de passer était bien réel et s'ils n'avaient pas rêvés. La terrible conclusion qui s'imposait était que le gouvernement venait de mettre à mort ses propres habitants pour une histoire qui n'aurait jamais dû dépasser le stade d'une simple enquête locale.
Alors que la foule commençait à bruisser de rumeurs et de colère une unité de cavalerie s'approcha avec à sa tête un messager. L'envoyé des commandants du siège ne prit même la peine de descendre de cheval ni de saluer la foule avant de délivrer son message :
- Après avoir subit pendant de longs jours l'affront fait par une bande de perturbateurs nos troupes ont étés envoyés dans la ville où ils se réfugiaient pour allez les arrêter. Mais nos hommes ont étés lâchement attaqués par des fourbes cachés parmi une population de toute façon hostile au gouvernement du Royaume. Par conséquent le capitaine chargé de pénétrer dans la ville à pris les mesures qui s'imposaient afin de réduire à néant ce nid de subversion. Ce déroulement des faits a été validé par un représentant officiel du gouvernement et est donc la seule version valable, tout autre façon de présenter les évènements serait une trahison envers notre patrie.
Sur cette menace à peine voilé le messager fit faire un demi-tour à sa monture et repartit vers le campement du Royaume. Zemsta avait entendu le discours dans son intégralité car il se trouvait assez près du messager quand il avait parlé mais ce n'était pas le cas de tout le monde. Le message fut alors répété maintes fois pour ceux qui ne l'avaient pas entendu.
La foule commença alors à se disperser puisqu'il n'y avait plus rien à voir. Zemsta décida aussi qu'il était temps de partir avec désormais de nouveaux objectifs en tête. Avant de passer derrière une colline qui lui cacherait la vue Zemsta jette un dernier regard sur la ville martyre, même de là les stigmates du carnage se faisait sentir… Il ne restait que des cendres et des pierres calcinées de la fière cité d'Oveska.
Les dirigeants du Royaume avaient dépassés la limite et de loin ce jour là. Zemsta était à présent bien décidé à agir. Ce qu'il avait vu était inacceptable à ses yeux et il comptait bien le faire comprendre au gouvernement. Et face à la violence le seul langage que connaissait Zemsta était celui de la force. La vengeance apparaissait maintenant comme sa seule raison de vivre, reprendre sa vie d'avant après avoir assisté au siège d'Oveska lui paraissait inenvisageable.
Mais avant d'agir le désormais ancien mercenaire savait qu'il devrait trouver la méthode la plus efficace pour le faire, ou tout du moins se donner les moyens de faire parler de ses actions à travers le Royaume dans son ensemble.

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Makubei

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MessageSujet: Re: Une histoire venue d'ailleurs Une histoire venue d'ailleurs Icon_minitimeMer 17 Aoû - 21:13

Chapitre 8 ~ …Attendre la tempête…


Attaquer tout seul le siège du gouvernement ou l'une de ses dépendances était inenvisageable même avec l'aide de l'esprit. Arriver sur place en tuant une palanquée de garde ferait au mieux passer Zemsta pour un dingue et son message serait perdu. Recruter des hommes pour mener une telle attaque était de l'ordre du rêve, personne ne serait assez fou pour se sacrifier ainsi. Ne pouvant compter que sur lui-même Zemsta se devait de trouver une arme qui lui permettrait de causer des ravages en solitaire. La réponse s'imposa d'elle-même, seule la magie pouvait remplir ce rôle.
Zemsta n'était pas magicien mais il pouvait se servir d'une arme utilisant un esprit grâce à sa volonté. Il avait aussi lu que ceux dépourvus de don pour pratiquer la magie pouvaient tout de même se servir d'artefacts destructeurs sur le même principe que l'utilisation de l'épée. L'effet était peut être réduit en comparaison avec un véritable sort mais cela pouvait parfaitement suffire à de nombreux usages. Dans le cas de Zemsta il lui faudrait se procurer quelque chose de réellement puissant et donc à son avis de plutôt rare.
Les connaissances de Zemsta dans les sciences surnaturelles étaient limitées car il ne les avaient pas étudiées de près mais il avait tout de même lors de ses passages en bibliothèque fait des recherches sur ce qui concernait les armes hantés par une créature magique et ce faisant il avait découvert tout un tas d'autres choses qui semblaient inutiles à l'époque mais qui pouvaient se révéler utiles désormais. Zemsta ne se souvenait pas de tout mais il se rappelait des quelques endroits où il en avait le plus lu sur le sujet. Il était pour lui temps d'y retourner pour retrouver ces précieuses informations afin d'élaborer un plan infaillible.
L'endroit le plus indiqué pour se renseigner sur la magie se trouvait au cœur du Royaume près d'un centre de formation pour les apprentis magiciens. Les lieux étaient contrôlés par des agents du gouvernement mais il était possible pour un simple citoyen d'entrer en payant son ticket d'entrée. De nombreux ouvrages racontaient aussi l'histoire du pays ce qui justifiait un accès possible pour le plus grand nombre bien que les plus pauvres étaient de fait exclus.
Pour ne pas éveiller l'attention Zemsta prenait soin de ne pas emporter avec lui à une table de lecture que des ouvrages portant sur des objets dangereux, il empruntait aussi des livres sur l'histoire, la géographie ou autre pour dissimuler son véritable intérêt du moment. Au bout de quelques jours il en savait suffisamment pour reprendre la route.
La plupart des sources sur les artefacts de puissance s'accordaient sur une chose : seul un pratiquant des plus doués pour la magie pouvait en créer un s'il disposait des composants nécessaires. Le problème était donc maintenant de trouver la bonne personne qui combinerait la puissance nécessaire et la volonté de le faire. Au pire la menace et le chantage pouvait tout à fait se substituer à l'envie….
Le fait d'avoir traversé de part et d'autre le Royaume donnait une bonne idée à Zemsta des lieux où il pourrait trouver des magiciens qui n'étaient pas au service du pouvoir. Une des régions du Royaume avait pour réputation d'abriter des individus dangereux qui se cachaient dans ces terres à la géographie complexe. C'était le lieu idéal pour trouver de quoi formenter une attaque contre le Royaume en toute discrétion. Afin de trouver la bonne personne Zemsta était prêt à payer cher une information sur sa localisation et il avait décidé qu'il pouvait sacrifier la plupart de ses économies dans la réalisation de son plan.
Pour s'aider dans sa recherche Zemsta rendit visite à des contacts utilisés par les mercenaires pour trouver du travail ou savoir comment évoluaient la situation dans un territoire donné. Ces informateurs étaient souvent au courant de tout ce qui se passait d'étrange et ils pouvaient donner des renseignements sur des tas de personnes. Celui que rencontra le mercenaire retraité n'hésita pas à mettre en garde son interlocuteur. Les rares magiciens planqués dans le coin n'aimaient qu'on leur rende visite et ils n'avaient confiance en personne et par conséquent personne ne savaient où ils se cachaient réellement.
Ceux qui acceptaient les visites s'entouraient de précautions et obtenir un rendez vous n'avait rien d'évidant. Zemsta estimait qu'il n'avait pas le temps de passer par cette voie là, il demanda donc à l'informateur de lui donner les vagues indications sur la position du magicien le plus puissant du secteur. D'après la rumeur il s'agissait en fait d'une sorcière qui avait l'immense honneur d'être la personne la plus crainte de la région. Sa planque se situerait dans une grotte sur les contreforts de montagnes éloignées des villes.
Les sains d'esprits évitaient de se promener par là, la nature était des plus sauvages et il pleuvait aussi souvent ce qui n'arrangeait rien. Des conditions de voyage délicates ne terrifiait en rien Zemsta qui partit donc à la recherche de la diabolique bonne femme avec d'aussi maigres informations, il avait sa petite idée sur comment la trouver par la suite.
Quand l'informateur avait décrit les endroits à traverser pour s'approcher de l'antre de la sorcière il n'avait pas menti sur le caractère sauvage. La végétation nourrit par des trombes d'eau était des plus touffues et de redoutables bestioles rôdaient de nuit comme de jour. Faisant abstraction du fait qu'il était trempé et commençait à trembler de froid Zemsta continuait à s'enfoncer dans ces terres hostiles loin de toute civilisation. Il devait admettre que pour échapper au contrôle du pouvoir les lieux étaient particulièrement indiqués.
Enfin Zemsta se retrouva au pied des montagnes où devaient se trouver la grotte recherchée. Il était maintenant temps de réaliser l'idée qui lui était venue en tête pour la trouver à coup sûr. Le voyageur sortit sa lame de son fourreau et se concentra pour appeler à lui la force de l'esprit. Puisqu'il s'agissait d'une créature aux pouvoirs incommensurable elle devait être capable de détecter les autres adeptes de la magie en étant suffisamment près d'eux… Ou dans une zone dépeuplée où la simple présence d'un être humain se remarquait.
L'intuition de Zemsta sur cette possibilité de recourir à l'épée se révéla bonne, et maintenant son instinct lui disait dans quelle direction se diriger. Après quelques nouvelles heures de marche l'épée à la main pour garder le lien avec sa destination le guerrier épuisé se retrouva devant l'entrée d'une grotte dont provenait une faible lumière. Zemsta rengaina son épée maintenant qu'il était sûr d'être bien arrivé la où il le fallait. Il s'aventura alors dans la cavité naturelle pour aller à la rencontre de celle qu'il recherchait.
La lumière était en fait celle d'un vaste feu dont la fumée était évacuée par une excavation dans la paroi de la grotte. La sorcière se trouvait près des flammes et elle observait d'un œil critique son visiteur. Zemsta n'aurait su lui donner un âge exact à cause de l'aura qui entourait la femme et voilait l'impression qu'on pouvait se faire d'elle. Contrairement aux contes racontés pendant l'enfance aux enfants elle était loin d'être repoussante et avait même un certain charme. Ses yeux comme ses cheveux étaient d'un noir profond.
- Qui est tu donc pour oser déranger ma retraite jeune impudent ? déclara la sorcière d'une voix calme laissant deviner une grande assurance.
- Peu importe qui je suis. Seul mes objectifs comptent, répondit Zemsta sur le même ton. Je vais faire récolter au gouvernement les fruits du chaos qu'il a lui-même semés. Et pour cela je compte bien que tu m'aides afin d'en avoir le pouvoir.
La sorcière ne pu s'empêcher de montrer sa surprise. Elle qui s'était recluse dans cette grotte pour fuir les humains et l'obligation de servir le pouvoir central se retrouvait face à une personne bien déterminé à tenter de détruire ce qu'elle avait fui. Mais malgré tout prendre le risque d'aider cet homme pouvait la mener à sa propre perte.
- Et qui te dit que je vais accepter d'aider un type qui a trouvé ma planque au hasard ? Tu n'es pas différent des autres hommes que je ne veux plus voir.
Sur ces paroles de la femme Zemsta dégaine sa lame et donna une occasion à l'esprit de relâcher son pouvoir. Le but n'était pas de tuer la magicienne même si de son côté elle pensa sa dernière heure arrivée. Au lieu de cela Zemsta invoqua d'abord le vent pour éteindre le feu et plonger la grotte dans le noir. Une fois cela fait il attendit quelques instants avant d'entourer son épée de flammes. La lumière obtenue n'était pas suffisante pour éclairer l'ensemble de la grotte mais grâce à elle le visage de Zemsta était illuminé de façon à rendre son regard bleu et la volonté implacable qu'il traduisait plus impressionnant que jamais. Afin de mettre un terme à sa démonstration Zemsta ralluma les flammes éteintes avec une boule de feu.
- Je n'ai pas trouvé cet endroit par la chance et je ne suis pas non plus quelqu'un d'ordinaire d'après mon ami enfermé dans cette épée. Faut-il que je fasse un autre spectacle pour te convaincre ?
- Je me doutais que la providence n'avait rien à voir avec ta visite mais je voulais en être certaine. A vrai dire j'attendais avec impatience la visite de quelqu'un dans ton genre qui aurait la volonté d'accomplir ce que moi-même je n'ai pas eu le courage de réaliser jusqu'au bout. Je vais donc t'aider à acquérir ce dont tu auras besoin.
A partir de là les deux conclurent une sorte de pacte tacite entre eux afin de répandre la mort au cœur du Royaume dans un futur proche. Lamilla puisque c'était son nom promit à Zemsta qu'elle pourrait lui procurer de quoi provoquer une important explosion qui pourrait détruire facilement un bâtiment et tuer ses occupants. La spécialité de cette sorcière n'était pas les attaques directes qui ressemblaient à ce que pouvait produire Zemsta ou la plupart des magiciens. Elle était un génie dans tout ce qui concernait la fabrication de potions ou d'objets de toute sorte. Cette magie bien spécifique se basait sur une préparation rigoureuse mais aussi sur l'utilisation des bons sentiments aux bons moments. En effet pour préparer une potion curative il fallait avoir envie d'aider les autres ou de soigner quelqu'un en particulier sans quoi cela ratait ou voyait son efficacité diminuer drastiquement.
Pour obtenir un artefact dont le but serait de tuer la haine et la rage seraient des ingrédients essentiels…
Lamilla devait avant de s'atteler à la conception de l'objet désiré partir à la recherche de plusieurs de ses composants. Elle chargea aussi Zemsta de faire quelques achats ce qui obligerait celui-ci à retourner en ville. Les deux complices se donnèrent alors rendez vous à la grotte pour quand ils auraient chacun accomplis leur part du travail.
Retourner en ville allait aussi permettre à Zemsta de s'occuper d'un problème auquel il n'avait pas pensé avant : le fait que l'informateur pourrait témoigner qu'il avait cherché à rencontrer un mage. Et le seul moyen de faire taire ces hommes qui vendaient leurs tuyaux aux plus offrants était de les éliminer physiquement. L'assassinat d'une personne contre laquelle il n'avait aucun grief n'enthousiasmait pas particulièrement Zemsta mais il s'agissait d'une action nécessaire à ce qu'il voyait comme une cause supérieure.
Après s'être vêtu d'une grande cape noire qui dissimulait ses autres habits et son visage Zemsta alla simplement rechercher l'informateur dans les ruelles de la ville au crépuscule. La saison et la météo n'incitaient guère aux promenades nocturnes ce qui faisait que ce soir là l'informateur se trouvait seul à l'extérieur alors qu'il rejoignait un lieu plus abrité. Zemsta s'approcha furtivement de lui et lui trancha simplement la gorge avant de jeter le cadavre sur le côté. Le meurtre n'avait duré que quelques instants et n'avait pas produit un seul bruit suffisamment fort pour attirer l'attention.
Zemsta nettoya rapidement la lame du couteau dont il s'était servi sur la chemise du moribond avant de disparaitre dans l'obscurité naissante. Avec un peu de chance le cadavre ne serait découvert que le lendemain, et l'enquête serait probablement un échec. La liste des personnes voulant tuer un informateur pouvait s'étendre à quasiment tous ses clients qui avaient tous quelque chose à cacher sinon ils seraient passés par des routes plus officielles pour obtenir des renseignements. De plus Zemsta avait veillé à qu'on ne puisse pas le reconnaitre même si on l'avait croisé ou vu par une fenêtre. L'arme du crime était aussi des plus ordinaires pour ne pas fournir d'indices probants sur le meurtrier.
Cette tâche accomplie signifiait que Zemsta pouvait désormais allez retrouver Lamilla vu qu'il s'était aussi procuré tout un tas d'ustensiles et de plantes au passage. D'ailleurs il se demandait bien à quoi pouvait servir des plantes puisqu'il s'agissait de fabriquer un objet et non pas une quelconque décoction. Mais après tout c'était la sorcière l'experte pas lui.
Trouver de nouveau l'emplacement de la grotte fut moins évidant que prévu mais Zemsta réussi tout de même sans se servir de l'esprit. Il s'était surtout soucié pendant le trajet de ne pas avoir été suivi. Lamilla n'était pas là quand il arriva mais cela ne perturba pas le jeune homme qui se décida donc à attendre son retour. La sorcière rentra quelques heures plus tard en transportant plusieurs choses dans son sac. Elle expliqua qu'elle était allée chercher quelques minéraux bien particuliers dans une grotte à quelques jours de là et que c'était donc un coup de chance que les deux soient revenus le même jour au point de rendez-vous.
Lamilla expliqua alors qu'il lui faudrait plusieurs jours de travail solitaire avant d'avoir besoin de son complice mais en attendant il pouvait rester dans la grotte et réfléchir à la future cible de sa vengeance. La magicienne se retira au plus profond de la cavité et demanda expressément à ne pas être dérangée tout le long du processus de fabrication.
Les jours suivants se suivirent et se ressemblèrent pour Zemsta qui attendait avec impatience la suite. Il entendait régulièrement du bruit provenir de là où était Lamilla. Le vacarme était similaire à celui qui pouvait provenir d'une forge ou d'une armurerie mais là il y avait aussi de la lumière bleue ou violette qui illuminait parfois la noirceur de la grotte.
Finalement au bout des quelques jours indiqués la sorcière réapparue devant Zemsta en tenant ce qu'elle avait fabriquée. Il s'agissait d'un pendentif en métal n'ayant pas de forme particulièrement représentative mais dégageant cependant une certaine harmonie. Il était aussi possible de voir que le pendentif laissait une place en son centre pour accueillir le plus probablement une pierre précieuse.
- Ceci n'est que la première étape, pour la suivante j'aurais besoin de toi alors repose toi bien je t'expliquerai tout demain, se contenta de dire Lamilla qui semblait elle-même épuisée.
Sur ce les deux allèrent dormir mais Zemsta ne trouva pas facilement le sommeil à cause de l'impatience qui le gagnait. Malgré la fatigue il était cependant prêt le matin venu à affronter la suite de la fabrication de l'artefact de puissance. Le support avait été crée mais il manquait encore le vecteur permettant de déclencher un cataclysme.
Habituellement le magicien lui-même s'occupait de cette partie et pouvait rendre le sortilège enfermé dans un support matériel utilisable par tous. Mais il existait une autre méthode qui rendait l'usage de la magie uniquement possible par une personne déterminée à l'avance. Et celle-ci devait participer à la création du sortilège. C'est cette deuxième méthode qu'avait choisi Lamilla car elle permettait en plus de combiner la force mentale du magicien et de l'utilisateur lors de la création pour obtenir un résultat bien plus redoutable.
Lamilla demanda à Zemsta de prendre une potion avant de la rejoindre. Elle expliqua alors ce qui allait se passer et ce qu'il fallait faire.
- Le plus dangereux reste encore à venir… Il va falloir créer la pierre qui contiendra réellement la force de créer l'explosion que tu souhaites. Pour cela il va falloir libérer ta haine et ton envie de tuer. Si tu n'es pas assez fort tu mourras très certainement. Je t'ai donné une préparation de ma connaissance qui t'aidera à résister aux forces que je vais invoquer mais je ne peux pas garantir ta survie, tout va dépendre de toi. Je te dirais quand tu devras agir si tu acceptes de courir le risque.
- J'accepte, lança Zemsta d'un ton glacial.
Lamilla hocha la tête et commença son incantation dans une langue inconnue de Zemsta. Des ténèbres surnaturelles commencèrent à entourer le pendentif et les deux humains assis de part et d'autre du petit objet. Des formes blanches sortaient parfois de l'ombre pour s'approcher des deux fous qui tentaient d'utiliser un sort ancien et terriblement dangereux.
La voie de la sorcière s'arrêta alors quelques secondes, elle semblait comme en trance, et lors d'un éclair de lucidité elle fixa l'homme en face d'elle et prononça juste un seul mot :
- Maintenant !
Zemsta sentait une des créatures blanchâtre au dessus de lui devenir de plus en plus inquiétante et en attente de quelque chose. L'humain compris alors avec le signal de la sorcière que la forme inconnue s'impatientait de recevoir les sentiments nécessaire pour accomplir sa tâche de création. Pour relâcher sa colère Zemsta repensa à toutes les désillusions passées mais surtout il se remémora les horreurs qu'il avait vues à l'armée ou plus récemment à Oveska.
Cependant malgré l'évocation de ces douloureux souvenirs la rage de Zemsta rencontrait comme une résistance et ce dernier se sentait de plus en plus oppressé comme s'il allait bientôt manquer d'air pour respirer. Il ne voyait plus nous plus ce qui l'entourait en dehors des créatures laiteuses qui l'encerclaient. Sentant que l'échec n'était pas loin si cela continuait sur cette pente Zemsta devint alors encore plus en colère que jamais, échouer maintenant aurait été trop stupide. Il lâcha alors un cri de rage avant d'être frappé par une douleur intense qui le fit s'évanouir.
Quand il se réveilla Zemsta se sentit faible comme jamais mais il était en vie et c'était déjà une bonne nouvelle en soi. Lamilla était présente et elle lui fit un sourire rassurant. Après avoir mangé car il était affamé Zemsta appris qu'il était resté évanoui pendant une semaine entière après avoir frôlé la mort. La sorcière n'avait rien pu faire d'autre que de lui donner de l'eau pendant qu'il luttait pour sa survie. Bien qu'il n'avait aucun souvenir de la semaine passé et qu'il avait l'impression de n'avoir été assommé que quelques heures Zemsta se fia à ce récit.
Son premier sujet d'inquiétude autre que lui-même était la réussite ou non de l'opération tentée. Juste quand il posa la question Lamilla sortit de sa poche le pendentif que Zemsta avait déjà vu. Sauf que maintenant à l'emplacement destiné à cela se trouvait une pierre d'un bleu profond. L'arme de la vengeance était donc fin prête !
Zemsta remercia la sorcière de son aide précieuse et après quelques jours de repos il partit vers sa destination finale, la cible qu'il avait choisie pour mettre son plan à exécution.


Chapitre 9 ~ …Récolter le chaos


La capitale du Royaume aurait pu être l'endroit idéal à attaquer mais Lamilla l'avait fortement déconseillé. Les lieux où se trouvaient le gouvernement étaient sévèrement gardés, et pas uniquement par des soldats. Des protections magiques existaient aussi et elles pouvaient détecter voir bloquer toute attaque surnaturelle contre la ville mère du Royaume. Lamilla n'avait pas fabriqué d'arme comme le pendentif depuis trop longtemps et elle ne pouvait pas être sûre qu'il pourrait fonctionner efficacement dans une place aussi bien gardée.
Il avait donc fallu sélectionner une cible dépourvue de telles protections ce qui était le cas de la plupart des villes de province du centre, les zones frontalières pouvait par contre aussi être sujettes à des mesures de sécurité de ce type. Une cité intéressa particulièrement Zemsta car elle était le siège d'une certaine unité qui avait eu un rôle déterminant lors des événements d'Oveska : la fameuse division spéciale. Leur quartier général se situait en plein milieu de l'agglomération de Larenz ce qui rendait le bâtiment plutôt facile à approcher et Zemsta avait juste à se trouver près de lui pour utiliser son arme.
L'hiver battait alors son plein et Larenz n'était pas la porte à côté et voyager seul au milieu des tempêtes de neige n'était pas une bonne idée alors Zemsta décida d'attendre le printemps avant de passer à l'action. Le pendentif n'avait pas de date limite au-delà de laquelle il ne serait plus efficace ou moins destructeur donc de ce point de vue là attendre n'était pas un souci. La principale mise à l'épreuve serait pour les nerfs de Zemsta qui s'impatienterait au fil des jours. Mais cette attente était une mesure de prudence élémentaire et l'attaque aurait sans doute plus d'impact à la reprise des échanges commerciaux dans les parties du Royaume touchées par la rudesse de l'hiver. En effet la rumeur parcourait bien plus vite le pays lorsqu'il y avait du monde sur les routes, tout le Royaume aurait alors vite vent des actes de Zemsta.
Après plusieurs mois d'hiver éprouvant la nature commença à se réveiller au plus grand plaisir de Zemsta qui allait pouvoir reprendre la route vers Larenz et vers sa destinée.
Le trajet permit à Zemsta de réfléchir une dernière fois à ce qu'il désirait faire et s'il était prêt à agir. Il avait conscience qu'il allait prendre de nombreuses vies et qu'il y aurait des innocents parmi les victimes. Des sacrifices tragiques mais utiles à ses yeux devenus de plus en plus insensible au sort individuel de ses congénères qui se refusait à faire ce qu'il fallait pour se défendre contre un pouvoir tyrannique.
Plus aucune hésitation n'habitait Zemsta quand il arriva à quelques jours de cheval de sa cible. Dès à présent il devint encore plus vigilant et méfiant, ce n'était pas le moment de se faire remarquer pour une raison quelconque. La discrétion était une vertu essentielle au moment de réaliser l'acte le plus important de sa vie.
La veille de l'attaque Zemsta dormit dans les bois qui surplombaient de loin sa cible. A l'aube il se prépara minutieusement pour être sûr de ne rien oublier. La détermination et la rage se côtoyaient dans son regard tourné vers les prochaines heures qui allaient changer l'avenir du Royaume.
Bien que l'aube avançait inexorablement vers le jour il n'y avait pas encore grand monde sur la route de Larenz ce qui faisait parfaitement l'affaire de Zemsta qui préférait la solitude aux foules compactes. Il n'avait pas mis les pieds dans cette ville depuis une longue période mais il se souvenait approximativement de l'emplacement du bâtiment qu'il cherchait afin de le réduire en cendre.
Devant le quartier général de la division spéciale Zemsta s'arrêta en ayant parfaitement conscience que l'heure de vérité était arrivée pour lui. Ce n'était pourtant pas le moment de réfléchir, il fallait maintenant agir rapidement. Zemsta se remémora rapidement ce que la sorcière lui avait expliqué sur l'utilisation de l'artefact qu'il portait à ce moment là autour du coup.
Sûr de lui comme jamais Zemsta saisit de la main gauche le pendentif et le serra dans sa paume. Il vida alors son esprit de toute pensée parasite et se concentra sur sa volonté d'utiliser l'objet. Le jour était levé mais en cet instant les habitants de Larenz pensèrent que la nuit était de retour, les environs s'étaient subitement assombris autour de Zemsta jusqu'à toucher l'ensemble de la ville.
Zemsta leva alors le bras et commença à invoquer la force contenue dans la pierre bleue du pendentif.
<< Que la rage qui dévaste mon âme,
Se transforme en puissantes flammes
Que la force de ma rancœur,
Devienne un souffle vengeur ! >>

La pierre passa alors du bleu au rouge et éclaira alors la scène d'une lueur spectrale. Zemsta de sa main libre saisit son épée et la dégaina pour rajouter la force de l'esprit enchainé à la sienne. Puis il prononça le mot final de l'invocation qui allait libérer l'enfer.
<< Onward ! >>
Un rugissement qui aurait tout aussi bien pu émaner des tréfonds du chaos résonna dans la ville entière et bien au-delà. La lumière de la pierre devint alors aveuglante et tout ne fut plus que ruine autour de la silhouette qui se dressait au milieu du cataclysme. Les cris se mélangèrent au fracas des murs déchiquetés pendant qu'une onde de choc faisait trembler le sol. Les fenêtres volèrent en éclat, les passants se retrouvèrent projetés des mètres plus loin et de la poussière s'élevait de toute part.
En un instant l'obscurité disparut et le jour repris sa place laissant aux vivants les moyens de voir l'ampleur du désastre. Le quartier général de la division spéciale avait été entièrement soufflé et était réduit à un état encore plus inférieur que celui de ruine. Les bâtiments alentours ne ressemblaient plus à grand-chose non plus. L'ensemble de la ville avait été touché mais l'épicentre de l'explosion donnait lieu à un autre spectacle que celui des dégâts matériels spectaculaires. Des cadavres déchiquetés jonchaient aussi les rues et les restes des constructions. Dans certains cas il n'était possible que de reconnaitre qu'un bout de corps incomplet sans que le reste apparaisse de façon évidente. Du sang dont l'odeur émergeait lentement recouvrait aussi les lieux. La scène dans son ensemble était insoutenable même pour des personnes ayant déjà eu l'occasion de voir la mort en face.
La confusion régna en très peu de temps parmi les survivants qui couraient de façon désordonnés ou erraient dans un état d'hébétude avancée. Grâce à cela Zemsta arriva à s'échapper de la ville et à récupérer sa monture qu'il avait laissée à l'extérieur. La magie utilisée impliquait aussi la protection du lanceur donc Zemsta n'avait aucune blessures et n'avait même pas été sali par les éclaboussures de sang de ceux qui étaient morts à proximité de lui. Le nouvel ennemi numéro un du Royaume n'avait pas d'idées précises sur ce qu'il allait désormais faire. Il avait projeté d'allez à la capitale pour voir de près la réaction gouvernementale et éventuellement revendiquer son action. Mais pour le moment il se contenta de fuir la cité qu'il avait ravagée en solitaire.


Chapitre 10 ~ Dernier combat


Lorsqu'un phénomène dangereux lié à la magie apparaissait le gouvernement envoyait sur place des agents capable de résoudre ce genre de mystères grâce à des compétences élevées en la matière. Le premier homme qui arriva sur les lieux capable de comprendre ce qui était arrivé à Larenz était l'enquêteur spécial Van'Zan et son équipe. Alors que les autorités tentaient de présenter l'attaque comme venant d'une puissance étrangère, Van'Zan au contraire pensait qu'un citoyen du Royaume pouvait très bien être le responsable.
Cette intuition ne se basait pas uniquement sur l'instinct mais aussi sur quelques éléments précis. Des forces étrangères auraient sans doute attaqué une ville plus importante ou significative, la réputation de Larenz était inexistante une fois les frontières franchies. De plus la cible était clairement la division spéciale qui s'était illustré lors du douloureux siège d'Oveska. Même si le gouvernement avait tenté de minimiser les faits la vérité avait pu faire son chemin et donner des envies de meurtre.
Ce n'est qu'après plusieurs jours de recherches que les enquêteurs découvrirent un indice. Zemsta avait vers la fin de l'attaque lâché inconsciemment le pendentif qui lui brûlait légèrement la main car il avait en partie fondu. La magie dont bénéficiait Zemsta l'avait protégé de graves brûlures mais le fait est que les enquêteurs venaient de retrouver les restes de l'artefact. La présence d'un pendentif calciné sur la scène de crime éveilla immédiatement l'attention de Van'Zan, il se doutait déjà que c'était ce type de chose qui avait été utilisé pour tuer autant de monde ou provoquer une telle destruction.
Maintenant qu'il avait trouvé la source de l'explosion Van'Zan alla prévenir un de ses homme qui était spécialisé dans l'art délicat de la traque. Avec ses capacités particulières il pouvait en savoir plus sur qui avait utilisé la magie et où se trouvait cet individu. Cette forme spécifique de pouvoir était bien utile pour retrouver les pratiquants de la magie qui utilisaient leurs forces dans des entreprises criminelles. Le principal défaut était la lenteur de la mise en place du repérage du responsable. La distance pouvait aussi être un souci si l'utilisateur recherché s'était trop éloigné de celui qui le cherchait.
Devant l'horreur de la situation et le nombre de victimes le traqueur réussi à mobiliser ses habiletés plus rapidement qu'en temps normal et au bout de quelques jours il était certain d'avoir repéré le coupable qui selon lui se dirigeait vers la capitale du Royaume à une vitesse qui permettrait de le rattraper avant qu'il n'arrive à destination. Van'Zan en commandant expérimenté choisi alors de s'entourer de ses plus fidèles suiveurs afin de partir sur le champ à la poursuite du tueur le plus recherché du pays avant qu'il ne commette d'autres méfaits.
De son côté Zemsta ignorait s'il était poursuivi ou non. Avant son départ de la grotte la sorcière lui avait dit qu'il serait possible de l'identifier comme responsable de l'attaque mais que ce n'était pas une certitude. Dan tout les cas il aurait quelques jours d'avance avant d'être reconnu. Le fuyard se comportait donc le plus normalement possible pour ne pas apparaitre comme suspect de quelque chose s'il croisait des agents du Royaume.
Des jours plus tard alors qu'il traversait une zone désertique qui menait à proximité de la capitale Zemsta eu un sombre pressentiment quand il aperçut au loin une colonne de cavaliers qui fondait sur lui. Lorsqu'il repéra que les uniformes portés par ces hommes étaient ceux des enquêteurs du Royaume il se douta de la raison de leur présence.
Zemsta avait songé à la possibilité d'être arrêté et cela ne lui disait rien, la justice du Royaume n'était pas connues pour sa clémence ni pour le soin qu'elle apportait à ses prisons. Par conséquent l'ancien soldat avait décidé de faire ce qu'il savait le mieux accomplir, c'est-à-dire se lancer dans un combat à mort.
Sans faire de sommation Zemsta passa à l'offensive en envoyant plusieurs flèches sur le groupe de cavaliers quand ils furent à sa portée. Etant lui-même à cheval la précision des tirs de Zemsta était moins bonne qu'a l'accoutumé mais suffisante pour tuer ou blesser plusieurs de ses attaquants. Les agents du Royaume d'abord surpris par le fait qu'un homme seul puisse se dresser ainsi devant eux reprirent leurs réflexes de professionnels et se protégèrent avec leurs boucliers. Voyant cela Zemsta décida de passer à une stratégie des plus insensée. Il sortit son épée de son fourreau et chargea le groupe de cavaliers qui ne s'y attendaient pas, ils pensaient que le combattant solitaire allait plutôt favoriser les attaques à distance. Mais ils ignoraient une chose essentielle, le fait que l'épée de Zemsta lui conférait des pouvoirs qui lui permettait de dépasser le statut de petit guerrier esseulé.
Pour mieux surprendre ses adversaires Zemsta lança d'abord la plus large lame de vent possible qui alla découper les premiers rangs des hommes de Van'Zan. Celui-ci ne savait pas que le fugitif possèdait une arme magique, le traqueur lui avait certifié que le responsable du massacre de Larenz n'était pas doté de pouvoirs magiques. Avec ces informations entre les mains Van'Zan avait emmené avec lui des guerriers et non pas des magiciens qui auraient étés plus à même de se défendre. Le chef enquêteur hurla alors à ses hommes de reculer pour ne pas mourir bêtement. Mais tous n'obéirent pas et une dizaine s'élança tout de même vers Zemsta avec sans doute en tête l'idée de venger ses victimes passées et actuelles.
Van'Zan assista alors à la débâcle de ses cavaliers qui n'eurent jamais une seule chance de triompher. L'expérience accumulé au fil du temps par Zemsta lui avait donné une maîtrise parfaite de son arme ce qui incluait le fait d'utiliser la force de l'esprit de la façon la plus parcimonieuse et efficace. Une dizaine d'hommes aveuglés par la colère n'étaient pas assez nombreux pour le battre désormais. Cependant rien n'était jamais facile et il était tout de même éprouvant de réaliser ce genre d'exploit.
Une fois ce groupe exterminé Zemsta regarda où était les autres et il remarqua que celui qui était le chef s'était approché en laissant ses hommes en sûreté à l'arrière. Van'Zan portait une armure uniformément noire qui le rendait impressionnant en plus de sa haute stature. L'épée qu'il dégaina lentement était aussi du même noir que celui de sa cuirasse. A la vision de la lame longue et dentelé de Van'Zan, Zemsta devina qu'il n'avait pas ici affaire à un combattant ordinaire.
L'enquêteur continua d'approcher de son ennemi et arrivé à portée de voix il s'adressa à lui :
- J'ai une proposition à te faire. Battons nous tout les deux à pied sans nos montures pour voir qui est le plus fort. Si tu gagnes ma troupe ne t'empêchera pas de partir.
La dernière partie était volontairement alléchante pour forcer Zemsta à accepter le défi et à laisser son cheval. Bien entendu il accepta la proposition et ce sans dire un mot. Il attendit que Van'Zan s'approche lui aussi sans cheval avant de se mettre en garde.
Sans aucun signe tacite les deux combattants se jetèrent l'un sur l'autre. Zemsta savait que les attaques à distance seraient inefficaces sur un adversaire qui avait déjà vu comment elles fonctionnaient. Il comptait alors briser la lame de son adversaire en renforçant la sienne avec le pouvoir tranchant du vent. Mais au moment du choc Van'Zan encaissa sans aucun soucis l'attaque de Zemsta et son épée n'avait absolument pas souffert. Physiquement plus puissant que Zemsta l'enquêteur n'eu aucun mal à prendre l'avantage lors des coups qui suivirent. Après un contact particulièrement violent les adversaires se retrouvèrent un peu écarté l'un de l'autre et Van'Zan en profita pour parler :
- Alors ça fait quoi de tomber sur quelqu'un qui n'est pas sensible à tes tours de passe-passe ? Ca surprend hein ? On se sent faible maintenant ?
Le ton était volontairement provoquant, par le passé Van'Zan avait ainsi poussé de nombreux adversaires à la faute. Mais Zemsta n'était pas du genre à s'énerver pour si peu. Au lieu de répondre il imagina une stratégie autre que de recourir à la magie de l'esprit qui avait l'air d'être bloqué par l'épée de son adversaire. En réalité l'armure et l'arme de Van'Zan avaient été fabriquées dans un métal rare à l'époque où les utilisateurs d'armes hantées étaient encore courants. La propriété de ce métal faisait que les attaques spirituelles étaient inefficaces.
Zemsta avait donc eu la malchance de tomber sur le pire adversaire possible pour lui. Cependant même si ses chances de vaincre étaient plus que limités en tenant compte de ces éléments il n'était pas prêt à abandonner pour autant.
Il commença sa contre-attaque en forçant Van'Zan à reculer vers l'unique arbre rachitique qui se trouvait à proximité et une fois que l'enquêteur se retrouva sous les branches Zemsta lança une lame de vent au dessus de lui pour trancher ses branches et les faire tomber sur son adversaire. L'effet de surprise fonctionna et Zemsta profita de l'instant de déconcentration qui suivit pour tenter de tuer. Mais Van'Zan para par miracle l'attaque parfaitement exécutée de Zemsta avant qu'elle ne fasse trop de dégâts. L'agent du Royaume avait tous de même été blessé dans l'échange et du sang coulait de son bras gauche. Cela ne l'empêcha pas de reprendre l'avantage et de forcer le combat à s'éloigner de l'arbre.
Une autre idée de Zemsta fut d'utiliser les shurikens qu'il portait sur lui. L'idée générale était de bloquer avec un seul bras l'épée de Van'Zan en lançant au même moment un projectile avec l'autre main disponible. Mais l'enquêteur ne fut pas dupe et il reçut au mieux des écorchures.
Zemsta ne s'était pas réellement entrainé au combat depuis longtemps contrairement à son opposant et il se retrouva facilement épuisé par la dureté des frappes de Van'Zan. La fin était proche pour le tueur et il le sentait. Il puisa alors dans la force de l'esprit pour se donner du courage et se lança dans une attaque désespéré, celle de la dernière chance.
De nouveau les lames des deux duellistes s'entrecroisèrent en provoquant une légère pluie d'étincelles. Zemsta tenait son épée à deux mains comme Van'Zan et essayait de le faire plier de toute ses forces. Mais les forces de Zemsta déclinaient et le sentant parfaitement Van'Zan décida de conclure le combat. Il lâcha alors une main de la garde de son épée, sortit un couteau de sa ceinture et l'enfonça dans le ventre de Zemsta qui s'était avancé lorsque Van'Zan avait lâché une main de sa lame.
Zemsta poussa un grognement de douleur avant de s'effondrer sur le sol en lâchant au passage son arme. La blessure lui faisait un mal de chien mais ne serait pas forcément mortelle si elle était soignée suffisamment tôt. Van'Zan observa son adversaire vaincu et en arriva à la conclusion qu'il était possible de le sauver pour le remettre vivant aux mains du gouvernement qui s'en réjouirait.
Parmi la troupe de l'enquêteur se trouvait naturellement un médecin qui avait plutôt pour habitude de soigner ses camarades mais aussi plus rarement les personnes qui se ne rendaient pas et réussissaient à survivre contre Van'Zan. Dans cette unité spécialisée sur ce qui concernait la magie le guérisseur en question disposait d'une puissante magie de guérison. Van'Zan lui demanda de se concentrer sur le tueur blessé, de toute façon les autres victimes de l'échauffourée étaient mortes sauf l'enquêteur qui n'avait que des blessures superficielles.
Le médecin parvint à améliorer sensiblement l'état de Zemsta grâce à ses pouvoirs. La plaie s'était refermée et avait commencé à cicatriser, la magie avait permis d'accélérer le processus de guérison. Pour compléter cette thérapie cependant douloureuse pour le sujet, le guérisseur administra de force un remède à Zemsta pour l'aider à guérir. La mixture avait un goût infect et avait comme effet secondaire de plonger celui qui la prenait dans une torpeur glaciale. Dans un tel état le captif ne pouvait pas espérer faire plus de quelques pas sans que la tête lui tourne affreusement. La fuite devenait ainsi impossible ce qui arrangeait les affaires de Van'Zan.
Maintenant il s'agissait de ramener Zemsta à la capitale pour que le gouvernement décide de son sort directement, l'importance et la gravité de ce qu'il avait fait justifiait que les plus hautes autorités s'occupent de le juger en lieu et place de la justice ordinaire. La blessure en parti guérie de Zemsta l'handicapait mais pas au point d'empêcher qu'il puisse être transporté à dos de cheval tant que celui-ci ne galopait pas. Un homme restait constamment à côté de lui pour empêcher qu'il tombe et pour guider sa monture. Malgré les décoctions que lui donnait le médecin Zemsta souffrit énormément du voyage et voir qu'on approchait de la capitale le soulagea.


Chapitre 11 ~ Requiem pour un tueur


Lorsque le groupe arriva en ville Van'Zan amena son prisonnier dans un bâtiment proche du palais en attendant que le prince George qui avait été nommé ministre de la justice quelques mois auparavant s'occupe de son cas. Zemsta passa donc les jours suivants au fond d'une cellule dépourvue de tout ornement autre que la paillasse sur laquelle il resta allongé à cause de l'effet des potions qu'on continuait à lui donner en plus d'un peu de nourriture. Au bout d'un moment il ressentit beaucoup moins sa blessure et on lui refila moins de drogues. Il apprit alors que son jugement était pour bientôt.
Le jour de l'audience devant le prince arriva et ce matin là Zemsta ne prit aucune potion, ce qui lui permettrait d'avoir au moins les idées claires pour la suite de la journée. En arrivant dans la salle où siégeait George, Zemsta aperçut Van'Zan dans la salle. Le prince commença d'ailleurs par l'appeler à témoigner et à expliquer en quoi l'accusé était bien coupable. L'enquêteur raconta sobrement les faits sans en rajouter.
George se tourna alors vers Zemsta et lui jeta un regard méprisant.
- Tu as quelque chose à dire pour ta défense ?
- Bien sûr, dit Zemsta d'un air de défi. Je ne vais pas nier être responsable de ce qui s'est passé mais j'aimerais vous dire à vous les seigneurs et autres possesseurs de titres ronflants que vos crimes ne resteront pas toujours impunis et qu'il y aura toujours quelqu'un pour se dresser devant vous alors que vous trahissez si ouvertement les valeurs des Héros Fondateurs de notre nation.
La déclaration et les aveux de Zemsta reçurent un accueil glacial dans la salle toute acquise à la cause du gouvernement. Le prince George ne put s'empêcher de répondre et de tenter d'humilier celui qui avait porté une grande claque à son autorité.
- Il me semble pourtant que le criminel qui a massacré sans vergogne ici c'est toi…
Zemsta ne se laissa pas démonter, il s'attendait à ce genre d'arguments et tout en gardant son calme il foudroya le prince du regard avant de répondre.
- J'étais dans les terres sauvages lors de la guerre. J'ai aussi assisté aux incidents d'Oveska. Je sais très bien le peu d'importance que vous accordez à la vie d'autrui quand on ose vous résister. Ce que j'ai fait n'est pas pire que vos propres actes alors ne jouez pas les hypocrites. Je suis parti en guerre contre vous et j'ai décidé de détruire un quartier général, un lieu d'où les décisions sont prises. N'importe quel stratège de l'armée vous dira que ce genre d'opération fait partie plus efficaces. Et dans n'importe quel combat il arrive que des civils, même des enfants meurent, c'est aussi le cas lorsque vous ordonnez à l'armée de ce pays de partir en campagne. Mais là ou vous allez faire se battre et faire tuer des milliers d'hommes et de femmes pour votre intérêt financier ou pour asseoir votre tyrannie, moi j'agis au nom de valeurs bien supérieures à ma propre vie comme la liberté.
Une telle réponse n'était pas vraiment attendue et le prince décida de faire tourner court le débat qui se profilait.
- Et bien puisque l'accusé lui-même reconnait les faits il va être facile de rendre un verdict. Je le condamne donc à la peine de mort pour l'ensemble de ses crimes. La sanction sera exécutée avant l'été pour le bien du Royaume. Je tiens aussi à remercier l'enquêteur Van'Zan pour ses loyaux services et je sais qu'il fera un meilleure usage de l'arme du condamné que lui.
La salle approuva bruyamment le verdict et avant que Zemsta ne soit emmené à l'extérieur par des gardes le prince George s'approcha et profita du bruit pour lui glisser quelques mots.
- Nous savons que tu n'as pas fabriqué toi-même l'objet que tu a utilisé et nous espérons bien que tu nous révèles qui l'a fait de gré ou de force.
Le prince fit alors un signe aux gardes qui saluèrent alors leur chef suprême. Au lieu de ramener Zemsta dans sa précédente cellule ils l'emmenèrent dans les sous sol du palais royal. La bas ils confièrent le prisonnier à un homme à l'allure inquiétante qui le regarda un sourire sadique sur les lèvres. Zemsta s'était douté aux dernières paroles du prince que l'exécution ne serait pas sa seule punition. Mais entre l'imaginer et se retrouver en face de celui allait vous torturer il y avait une différence et Zemsta ne put se retenir de ressentir de la peur à cette vision. Pour lui les semaines le séparant de sa mort prochaine allaient être un véritable calvaire.
Rien n'avait jamais préparé l'ancien mercenaire à subir une telle douleur. Son tortionnaire attitré montrait une imagination réelle pour trouver de nouvelles façons de faire souffrir sa victime sans la tuer. Après une séance de torture Zemsta arrivait à peine à se souvenir de son propre nom par moment tellement la douleur était violente. Malgré tout il garda tout du long une idée en tête : ne pas faire le plaisir au prince de lui donner le nom de Lamilla. Un autre objectif tenait à cœur au supplicié et consistait à ne surtout pas demander grâce à son bourreau. Zemsta ne voulait pas s'infliger ces paroles aussi humiliantes qu'inutiles, jamais un professionnel de la torture ne se serait arrêté sur demande.
Finalement l'été se rapprocha ainsi que le délai fixé pour l'exécution de Zemsta. Malgré la souffrance et le désespoir de sa situation il n'avait pas craqué et le prince dut se résigner à le faire mettre à mort sans qu'il n'ait révélé le nom de sa complice. Afin qu'il n'apparaisse pas trop marqué par les épreuves supportées dans les sous sol du palais des médecins soignèrent superficiellement les plaies de Zemsta. Celui-ci put aussi se reposer dans une nouvelle cellule dont un orifice donnait sur l'extérieur.
Zemsta n'attendait pas sa mort avec frayeur mais la percevait plutôt comme une délivrance. Sa vie n'avait été qu'une succession de désillusions et la haine était devenue sa seule raison de vivre. Il avait à présent hâte d'en finir avec une existence dans un monde où il ne se sentait plus vraiment à sa place et ce de longue date. La seule chose qui faisait finalement la fierté de Zemsta lors de ses dernières heures était le carnage qu'il avait perpétré. Avoir réussi avec la seule force de sa volonté à provoquer une réaction nationale était quelque chose de grisant même si la plupart des habitants du Royaume jugeaient l'attaque monstrueuse et inhumaine.
La veille de son exécution Zemsta entendit quelque chose d'étrange par le minuscule trou qui servait de fenêtre à sa cellule. Un homme qui devait se trouver dans la rue s'était mis à chanter. Même s'il ne comprenait pas les paroles Zemsta se sentit apaisé par ce chant calme et rassurant. Il se demandait aussi quel genre de personne pouvait avoir eu ce genre d'attention pour lui. Sans doute quelqu'un qui avait compris les actes de Zemsta à leur juste valeur.
Grâce à cette intervention musicale providentielle Zemsta arriva à trouver le sommeil pour sa dernière nuit sur terre. Et l'aube arriva malgré tout pour être l'une des spectatrices de la mort du pire criminel du Royaume. Des gardes arrivèrent et donnèrent des vêtements propres au condamné. L'ensemble était d'un blanc éclatant, symbole ironique de la justice dans cette circonstance.
La population attendait avec impatience ce jour et la foule se massait devant la plate forme en bois ou prendrait place l'exécution. A une dizaine de jours de l'été la température était clémente et le ciel sans un seul nuage se parait d'un bleu éclatant. Quand Zemsta, escorté par plusieurs gardes monta sur la plate forme il sentit immédiatement l'hostilité de la foule qui voulait le voir rendre son dernier souffle.
Les gardes obligèrent Zemsta à s'agenouiller vers l'avant de la plate forme pour qu'il soit bien visible par la foule. Un membre du ministère de la justice se chargea de présider à la "cérémonie" et il lut à la foule l'acte d'exécution aux spectateurs.
- Par décision de son altesse le prince George, ministre de la justice, il sera procédé ce jour à l'exécution du condamnée Zemsta qui s'est rendu coupable de destruction de biens appartenant au gouvernement, du meurtre de citoyens de Royaume et du meurtre d'agents de la force public. Pour rendre la sentence un officier du ministère de la justice sera chargé de décapiter le condamné. Avant cela le condamné pourra faire une dernière déclaration s'il le souhaite.
Zemsta ne le se fit pas dire deux fois et avait eu le temps de préparer son discours d'adieu.
- Je sais que vous me haïssez parce que j'ai tué de nombreuses personnes mais je souhaiterais que vous compreniez quelque chose. Je n'ai pas fait ça par plaisir mais pour envoyer un message aux dirigeants de notre pays. Ils sont devenus de plus en plus incontrôlables ces dernières années et sont à bien des reprises allez trop loin dans leur volonté de domination du peuple. Contre de tels individus le dialogue ne peux pas fonctionner, ils se feraient alors un malin plaisir de vous écraser. Dans ces cas là l'armée m'a appris une chose, seule la violence peut parfois permettre d'arriver à ses fins. C'est la solution que j'ai choisi comme bien d'autres avant moi qui se sont aussi levés pour résister à l'oppression d'un pouvoir corrompu. Vous qui vous plaignez sans arrêt que la vie est dure sachez que j'étais comme vous avant mais j'ai décidé qu'il était temps de passer au stade supérieur et d'agir pour défendre mes idées. Vous pouvez tous faire ce choix et décider de lutter au lieu de vous résigner à ce que rien ne change. Aujourd'hui je ne crains pas la mort car je n'ai aucun remords concernant mes actes. Je suis apaisé de savoir que j'ai tenté de travailler pour le bien commun…
Ces paroles furent les dernières que prononça Zemsta. L'homme du ministère de la justice se tourna alors vers le bourreau masqué qui attendait en retrait.
- Bourreau fait ton office, et que justice soit faite.
L'homme masqué sortit alors un sabre de son fourreau et avança vers le condamné. Il approcha le tranchant de la lame du cou de ce dernier pour prendre des repères avant de lever puis rabattre violemment la lame. Il trancha net la tête de Zemsta qui alla rouler un peu plus loin pendant que le reste du corps s'affaissait.
L'exécution était terminée et Zemsta n'était plus de ce monde.


Epilogue ~ Le crépuscule de la paix ou la naissance des OVS


Parmi la foule tous les passants n'étaient pas hostiles à la cause de Zemsta et au milieu se trouvait l'homme qui était allé chanter sous l'ouverture de la cellule de Zemsta. Très peu d'éléments de sa vie était connus mais il avait un talent certain pour mener des hommes et avait dû diriger une troupe de mercenaires par le passé. Lui aussi avait connu la tourmente de la guerre et il comprenait en partie ce qu'avait pu ressentir Zemsta en plus de partager ses idées.
Le but de cet homme était de trouver un moyen de commémorer la mémoire de Zemsta qu'il considérait comme un héros. Son idée était de créer une organisation secrète qui lutterait contre les dérives des dirigeants. Mais pour cela il se devait de trouver de quoi fédérer tous ceux qui pourraient être intéressé par un tel projet.
L'admirateur de Zemsta avait remarqué que l'enquêteur du Royaume avait récupéré son épée. Cette arme pouvait tout à fait servir de base à la future organisation guerrière. Voler l'arme à Van'Zan ne serait pas facile mais l'homme était déterminé à réussir. Il s'introduisit alors de nuit dans la demeure de ce dernier pour voler l'épée. Il ne rencontra aucun obstacle et pu s'en emparer très facilement et partir sans se faire arrêter.
En fait Van'Zan avait parfaitement repéré le voleur qui était chez lui mais quand il devina ce qu'il était venu chercher il le laissa faire. L'enquêteur avait été troublé par la personnalité de Zemsta, il pensait que le responsable d'une action aussi ignoble ne pouvait être qu'un barbare juste animé par le goût du sang. Mais les déclarations de Zemsta devant le prince et juste avant sa mort avait fait changer d'avis Van'Zan. Même s'il ne partageait pas les idées du tueur il dut reconnaitre qu'il n'était pas un imbécile et qu'il y avait un certain courage chez lui.
Du mépris habituel qu'il avait pour les criminels Van'Zan était passé à une forme de respect pour Zemsta qu'il avait affronté à la loyale en combat singulier sans qu'il ne cherche à s'enfuir ou à esquiver le combat. L'enquêteur était au final plus gêné qu'autre chose de conserver l'arme de Zemsta et le vol était plus un soulagement qu'un déchirement pour lui.
Le voleur après avoir commis son larcin alla rejoindre quelque un de ses amis dont il était sûr qu'il le suivrait même en enfer s'il le fallait. Ensembles ils mirent en place les fondations de ce qui allait bientôt être connu dans tout le Royaume comme la pire structure de rebelles s'opposants au gouvernement.
Le nom de cette organisation : Onward Valiant Soldier


Un véritable héros ne meurt jamais tant qu'une personne conserve en son cœur la légende de ses exploits…
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MessageSujet: Re: Une histoire venue d'ailleurs Une histoire venue d'ailleurs Icon_minitimeJeu 18 Aoû - 11:25

Sans avoir lu je me dis que c'est du Makubei doinc ce sera forcement bien mais p***** tu m'est combien de semaines a lire sa ? O_O .... Peut-être que si t’enlève 11 chapitre je pourrais le lire jusque la fin ( et le commençais parce que là ... u_u )
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MessageSujet: Re: Une histoire venue d'ailleurs Une histoire venue d'ailleurs Icon_minitimeVen 19 Aoû - 13:13

MDRouais c'est assez long je lirais plus tard mais je doute pas de la qualité
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MessageSujet: Re: Une histoire venue d'ailleurs Une histoire venue d'ailleurs Icon_minitime

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